Ma première bulle
J’avais sept ans, les Beatles s’époumonaient sur A Hard Day’s Night et moi, tous les jeudis soirs, j’alignais les longueurs de bassin à la piscine Garibaldi du troisième arrondissement lyonnais. Une enfance grise et triste. A 21 heures, l’entraînement des gamins fini, quelques adultes du Touring Club de France débarquaient avec leur bouteilles jaunes, leurs tuyaux annelés et la lumineuse aura de l’Aventure. Ils prenaient possession du bassin et s’enfonçaient dans les profondeurs pour n’en plus ressortir. J’étais fasciné. Un moniteur très sérieux avait répondu à ma mère que l’âge minimum pour plonger était 18 ans… Alors, les dimanches après-midi, frigorifié, je rongeais mon frein dans une carrière noyée et désaffectée, équipé d’un masque facial avec son tuba attenant , la balle de ping-pong de rigueur. J’ai vite remplacé l’accessoire criminel par un simple bouchon… Voilà, en cachette, je faisais de l’apnée sans le savoir et j’attendais…
A quelques semaines de mes dix-huit ans, il n’y a pas de hasard, Louis Deragne, un ami aujourd’hui disparu, m’a fait connaître la section plongée de la MJC de Villeurbanne. A l’occasion de la première sortie en mer (quelle aventure !) j’ai été baptisé derrière l’île Maire, à Marseille. J’avais une combinaison peau de requin que l’on m’avait prêté, trois fois trop petite, des palmes Navy et un masque comme on en fait plus. Bon Dieu ! J’ai vu trois girelles, je flottais… J’étais heureux ! Que Bernard Réa, l’ami qui m’a emmené pour cette première fois soit béni pour les siècles des siècles. Cela fait maintenant 36 ans et je n’ai jamais arrêté : cette passion est devenue mon quotidien. Comment peut-on vivre sans plonger ?
A quelques semaines de mes dix-huit ans, il n’y a pas de hasard, Louis Deragne, un ami aujourd’hui disparu, m’a fait connaître la section plongée de la MJC de Villeurbanne. A l’occasion de la première sortie en mer (quelle aventure !) j’ai été baptisé derrière l’île Maire, à Marseille. J’avais une combinaison peau de requin que l’on m’avait prêté, trois fois trop petite, des palmes Navy et un masque comme on en fait plus. Bon Dieu ! J’ai vu trois girelles, je flottais… J’étais heureux ! Que Bernard Réa, l’ami qui m’a emmené pour cette première fois soit béni pour les siècles des siècles. Cela fait maintenant 36 ans et je n’ai jamais arrêté : cette passion est devenue mon quotidien. Comment peut-on vivre sans plonger ?
Ma plus belle rencontre
J’ai vu (presque) tout ce que j’espérais voir : les baleines, les requins de toutes sortes, grands, petits, blanc, gris, les mantas, les tortues, les lamentins , les dauphins, les otaries, les poissons-lunes, les bancs de carangues, les gorgones et les algues allanguies, les coraux. Quoi d’autre ? Les êtres minuscules discrets et fascinants… Il y a tant de choses à raconter ! Mais finalement, ces rencontres fugitives ne constituent pas l’objet premier de mes plongées. Pas seulement. Je plonge pour l’équilibre (dans toutes les acceptions du mot), ma dose narcotique, les trois dimensions, les sensations. Le vertige du bleu. L’espace. C’est exactement cela : la plongée est une pratique sensuelle, une démarche intérieure et solitaire, même pratiquée en palanquée. Un voyage…
Mes coups de gueule
Je les ai poussés pendant un quart de siècle, dix fois par an dans mes éditoriaux dans le magazine Océans puis tous les deux mois au fil de mes “Propos de paliers” en dernière page de Subaqua. Alors qu’ajouter aujourd’hui… Ce qui m’exaspère le plus ? La jalousie non productive, je veux dire mesquine, surtout lorsqu’elle se double d’une affligeante absence de style chez celle ou celui qui s’enorgueillit d’en posséder.
Mon petit coin de paradis
Un paradis peut-il être autrement que perdu ? Comment donner ce que l’on ne possède plus ? La mer Rouge de 1979, les Maldives de 1980, Les Bahamas de 1981, Madagascar en 1982 ? La jeunesse… Aujourd’hui que la plongée s’est banalisée (en partie par ma faute et celle de mes consœurs et confrères!) que reste-t-il sinon la nostalgie dangereuse ? Je suis de ces chanceux qui ont connu les temps bénis pendant lesquels les plongeurs pouvaient encore avoir le sentiment d’appartenir à une petite caste de privilégiés. Regretter ? Un travers que je refuse… Non ! J’aime la mer, les vagues, les ciels immenses et pommelés de nuages changeants, une voile qui porte sur mon bateau bien réglé et la perspective prochaine d’une plongée tranquille entre copains. Ajoutez-y quelques bouquins, un joli sourire de femme pour le repos de l’œil, un café fort, trois gouttes de rhum… Voilà l’affaire réglée. C’est cela mon paradis : le lieu importe peu !
Mes modèles ?
Quatre sont des icônes devenues des amis. Merci la vie !
Chenz, Jacques Chenard, photographe d’Hara Kiri, génie iconoclaste de la lumière, faux misogyne, misanthrope de comédie, accessoirement moniteur de plongée. Le grand initiateur. Il est parti voici près de vingt ans et sa mort m’est toujours insupportable.
Plus sereinement, je pense au commandant Philippe Tailliez, un père spirituel. Lui aussi possédait un style dans l’écriture comme dans la vie. C’était un être exceptionnel, un gentlemen, un marin de la vieille école, un homme qui considérait l’enthousiasme comme l’unique vertu. Philippe est mon phare dans la nuit.
Et puis il y a Bébert, l’ami Falco. Plongeur parmi les plongeurs. Celui que je voudrais être à son âge : aussi jeune qu’aux premiers jours. Un homme bon, le témoin que j’ai choisi et je pèse mes mots…
Enfin, pour achever le quatuor magnifique, il y a le docteur Raymond Sciarli, l’intelligence amusée, le confident, le témoin de mes errements, mon premier lecteur, mon soutien. Voilà mes anges tutélaires, mes guides, quatre êtres différents qui, à leur manière, partagent ce qu’il y a de plus cher au monde : le goût de faire et l’élégance de l’âme.
Chenz, Jacques Chenard, photographe d’Hara Kiri, génie iconoclaste de la lumière, faux misogyne, misanthrope de comédie, accessoirement moniteur de plongée. Le grand initiateur. Il est parti voici près de vingt ans et sa mort m’est toujours insupportable.
Plus sereinement, je pense au commandant Philippe Tailliez, un père spirituel. Lui aussi possédait un style dans l’écriture comme dans la vie. C’était un être exceptionnel, un gentlemen, un marin de la vieille école, un homme qui considérait l’enthousiasme comme l’unique vertu. Philippe est mon phare dans la nuit.
Et puis il y a Bébert, l’ami Falco. Plongeur parmi les plongeurs. Celui que je voudrais être à son âge : aussi jeune qu’aux premiers jours. Un homme bon, le témoin que j’ai choisi et je pèse mes mots…
Enfin, pour achever le quatuor magnifique, il y a le docteur Raymond Sciarli, l’intelligence amusée, le confident, le témoin de mes errements, mon premier lecteur, mon soutien. Voilà mes anges tutélaires, mes guides, quatre êtres différents qui, à leur manière, partagent ce qu’il y a de plus cher au monde : le goût de faire et l’élégance de l’âme.
Mes prochaines plongées, mes projets ?
Hé! hé ! Surveillez les devantures des libraires…
Son dernier ouvrage :
Pierre Martin Razi
sur scuba people
Réagissez à cet article