“Bien avant de le rencontrer, Gombessa m’a nourri d’espoirs et de rêves. « Je ne crois que ce que je vois » disent certains, mais avec le coelacanthe il fallait y croire pour le voir. J.L.B. Smith, malgré sa publication de 1939, l’a cherché pendant 14 ans de sa vie avant de prouver qu’il avait bien raison en 1952. Hans Fricke a passé des années et dépensé des fortunes pour construire le sous-marin le conduisant vers lui en 1986.
Peter Timm a vendu sa ferme, déménagé et plongé pendant près de trois ans pour enfin le voir à travers son masque en 2000. Allez leur dire qu’il ne sert à rien d’y croire.”
POURQUOI Y RETOURNER?
On aurait pu en rester là. Après tout, nous avions relevé le défi de plongeur, et ramené les images. Mes camarades et moi étions heureux. L’expédition de 2010 était un succès. Notre aventure serait bientôt publiée dans Paris Match, National Geographic
USA, et passerait 6 mois plus tard dans Ushuaïa Nature, l’émission de Nicolas Hulot.
Qu’avions-nous apporté de plus à la connaissance scientifique du plus mythique des poissons ? Pas grand-chose en réalité, à peine quelques individus nouveaux rajoutés au trombinoscope des coelacanthes sud-africains, un catalogue qui en comptait moins de 30 avant 2010. Il me semblait nécessaire de rajouter une dimension scientifique pour que mon rêve soit complet.
Des plongées engagées
“Avant de descendre, on tourne et retourne, essayant de comprendre à quoi ressemble la structure générale du fond. L’image sur l’écran nous donne par fragments des coupes transversales abstraites des parois rocheuses du canyon. Ces dessins en trois couleurs laissent libre court à toutes les interprétations. Plus le temps passe et plus chacun voit dans les images artificielles tout ce qu’il a envie de voir… Quand, naïvement, une certitude nous vient, on enregistre notre position. Commence alors un exercice de dérive chronométrée avec le bateau pour estimer le courant, un courant parfois très fort puisqu’il peut dépasser facilement les 2 noeuds. Ce calcul est très important pour estimer notre dérive et ne pas rater la descente vers le bord du canyon que l’on avait mis tant de temps à repérer.”
“Les paliers de décompression sont de plus en plus longs au fur et à mesure que l’on se rapproche de la surface. Et finalement la moitié des plongées se passent entre 12 m et la surface, de longues heures, plutôt pénibles, parfois inconfortables quand la houle s’en mêle. Notre situation est absurde, si près de la surface mais sans avoir le droit de la rejoindre. En vérité, nous ne sommes pas vraiment à 6 m de profondeur, nous sommes plutôt à 2 heures et demi de l’air libre.”
Où PLONGIEZ-VOUS?
“Nous sommes donc à l’est de l’Afrique, ou à l’ouest de l’Océan Indien, c’est selon d’où l’on regarde. Jamais une région, pourtant naturelle et préservée, n’a été si peu propice au plaisir d’aller plonger.”
“Sur des centaines de kilomètres au nord ou au sud, il est inutile de chercher un port, un brise-lame, ou une simple digue, il n’y en a pas. Ici, les hommes se débrouillent comme ils peuvent. A Sodwana, il y a un vieux récif fossile qui protège une portion de la plage, juste assez pour mettre notre bateau à l’eau entre deux déferlantes. Et dire qu’il faudra recommencer ce manège tous les jours…”
POURQUOI SODWANA BAY?
“Dans les rares autres régions du monde où l’on connaît l’existence de coelacanthes, ceux-ci vivent au-delà de 200 m de fond. Ici, en Afrique du Sud, ils sont exceptionnellement moins profonds, « à peine » 120 m comme si chacun faisait l’effort d’aller à la rencontre de l’autre. Et c’est à travers cet effort, cette démarche à risques, celle du face-à-face physique avec lui, que le coelacanthe prend tout à coup une autre valeur à nos yeux : il cesse d’appartenir à un autre monde.”
VOUS ÉTIEZ NOMBREUX A FAIRE LE DÉPLACEMENT?
“Pas moins de 13 personnes, en plus des 5 plongeurs, ont fait aussi le voyage depuis la France : chercheurs, médecin, logisticien, équipe de tournage, auxquels viennent se rajouter les équipes sud-africaines de chercheurs, et même un navire porte-robot et son équipage que j’ai dû affréter pour l’occasion.”
“Nous avions des expériences scientifiques à réussir, un film à réaliser de 90 minutes pour Arte, d’audacieux sponsors qui méritent d’être satisfaits. Et nous n’avons que 40 jours. La pression est grande, à peine moins qu’à 120 m de fond.”
LA CAMERA GIRAFE
“La caméra girafe est d’abord le fruit d’une réflexion. Celle des chercheurs du Museum national d’Histoire naturelle de Paris, plus particulièrement du laboratoire spécialisé dans la motricité des vertébrés. Ils ont l’habitude de filmer toutes sortes de vertébrés à l’aide de nombreuses caméras synchronisées à haute vitesse, afin de modéliser et décomposer les mouvements précis des squelettes.”
“Le challenge cette fois sera simplement de faire la même chose non plus dans un laboratoire mais au fond d’un canyon sous-marin. Les plongeurs doivent donc mettre aussi leur grain de sel dans l’élaboration du système. Il faut rendre la chose réaliste face aux contraintes de la plongée profonde.
Enfin, le fabricant de caisson étanche suisse Subspace se met au travail et matérialise notre idée.”
ET PUIS?
“Tant de questions restent en suspens. Après tout, que savons-nous du coelacanthe ? Presque rien à part qu’il existe ! Au cours de la dernière mission, nous avons exécuté toute une série de protocoles scientifiques, complexes et audacieux compte tenu de la profondeur où tout cela s’est passé.”
“Les résultats sont en cours de dépouillement et notre impatience est grande. Cet animal a beaucoup de choses à nous apprendre encore, sur lui, son immuable traversée des temps, sur les grandes clefs de l’évolution, sur le passage des poissons aux vertébrés terrestres. Cet habitant des ténèbres peut nous éclairer sur nos propres origines ! Peut-être trouverez-vous cette dernière idée trop romantique ou trop lyrique, pourtant il y a du vrai. Les envolées sont maladroites quand on ne sait que couler.”
LE LIVRE
Nous avons eu la chance de découvrir cet ouvrage de près de 250 pages en avant-première. Au fil du livre, vous découvrirez l’expédition bien sûr mais également les doutes, les certitudes de Laurent. Vous ferez connaissance avec la star, le coelacanthe, grâce aux textes écrits par Laurent mais également une multitude d’images à couper le souffle.
Que ce soit pour vous ou pour en faire cadeau, c’est un must have dans toute bibliothèque de plongeur qui se respecte. D’ailleurs, profitez-en, Laurent les dédicacera sur son stand au Salon.
LE SOMMAIRE :
- PRÉFACE
- INTRODUCTION
- LÀ OÙ SE JOUE L’HISTOIRE
- LE POISSON QUE L’ON CROYAIT FOSSILE
- PARTIR PLONGER
- LA PERSPECTIVE DE LA DESCENTE
- DERNIÈRE MINUTE SUR TERRE
- ATTERRIR SUR UNE AUTRE PLANÈTE
- LA RENCONTRE
- UN IMMENSE CANYON, DE MINUSCULES GROTTES
- LA MÉMOIRE DANS LA PEAU
- LES COLOCATAIRES DU MONDE CRÉPUSCULAIRE
- PETITS TRACAS ET GRANDES SURPRISES
- DESCENDRE POUR COMPRENDRE
- ASCENSION VERS LA SURF ACE
- L’INTERMINABLE ATTENTE
- SOUVENIRS ET L’AVENIR
- DE SÉRIEUX CAMARADES…
- …QUI NE SE PRENNENT PAS AU SÉRIEUX
- REMERCIEMENTS
- BIOGRAPHIE
Un grand merci à Laurent pour sa disponibilité, à Marie GUILLOT pour son efficacité et à Manuel LEFEVRE pour son enthousiasme qui ont rendu possible cet article. L'ensemble des vidéos présentées sur cet article ont été tournées lors de l'expédition GOMBESSA par Manuel LEFEVRE. Vous pourrez en découvrir bien davantage sur le site officiel de celle-ci : www.coelacanthe-projet-gombessa.com NB: A plusieurs reprises sur ces vidéos, Laurent annonce la diffusion du documentaire sur arte fin 2013. Il y a eu entre temps des changements et celui-ci sera bien diffusé sur arte mais au cours du printemps 2014.
LAURENT BALLESTA PARRAIN DU SALON DE LA PLONGÉE 2014
Présent tout au long de l’évènement Laurent partagera ses expériences et anecdotes avec vous non seulement pendant les conférences qu’il anime mais aussi au sein de son exposition et dédicacera son dernier ouvrage tout “chaud sorti de l’imprimerie “Gombessa, rencontre avec le Coelacanthe“.
LE STAND
ANDROMEDE OCEANOLOGIE : STAND B36
L’EXPOSITION
Découvrez pendant toute la durée du Salon la nouvelle exposition de Laurent Ballesta sur… le coelacanthe en zone d’exposition.
LES CONFÉRENCES
- Vendredi 10 janvier de 16 à 17 heures dans la salle de projection.
- Samedi 11 janvier de 16 à 17 heures dans la salle de projection.
- Dimanche 12 janvier de 14 à 15 heures dans la salle de projection.
PLONGEZ AVEC LE COELACANTHE VOUS AUSSI
Pour le 16ème Salon de la Plongée de Paris, Andromède Océanologie et Suboceana vous proposent une plongée à l’aide du masque de réalité virtuelle “Oculus Rift®” qui sortira fin 2014. Venez observer le cœlacanthe sur le stand Suboceana (C49)en vous plongeant directement par 120m de fond comme vu des yeux de Laurent Ballesta.
Une grande première ! A partir des images tournées par l’expédition Gombessa (Laurent Ballesta – Andromède Océanologie) avec des moyens vidéo lourds, Suboceana® a reconstitué l’environnement naturel du Coelacanthe en 3D. Avec le masque de plongée virtuelle Oculus Rift® l’équipe vous propose stand C49 une plongée que la plupart d’entre nous ne pourront jamais faire, sans risque et sans palier de décompression…
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bonjour, key largo, je ne comprends pas ton commentaire…