L’un des meilleurs spots d’observation des baleines
Rurutu est l’une des 5 îles des Australes de Polynésie. C’est en lisant le Numéro 1 du Mag de Scuba People que j’ai appris l’existence de cette petite île qui était présentée comme l’un des meilleurs spots d’observation des baleines à bosse. Les grandes dames de la Mer remontent des eaux froides pour mettre bas et se reproduire entre juillet et octobre. La première île qu’elles rencontrent lors de leur remontée est Rurutu qui représente pour elles un refuge où se poser. Ne vous attendez pas à voir des « bancs » de baleines, ça n’existe pas. D’ailleurs au delà de 4-5 baleines autour de l’île, l’agitation qu’elles provoquent entre elles, les fait partir, laissant la place libre pour d’autres baleines solitaires qui arriveront peut être le lendemain ou le surlendemain (ou la semaine prochaine…)
Avec le “légendaire” Eric Leborgne
Arrivés à Rurutu, nous faisons la connaissance du légendaire Eric Leborgne, l’homme qui parle à l’oreille des baleines ! Après un premier briefing, nous montons sur un petit bateau de pêcheur pour 3 heures d’exploration et commençons l’apprentissage du mot « patience ». Le meilleur moyen pour observer les baleines sous l’eau consiste à les repérer pendant leurs phases de remontée entre deux apnées du sommeil. En général, on aperçoit un souffle au loin, puis un corps qui fait le dos rond, suivi d’une queue qui perce les flots. Après avoir repris son souffle, la baleine repart dans les profondeurs pour 15-20 minutes d’apnée. C’est à ce moment-là que nous sommes sensés nous mettre à l’eau, en PMT, avec le plus grand calme possible. Une fois la baleine repérée sous l’eau, il ne reste plus qu’à attendre qu’elle remonte tranquillement pour reprendre son air, en poumon ballast !
Le troisième jour, un festival !
Sur 3 jours de sorties, nous avons été plus ou moins chanceux. Le 1er jour, nous avons observé plusieurs souffles, mais lors de la mise à l’eau, les baleines étaient en pleine activité et s’enfonçaient rapidement dans le bleu, poussées par quelques snorkelers qui les coursaient. Le 2ème jour, nous avons fait chou blanc, la houle rendant les souffles difficiles à repérer. Mais le 3ème jour, ce fut un festival !!! Le matin, nous avons pu observer 3 nouvelles baleines qui avaient élu domicile autour de l’île. Deux mâles sautaient et dansaient pour convoiter une femelle, un spectacle à couper le souffle. Puis, l’après-midi, tout était devenu plus calme. La femelle avait jeté son dévolu sur l’un des mâles, et nous avons pu observer ce nouveau couple pendant la sieste, remontant toutes les 15 minutes à la surface, au fil de leurs apnées du sommeil… Des moments de grâce à en pleurer dans le masque !
Hébergement
Sur Rurutu, les structures hôtelières sont réduites. Nous avons logé au Manotel, une charmante pension de famille avec 5 farés bien tenus par Yves et Hélène qui connaissent l’île comme leur poche.
Club de plongée
Le Raie Manta Club, représenté par Eric Leborgne était jusqu’à aujourd’hui la seule structure qui proposait des sorties en mer, assurant le bon équilibre entre tourisme et quiétude des animaux. Depuis peu, un nouveau prestataire, le pêcheur Nahuma, propose également des sorties baleines. L’avantage de cette nouvelle concurrence, c’est que le prix de la sortie à la journée est tombé de 100 euros à une soixantaine d’euros. Nous avons essayé de sortir également avec Nahuma, mais les sorties sont moins garanties et semble un peu conditionnées au bon vouloir du jour du pêcheur. Le Raie Manta Club reste une valeur plus sûre, à mon sens, avec des années d’expérience dans l’approche respectueuse des cétacés.
Sur terre
Rurutu est une île volcanique et les paysages changent de ceux rencontrés dans les lagons de Tuamotu ! J’ai profité d’une demi journée où les baleines n’étaient pas au rdv pour faire le tour de l’île en voiture (en vélo c’est plus difficile, car les vélos à rétropédalage ne sont pas les plus adaptés aux routes de terre, puisque la moitié de l’île est goudronnée), visiter les grottes et les villages, s’incruster au vin d’honneur d’un mariage… Les habitants de Rurutu sont a-do-ra-bles !
Coup de gueule
Avoir la chance d’observer les baleines demande du respect et de la quiétude. Ces rencontres mémorables se méritent. Il est nécessaire de faire le moins de bruits et de bulles possibles, ce qui n’est pas donné à tout le monde… en effet, cela ne semblait pas être la qualité première de nos compagnons de palanquée que nous appellerons affectueusement « les gros lourds » : le genre de mecs qui font une bascule arrière alors qu’on les briefe sur une mise à l’eau la plus discrète possible, ou qui foncent sur le mammifère, quitte à vous envoyer leurs palmes en pleine figure. Et oui, nous avons eu la chance de rencontrer les baleines à Rurutu, mais la malchance de tomber sur des photographes “professionnels” dont je tairai le nom. Ces derniers ont gâché certaines rencontres, puisque sous prétexte de faire LA photo pour LE magazine, ils en faisaient fuir l’animal. Ca pourrait être pire, me direz vous… finalement c’est lors de la dernière sortie, sans nos gros lourdauds, que nous avons passé le plus de temps avec les cétacés qui remontaient à 5 mètres de nous… Respectez les animaux, il vous le rendront bien !
En conclusion
Voilà, après Moorea, Rangiroa, Fakarava, mon aventure polynésienne s’achève à Rurutu. Sans exagérer, je peux vous dire que ce furent les plus belles plongées de ma vie de plongeuse, et je n’oublierai pas ces rencontres mémorables avec les dauphins de Rangiroa et les baleines à bosse de Rurutu. Je garderai aussi en mémoire ces rencontres terrestres avec les vahinés et les tanés dont la joie de vivre et l’accueil font de la Polynésie une terre dont nous avons beaucoup à apprendre.
J’y retournerai, c’est sûr… j’ai commencé à remplir une nouvelle tirelire ! Enfin, un spécial Mauruuru roa aux équipes de Key Largo et de leur très efficace correspondant local, Manureva, pour l’organisation de ce voyage de rêve.
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