De tous temps, biologistes et autres spécialistes du milieu marin se sont mis à l’eau pour aller chercher, in situ, les informations et les échantillons nécessaires à leurs études. Mais l’apprentissage « sur le tas » qui était monnaie courante il y a trente ans s’est peu à peu structuré pour cadrer pleinement avec la législation. Nous avons rencontré Gilles Saragoni, responsable des activités plongée au laboratoire d’écologie marine de l’Université de Perpignan. Il nous explique comment sont formés les plongeurs scientifiques, et nous présente quelques exemples de missions, sur le terrain.
PRES DE 30 ANS DE STAGES
Depuis 1984, tous les chercheurs et techniciens qui se mettent à l’eau effectuent des stages de formation à la plongée, organisés par le CNRS dans plusieurs stations marines de notre littoral. Et compte tenu de la diversité des taches qu’ils peuvent être amenés à effectuer, le programme est particulièrement varié. Le volet théorique insiste bien sûr sur l’organisation de la plongée et sur la sécurité. Mais sous l’eau, les stagiaires touchent à tout.
APPROCHER TOUTES LES DISCIPLINES
Le but n’est pas simplement de leur apprendre à plonger, puisque la majorité d’entre eux ont déjà une formation, mais bien de leur apprendre à maîtriser sous l’eau tous les outils et les techniques qu’ils seront amenés à utiliser. Et photo et vidéo font aujourd’hui pleinement partie des attributions des chercheurs : qu’il s’agisse de faire de la photo-identification, ou de conserver par exemple une trace visuelle d’un site précis pour l’étudier ensuite en laboratoire, la maîtrise de l’image est devenue un atout non négligeable. Ils apprennent aussi par exemple à compter les poissons sur un site, en utilisant des techniques de suivi par transects, à remonter des charges avec des parachutes, à cartographier une zone, à faire des carottages de sédiments, à utiliser une suceuse…
PLUSIEURS FORMATIONS
A l’université de Perpignan, Gilles Saragoni propose en fait plusieurs types de formations : l’une d’elles, de la formation permanente du CNRS, est destinée en général aux techniciens, ingénieurs, thésards et chercheurs ayant recours à la plongée et pouvant obtenir la qualification de chef de plongée scientifique (leur permettant d’organiser des missions en plongée). D’autre part, un module plongée scientifique est proposé aux Master en Ecologie Marine, ce qui leur donne un plus notamment pour trouver un stage de terrain nécessitant des interventions sous-marines. Depuis un an, un DU de plongée scientifique est également proposé à d’autres étudiants ou professionnels (de collectivités locales par exemple) qui peuvent être amenés à utiliser la plongée dans le cadre de leur activité. Tous doivent maintenant répondre aux exigences du Ministère du Travail, et être titulaires d’un certificat d’aptitude à l ’hyperbarie (CAH) classe I mention B (aptitude à 30 m.)
UNE BASE POUR INVENTER ENSUITE
C’est grâce à cette base technique que les plongeurs scientifiques sont ensuite capables de combiner ce qu’ils ont appris, d’imaginer de nouvelles techniques pour mener à bien des missions aussi variées que possible. Qu’il s’agisse de compter les poissons sur un site protégé, d’évaluer le peuplement d’un nouveau récif artificiel, de capturer comme dans le film ci-dessous des larves de poissons pour les relâcher ensuite lorsqu’elles ont dépassé le stade critique pour la survie de l’espèce…
Images terrestres : Christine AZALBERT
Images sous-marines : CNRS
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Magnifique!! Bravo