A qui le tour ?
Le plus souvent, le parachute fait partie des équipements qui permettent de déguiser un plongeur en sapin de Noël. En effet, c’est en général au guide de palanquée que revient le privilège de sortir son engin au palier, pour signaler le groupe aux bateaux qui navigueraient dans le coin. Mais parfois, quand on se retrouve en totale autonomie avec son binôme, il faut bien sortir la bête du formol. Et là… c’est la panique ! En effet, cet exercice est rarement enseigné par nos chers instructeurs Padi ou Cmas, quelque soit le niveau que l’on brigue.
Echanges de civilités
Alors, quand vient le moment fatidique, cela commence toujours par des échanges de civilités avec son binôme. En langage des signes, ça donne à peu près ça : « Tu veux sortir son parachute ? », « Non, je t’en prie, après toi », « Si si j’insiste, je ne voudrais pas abuser, à toi l’honneur »… On peut toujours commencer un jeu de tifoumi (pierre-feuille-ciseaux) sous l’eau ou un jetetiens-tumetiens-parlabarbichette pour savoir sur qui tombera la punition, mais il arrive un moment ou le manomètre nous impose de prendre une décision. Parmi mes binômes, j’ai ainsi rencontré plusieurs spécimens qui m’ont parfois fait peur et le plus souvent fait exploser de rire dans le détendeur.
Les « Mary Poppins »
Il y a ceux que j’appelle les Mary Poppins. Ils prennent en général le temps de sortir leur parachute de la pochette, de dérouler le fil en laissant tomber le plomb, et descendent de 6 mètres à 12 mètres de profondeur sans s’en rendre compte. Malgré les grands gestes de leur binôme, ils font partir leur parachute en laissant correctement glisser le fil au bout de leurs doigts, jusqu’à ce qu’ils arrivent au plomb qu’ils serrent bien fort, et se retrouvent hissés de 6 mètres jusqu’au safety stop en chantant « Chem Cheminée, chem cheminée »… Safety stop qui s’avèrera bien utile, du coup…Le terme Mary Poppins s’applique également aux plongeurs qui bloquent leur octopus à l’intérieur du parachute, se voyant ainsi entrainés dangereusement vers la surface…
Les « Caterpilar »
Il y a ensuite la catégorie des Caterpilars. Ceux-ci prennent le temps de dérouler leur bout qui fait en général 10 mètres, puis laissent tomber le poids jusqu’au fond. Damned ! Parfois, le plomb s’accroche par mégarde dans le corail et lorsque sonne l’heure de l’expulsion, le corail explose en vol… presque aussi efficace que la pêche à la dynamite. Protégez les océans, n’utilisez pas des bouts de 10 mètres…
Les paquets cadeaux
Avec les années, le plongeur s’est équipé de nombreux accessoires plus ou moins utiles. Il y a l’appareil photo qui pendouille, la lampe qui se balance, le shaker qui shake, le pointeur qui tournicote et le crochet qui s’agrippe. Et puis il y a le manomètre qui est sorti de ses gonds et ce foutu inflateur qui dépasse. Ca clignote dans tous les sens, et lorsqu’il s’agit de sortir son parachute, la ficelle prend un malin plaisir à s’enrouler dans tous ces trucs qui dépassent. Le plongeur se retrouve rapidement ficelé comme un vrai paquet cadeau. Le temps de déballer le paquet, les 3 minutes de palier sont en général terminées ! Voici en vidéo, ce qu’il ne faut pas faire !
Les « Rocco Siffredi »
Enfin, nous y voilà ! Et oui, sortir son parachute a quelque chose de phallique ! J’ai vu de nombreux divemasters, qui prenaient plaisir à brandir leur engin fièrement devant une palanquée de filles ébahies. On lisait une certaine satisfaction à travers leur masque lorsqu’ils le laissaient enfin partir à toutes blindes et sur gonflé (à bloc) à la surface. Et non, en Anglais, Divers Below ne signifie pas Enlarge your Penis. Alors, attention à la pression, quand même, vous risqueriez de faire exploser le bouzin !
Les « Viagra »
Je vous épargne une litanie sur les plongeurs qui ont besoin de Viagra. Ce sont ceux qui ont la mine contrite lorsqu’ils s’aperçoivent que seulement 5 cm du parachute flottent à la surface. Madame pouffe déjà suffisamment fort, 3 lignes pour les plongeurs Viagra sur Scuba-People, c’est déjà suffisamment humiliant. D’autant que c’est souvent lié à un trou dans le plastique. Gare aux parachutes au rabais !
Les commensaux
Il y a une dernière catégorie. Ce sont les adeptes du commensalisme (rien de cochon par ici). Les commensaux sont ceux qui profitent du parachute d’autrui, comme le poisson pilote profite du requin sans lui apporter la moindre contrepartie. Qu’ils soient opportunistes, malins, pas sûrs d’eux ou très bons au chifoumi, ils évitent ainsi tous les écueils du lancer de parachute. Après être passée par les catégories précédentes (mis à part la Rocco), je crois que je me range finalement volontiers dans cette dernière…
Quelle est la bonne technique ?
Il y a plusieurs façons de gonfler son parachute, avec la bouche, le détendeur ou l’octopus. Accroché à un plomb ou avec un dérouleur. Chacun sa technique. Certains ont plus la classe que d’autres. Néanmoins, j’aurais juste un humble conseil à vous donner. Lorsque vous achetez un parachute, pensez à le déballer sur terre. La ficelle, n’est pas toujours accrochée au parachute, et le plomb souvent inexistant. Et je vois d’ici vos yeux de merlans frits lorsque vous n’aurez plus que la ficelle entre les mains pour pleurer. Les fabricants ont quelques progrès à faire sur ce point… Spéciale dédicace à tous mes binômes, sources d’inspiration de cette chronique. Continuez à me faire rire sous l’eau.
la Morue
sur scuba people
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