Des jouets par milliers
Ce qu’il faut imaginer ici, c’est un énorme centre de plongée situé directement sur la mer Rouge, qui se transforme pour une semaine en paradis des photographes sous-marins. L’affluence étrangère est très importante cette année, et dans tous les coins flashs et caissons occupent chaque centimètre carré de table disponible. Intéressant aussi à relever, le fait que nombre des photographes inscrits aient aussi signé dans la catégorie vidéo – cela montre clairement à quel point les possibilités augmentées des APN en terme de film ont ouvert un nouveau terrain de jeu, de la GoPro aux reflex, aucun doute qu’on verra des choses sympas sortir de l’eau! On peut comparer le festival à une réunion d’anciens élèves, dont certains se retrouvent chaque année, tandis que d’autres viennent pour la première fois. On y découvre les nouveaux joujoux des uns et des autres, on admire, on jalouse, on échange plein d’idées, on parle technique, créativité, design… et on regarde chez l’autre pour voir s’il a fait mieux ou pas que ce qu’on mis en boîte. Un partage aussi festif que ludique, qui reste aussi toujours amical dans la compétition.
Des créatures de rêve
La première journée est une découverte pour les nouveaux venus, un remake actualisé pour les autres. Les habitués sont surpris de découvrir que certains de leurs modèles fétiches ont disparu du récif, remplacés par d’autres ; pour les néophytes, le récif maison a largement de quoi fournir des sujets et des idées. Et à la beauté de la nature sous-marine vient aussi se mélanger la beauté terrestre, puisque parmi les catégories phares, le Epson Red Sea inclut aussi “Fish&Fashion” (poisson et mode) ou encore “Fashion&Nudity” (mode et érotique). Du coup, en plus des créatures habituellement rencontrées sur le récif, on y croise aussi des sirènes en robe design qui prennent la pose entre deux goulées d’air administrées par un plongeur de sécu. Là aussi, les résultats peuvent être très intéressants lorsque la recherche va plus loin que d’essayer de reproduire sous l’eau des images faites classiquement sur terre.
Sur le récif devant la plage
Aujourd’hui, comme promis, un peu moins de stress et plus de temps pour découvrir le récif maison du Manta Diving Club, situé à une cinquantaine de mètres de la plage (où quand la partie la plus dangereuse d’une plongée est la traversée d’une route fréquentée). A peine quelques dizaines de mètres à nager et déjà les couleurs sont là, avec des petits blocs coralliens bourrés d’anthias, de rascasses et des autres habitants haibutels du monde récifale de la mer Rouge. La preuve simple qu’il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour se faire plaisir et trouver des sujets sympas à mettre en boîte. Avec Ingrid Riera (rédac’chef du magazine espagnol Buceadores) et le bien connu Ariel Fuchs, nous avons donc vidé nos blocs sans scrupules en passant pas loin de 80 minutes à nous balader sur ce petit fond coraux, les plongées ici sont aussi l’occasion de paratger de bons moments avec des amis et collègues, professionnels de l’image sous-marine que l’on a l’habitude de croiser dans les salons et festivals autour du monde, mais pas souvent sous l’eau. Ici, notamment, le grand Christian Pétron, surpris en plein tests de la toute nouvelle caméra 3D de Sony, qui a déjà trouvé un caisson à sa mesure.
Jurys photos et vidéo
Pas mal de gens connus dans les divers jurys, dont Ariel Fuchs et Christian Pétron pour la partie francophone. Pour ma part, c’est un immense plaisir que de siéger aux côtés de Christian dans le jury des films, 8 productions de 90 secondes seulement que nous avons visionnées et revisionnées jusqu’au consensus. Avec Christian et Oskar (Red Sea Sports Club Sharm), les choses vont vite et bien. Puis il faut bien admettre que seulement 8 productions de 90 secondes, ça reste du domaine du gérable et on est loin de saturer. Une moitié de films guère intéressant (du déjà vu, revu et re-revu, même si ce sont des productions originales réalisées ici cette semaine), mais aussi et surtout deux ou trois films qui se détachent complètement du lot, dont le vainqueur.
Le World Shoot Out
En milieu de semaine avait lieu la première remise des prix du Festival Epson Red Sea 2011. Une salle pleine, des moyens de projection haut de gamme, deux présentateurs dignes de faire du prime time à la télé et une soirée riche en rires et émotions. Pour cette première cérémonie, ce sont les images du World Shoot Out qui ont été primées. Ce concours, unique au monde, transforme le monde entier en un terrain de jeu pour les photographes sous-marins. Seule règle, les images doivent être réalisées durant le mois d’août et correspondre à l’une des 7 catégories proposées : destination, grand angle, macro et super macro, épave (prix remporté par Nicolas Barraqué !), environnement et conservation, eau douce et amateurs. Au total, 226 photographes ont soumis 1556 images, réalisées dans des lieux aussi divers que l’Alaska, la Chine, Tahiti, le Mexique, la Papouasie Nouvelle Guinée et bien d’autres encore. Une sélection impressionnante et de nombreuses images surprenantes d’imagination et de créativité. Avec une mention spéciale à la catégorie “amateurs”, réellement définie par le fait que l’APN utilisé se doit d’être de la famille compact.
Des prix plus qu’alléchants
Le Festival Epson Red Sea 2011 s’est conclu après une semaine intense, trois jours de compétition et de shoot effrénés entre les participants, la seconde remise des prix, celle qui marque les réussites réalisées durant les trois premiers jours du festival a permis de récompenser le travail et l’engagement des dizaines de compétiteurs venus du monde entier. Un des éléments vraiment impressionnants de ce festival, c’est la liste de prix proposés. Des chèques allant jusqu’à $10’000 à des séjours de trois semaines en Papouasie Nouvelle Guinée, en passant par des dons d’équipement eux aussi mesurés en milliers de dollars, on comprend facilement que les attentes des participants soient elles aussi élevées. Comme on comprend, bien sûr, la joie de ceux qui remportent un prix ou l’autre, aussi bien que la déception de ceux qui repartiront les mains vides. Une chose, cependant, reste commune à tous les faiseurs d’images venus du monde entier, vainqueurs ou pas : les fantastiques souvenirs, les plongées magiques à la recherche des sujets, les éclats de rire et les moments de fête qui sont tout aussi importants ici que la compétition elle-même.
Un niveau de plus en plus élevé
Dans l’ensemble, il faut reconnaître que le niveau des images présentées était particulièrement élevé, et ce même dans la catégorie des jeunes photographes. Du côté des “grands”, le travail des jurys n’a pas été facile et les délibérationsont été longues. Du côté des productions vidéo, pas de dilemme dans le jury dont j’avais le plaisir de faire partie aux côtés de Christian Pétron : comme tous les spectateurs et les concurrents eux-mêmes le reconnaissaient, le premier prix se détachait nettement du lot, grâce à une histoire solide, un montage impeccable et une post-production de très bon niveau.
Cocorico
Clin d’oeil à l’infatiguable Nicolas Baraqué qui a remporté le 1er prix Epave du World Shoot Out 2011.
Rendez-vous le 4 novembre 2012
L’infatigable David Pilosof, l’âme fondatrice et directrice de cet événement unique en son genre, peut déjà vous annoncer une nouvelle édition dont la partie Eilat Shoot Out débutera le 4 novembre 2012. Pour ma part, j’espère sincèrement en être et avoir cette fois un peu plus de temps à passer sous l’eau, pour suivre de plus près les différentes épreuves et apprécier encore mieux les efforts fournis par tous les compétiteurs, leurs modèles, ceux qui contribuent au montage des clips vidéos et une incroyable équipe organisatrice qui grouille déjà d’idées nouvelles pour l’année à venir.