Comment est née l’idée de ce livre ?
Ce livre est né de la rencontre de passionnés de Nudibranches il y a 6 ans. Il a ensuite fallu récupérer le maximum de photos actuelles et anciennes de façon à obtenir le maximum d’espèces. Nous avons passé une lettre d’information dans les différents clubs de plongée mais c’est surtout grâce au bouche à oreille, et au site internet, que nous avons formé une véritable équipe de “Nudibranchés”. Les aléas de la vie, les départs vers la métropole de certains ont fait que j’ai ensuite porté seul le projet.
La Nouvelle-Calédonie a toujours été un lieu d’étude privilégié pour les nudibranches…
C’est vrai, ou plutôt plus scientifiquement pour les mollusques opisthobranches, appelés par simplification les nudibranches. La première étude locale, de J-C Crosse, remonte à la fin du dix-neuvième siècle. Puis Jean Risbec, professeur de Mathématiques et Sciences Physiques au Collège Lapérouse de Nouméa, a publié 2 ouvrages de référence : le premier en 1928 qui lui a servi de Thèse et le second en 1953. Il avait alors décrit environ 150 espèces. D’autres biologistes ont ensuite poursuivi son travail.
De nombreuses espèces Calédoniennes doivent ainsi leur nom à des personnalités locales. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Chromodoris kuniei est dédié aux habitants de l’Ile des Pins que l’on nomme “Kuniés”, le genre Noumea (nom de la capitale de la Nouvelle-Calédonie) dont Noumea laboutei est un hommage à Pierre Laboute, photographe sous-marin vivant à Nouméa, Noumea catalai a été nommée en référence à René Catala qui a fondé l’aquarium de Nouméa, le genre Risbecia vient du nom de jean Risbec …et ce ne sont que quelques exemples.
Vous avez fait appel à des spécialistes pour enrichir votre guide…
Effectivement, si ce livre est le fruit d’une rencontre entre passionnés, d’éminents spécialistes nous ont ensuite apporté leur aide : comme le Dr Richard Willan, conservateur de Mollusques au Muséum et Gallerie d’Art de Darwin, ou Dr Nathalie Yonow, Terry Gosliner et David Behrens.
A votre avis, à qui s’adresse-t-il ?
A la fois à des amateurs, grâce à des textes simples complétés par des anecdotes de plongée, et à des spécialistes. La première partie donne de nombreux détails illustrés sur la biologie. On y apprend notamment quels sont les stratégies de défense développées par ces “escargots” qui ont perdu leur coquille. Moyens qui les rendent d’ailleurs quasiment invulnérables face aux prédateurs.
Combien d’espèces compte-t-on dans les eaux calédoniennes ? Certaines sont-elles endémiques ?
En préparant ce guide, j’ai comptabilisé 370 espèces. Et la liste continue à s’allonger, avec une espèce supplémentaire presque chaque mois. Certaines sont apparemment endémiques, une vingtaine en tout qui n’ont pour l’instant pas été observées ailleurs.
Quelle est votre plus belle « plongée nudibranches » ?
Comme tout plongeur, je dirais que la plus belle des plongées reste la prochaine. Nous avons la chance de pouvoir plonger sur des sites accessibles de la plage qui nous permettent d’observer de très nombreux Opisthobranches et de partager de vrais moments d’émotions. Chaque scène de ponte, d’accouplement, de prédation ou d’alimentation permet, en tant que photographe, de faire des clichés d’une rare intensité. Ces photos sont d’ailleurs bien souvent partagées grâce à un forum réservé aux Opisthobranches de Nouvelle-Calédonie.
L’auteur
Jean François HERVE, chirurgien ORL de formation, installé à Nouméa, est passionné par l’extraordinaire richesse du grand lagon calédonien. Sorti en novembre 2010, année de la biodiversité, le guide des nudibranches de Nouvelle-Calédonie en est une illustration parfaite.
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