Robes flamboyantes, danses envoûtantes, corps charnus et sexualité débridée : autant d’atouts qui émoustilleraient un homme… et c’est pourtant nos compagnes plongeuses qui sont généralement sous le charme !
Vêtues de leur tenue de soirée, les limaces de mer, ces petites bêtes rampantes arborent pour un grand nombre des couleurs d’arlequin. D’ailleurs, même nos eaux méditerranéennes et atlantiques sont peuplées d’espèces magnifiques qui n’ont rien à envier à leurs cousines tropicales. Proches parentes des escargots, ces mollusques gastéropodes opistobranches (aux branchies en arrière du corps) se divisent principalement en deux groupes, au milieu d’une classification qui a souvent été modifiée :
≈ On trouve tout d’abord un “super ordre” des Tectibranches : leur coquille interne plus ou moins visible est recouverte par des parapodies (extensions du pied). On les divise en plusieurs ordres, dont les principaux sont les Anaspidea (Aplysies ou lièvres de mer…) et les Sacoglosses (Elysies, Thuridilles…).
≈ Le deuxième groupe, bien plus connu est l’ordre des Nudibranches (aux branchies nues). Ils sont dépourvus de coquille et possèdent des branchies externes, excepté le sous-ordre des Eolidiens qui respirent de façon cutanée et possèdent des papilles appelées cérates qui augmentent la surface d’échange.
La quasi-totalité des individus se rencontrent entre la surface et 60m de profondeur, dans tous les milieux de vie: herbiers, algues, sable, roche, coralligène, coraux…
Les espèces des petits fonds sont peu colorées, ce qui leur permet de rester discrètes plus facilement. Les petites élysies stockent les chloroplastes des algues qu’elles consomment, et au milieu desquelles elles vivent, camouflées par leur couleur verte. D’autres, plus colorées comme les flabellines, stockent dans leurs cérates les cnidoblastes (cellules urticantes) des hydraires qu’elles dévorent, ce qui les rend urticantes à leur tour. Rien de tel pour se défendre !
Plus profond, leurs robes sont masquées par le manque de lumière ; seul le faisceau d’une lampe peut les dévoiler… Là, c’est un véritable festival de couleurs qui vous attend. On trouve de nombreuses espèces sur les éponges, dont beaucoup s’en nourrissent. Le doris dalmatien, ne mange que Petrosia ficiformis, l’éponge pierre qu’il broute avec sa langue râpeuse. C’est parfois un challenge pour les amateurs de les débusquer : certaines espèces comme le doris céleste ne mesurent que quelques millimètres, et leurs couleurs se confondent parfois avec leur environnement.
En plongeant du printemps à l’automne, vous aurez peut-être la chance d’observer ces limaces en pleine reproduction. Avis aux esprits prudes ! L’acte sexuel de ces hermaphrodites peut durer des heures, et se répéter plusieurs fois. Chaque individu peut jouer le rôle de mâle et de femelle. Les lièvres de mer se reproduisent en “chapelet” et forment une chaîne de plusieurs individus. Les doris s’accouplent têtes-bêches, du fait de la disposition de leurs organes génitaux sur le côté droit. Les pontes qui suivent, sont généralement en forme de spaghettis ou de rubans enroulés. Parfois, comme chez le doris céleste, la ponte se fait à l’intérieur d’une éponge, dans laquelle se développeront les petits.Une fois que vous aurez appris à les dénicher (cela peut devenir une obsession…), observez-les bien, vous aurez peut-être le privilège d’assister à une étrange danse du ventre…
Surtout, ne les touchez pas, ce sont de petits êtres fragiles.
Bonne “chasse” à la limace !
Anthony LEYDET – www.zesea.com
Article paru dans Chercheurs d’Eau n°23
3 commentaires
Super !!! On ne s’en lasse pas de ces petites bêtes !!!
Merci
Comme convenu j’ai mis qq tofs d’antiopelles sur mon profil 😉 @ bientôt au vallon… lol
tes billets sont tous interessants et sympathiques
JH