Rétablir un équilibre
Que votre caméra, ou votre APN en mode vidéo, soit sensible à 0,7 lux plutôt qu’à 2 lux ne changera rien à l’affaire. Passé 2 ou 3 mètres les couleurs vont commencer à disparaître, le bleu va devenir dominant, devant l’absence de certaines composantes chromatiques les capteurs de la caméra ne savent plus très bien où ils en sont, et vont chercher, par l’ajustement automatique de la balance des blancs, du rouge là ou il n’y en a pas.
Pour rétablir la situation, il faut apporter une source de lumière artificielle disposant à nouveau de tout le spectre colorimétrique.
Connaître les limites de son éclairage
Dans l’absolu il faudrait que la lumière artificielle prenne le pas sur la lumière naturelle, ce qui n’est évidemment pas possible en plein jour, encore moins avec des moyens amateurs, il faut donc apprendre les limites de votre propre solution d’éclairage et faire avec. La séquence suivante montre bien qu’au delà d’une certaine distance, très réduite, de l’ordre de 1m voire moins, si la lumière ambiante est violente, votre source d’éclairage ne sert strictement à rien.
Pour être efficace, votre éclairage doit non seulement donner le plus de lumière possible, mais il faut aussi que le faisceau lumineux soit le plus large et le plus homogène possible faute de quoi vous n’éclairerez que la partie centrale de votre image.
Limiter l’effet ombres chinoises
Les poissons les plus brillants, comme ces barracudas filmés dans le bleu, captent mieux la lumière, ainsi, et même en contre jour, un apport de lumière va non seulement équilibrer un peu les éclairages et limiter l’effet ombres chinoises, mais va aussi, en donnant de l’éclat aux poissons, les faire ressortir, d’autant plus que cette nouvelle brillance fait de nos poissons des sujets remarquables pour le système d’autofocus de votre caméra. En plus de la lumière, vous gagnerez donc aussi en stabilité sur le point.
Une portée limitée
On l’a vu, la portée des éclairages grand public, même les meilleurs, est limitée. De plus, même si vous disposiez d’une source d’éclairage 100 fois plus puissante, vous ne pourriez rien changer au fait que l’intensité lumineuse à 50 cm devant le phare et à 2 mètres devant le même phare n’est bien sûr pas la même. Sauf à disposer de plusieurs sources et d’un assistant pour les mettre en œuvre, il faut apprendre à jongler avec la lumière naturelle pour vos arrières plans. Dans cette petite grotte, nous avons eu la chance qu’une ouverture au fond de la grotte laisse passer la lumière, ainsi, une image qui se limiterait à la murène sur un fond noir devient une scène plus profonde et aussi plus proche de la réalité dont on veut témoigner en vidéo.
Travailler en binôme
La lumière a donc une portée limitée, alors pourquoi ne pas … porter la lumière plus loin. Il faut imaginer que le flux lumineux, pour imprimer votre capteur, doit faire deux fois la distance qui vous sépare du sujet, une fois pour aller de votre phare au sujet, le sujet réfléchit alors la lumière, qui doit donc refaire le trajet vers votre caméra. A partir de ce constat, pourquoi ne pas travailler en binôme ? Puisque les phares à Led se généralisent dans les poches des stabs, apprenez à votre binôme à devenir éclairagiste. Pour les plans larges, un plongeur qui se balade avec son phare à la main et éclaire ce qu’il voit permet de marquer le centre d’intérêt et de suggérer au spectateur d’orienter son regard, ne pas hésiter à jouer d’un coup de contre jour franc, en plein axe caméra, une manière de réveiller le public, et puis à plus d’un mètre de distance du sujet, si vous mettez dans le cadre un plongeur qui éclaire le sujet principal, vous allez voir que la lumière porte alors que celle de votre propre caméra ne sert déjà plus à rien.
Attention aux particules
Bon maintenant que l’on a commencé à jouer avec la lumière, retenez aussi la vraie limite : la parallaxe. Imaginez les particules en suspension comme de petits miroirs qui réfléchissent la lumière…là d’où elle vient. Si vos phares sont dans l’axe de votre caméra, les particules vont se comporter comme les goutelettes d’eau en suspension dans l’air quand il y a du brouillard et que vous allumez vos phares. Elles vont constituer un rideau de petits points lumineux. Alors si vous filmez à une distance du sujet qui rend votre éclairage inutile, n’oubliez pas que le laisser allumé va faire monter inutilement les particules. Eteignez ! Et comme en photo, souvenez vous que plus vos sources sont excentrées, mieux vous vous portez….
Nos outils : Light and Motion Sola 1200 et Bersub Variled 6 Neutral Vidéo.
Les images qui servent d’illustration à ce sujet ont été réalisées avec une caméra Canon Legria HF M 41 full HD, avec une Gopro et avec un Olympus XZ 1 en caisson Olympus et en mode vidéo 720P. La lumière provient du phare Light and Motion Sola 1200 et du phare Bersub Variled 6 Neutral Vidéo.
Sola 1200 Light and Motion
La merveille tient du miracle, minuscule, comme aurait dit Coluche, « il tient dans la main, y tient dans la main ». Ce petit phare américain que nous a prêté Photo Denfert est construit autour d’une batterie d’accumulateurs au Lithium Ion dont le fabricant ne dit rien et comme on ne peut pas l’ouvrir pour regarder ce qu’il y a dedans nous allons garder l’épaisseur du mystère. On ne l’ouvre pas, il se charge par l’intermédiaire de deux contacts humides plaqués or, le principe est déjà rodé chez Bersub, cocorico, il s’agit simplement de placer à l’intérieur des diodes qui ne permettent pas les courants de retour ce qui évite l’amorçage entre les contact pendant l’immersion. En surface, on sèche grossièrement les contacts et on branche sur une simple alimentation stabilisé, la charge du lithium étant, contrairement aux idées reçues, assez simple. Coté manip le Sola est équipé d’un poussoir qui attaque un ILS (une petite ampoule sous vide contenant un bilame qui se colle sous l’action d’un aimant) pour allumer le phare, choisir les différentes position ou éteindre. Le Sola est équipé de 6 LEDs périphériques réglables à 3 positions et de 3 leds centrales elles aussi réglables à 3 positions. Chaque pression sur le poussoir fait passer à la position suivante, on s’arrète quand on a la bonne, super simple. Les LEDs périphériques sont à la fois les plus puissantes et celles qui éclairent le plus large, les centrales sont là pour servir de lampe pilote ou pour utiliser le Sola en explo avec un pinceau serré. Mais en mode Vidéo, le résultat est bluffant, en l’état actuel du marché, le Sola 1200 est l’un des 3 ou 4 meilleurs phares à LEDs du monde pour la répartition lumineuse, et, rappelons le, malgré sa taille hyper réduite et son poids plume de 283 grammes. La température de couleur est de 6500 Kelvin, ce qui est plutôt froid comme lumière, ou disons bleu pour ceux qui ne s’y retrouvent pas dans le fait qu’une température élevée donne une lumière…froide. L’autonomie est de l’ordre de 70 minutes quand l’utilise en vidéo c’est à dire à fond mais peut, bien sur, augmenter considérablement si l’on se contente de beaucoup moins de lumière. Un seul défaut la bête n’est pas donnée, autour de 680 euros.
Variled 6 Neutral Vidéo Bersub
On va passer rapidement sur les caractéristiques générales de ce Bersub, un modèle dont la réputation n’est plus à faire, celui-ci est alimenté par 6 piles LR06 que l’on peut très simplement remplacer par des accumulateurs Nimh de même taille, Bersub peut les fournir en option mais vous pouvez aussi utiliser ceux de la console de jeux de votre rejeton qui se tiendra du coup à carreau pendant quelques jours. Le Variled utilise 6 LEDs de 3W qui sont disponibles en 14° d’angle ou, comme c’était le cas pour notre modèle de démonstration, en 50 ° pour la vidéo. L’ensemble est compact, ne pèse que 550 grammes et dispose de 2 puissances réglables. On ajoutera pour les plus tordus d’entre nous que les Bersub sont étanches à 200 mètres. Bon, tout ça c’est bien beau mais il y a un mot dans le titre qui est probablement le plus important pour les vidéastes : « neutral ». Dans cette version le Bersub est équipé de LEDs qui fournissent une lumière à 4300 Kelvin, c’est à dire une lumière beaucoup plus chaude (température froide égal lumière chaude) que la moyenne des LEDs. Et alors me direz vous. Et bien si vous considérez que l’eau absorbe rapidement la composante rouge de la lumière et que c’est pour ça, pour rajouter du rouge, que vous utilisez une lumière artificielle, il y a quelques chose d’anachronique à utilisez des sources, les LEDs, qui sont le plus souvent dans une gamme de température si chaude, entre 6500 et 8000, qu’elles apportent finalement beaucoup moins de rouge qu’une bonne vieille lampe halogène. Et cela d’autant plus que l’eau constitue toujours un filtre, même devant les sources artificielles, qui ne va que diminuer encore la composante rouge de vos éclairages. Au final, l’idéal serait d’arriver sur le sujet avec une température de couleur proche de la lumière du jour, c’est à dire 5600 Kelvin, d’ou l’idée de Bersub, avec cette gamme Neutral, de proposer des LEDs basse température prévues pour donner des couleurs plus chatoyantes que la normale. Et pour ceux qui sont restés 2 ans en arrière, ce n’est plus une affaire de filtre dans les lentilles, ce qui voulait dire perte d’intensité lumineuse, mais bel et bien un choix dans le mélange qui compose la diode elle même qui permet de déterminer la température de couleur à la sortie. Il n’y a donc pas à choisir entre intensité lumineuse et température, on peut avoir, chez Bersub, le beurre et l’argent du beurre. Moins de 400 euros si on cherche un peu.
Patrick Marchand
sur scuba people
Remerciements
– L’Incantu qui nous a offert l’opportunité de ce test lors d’un séjour plongée en Corse
– Photo Denfert qui nous a prêté la SOLA 1200
– Photo Denfert qui nous a prêté la SOLA 1200