Retour à la vie aquatique…
Alors que la vie est sortie des océans pour coloniser la terre ferme, certaines espèces ont pris le chemin inverse, certainement poussées par une compétition de plus en plus forte pour la nourriture. C’est ainsi que d’un ancêtre commun terrestre appelé mésonyx, sont apparus au fil des millions d’années les cétacés modernes, après des transformations morphologiques et physiologiques majeures : migration des narines, perte des membres postérieurs, transformation des membres antérieurs en nageoires, disparition du système pileux et des pavillons auditifs, migration des glandes mammaires…
Décrits par Aristote
Aristote (384-322 av. JC) le premier affirma que les cétacés étaient des mammifères. Il avait aussi découvert que cet ordre se divisait en deux sous-ordres, les Odontocètes , c’est à dire tous les cétacés à dents et donc les dauphins, et les Mysticètes, cétacés à fanons. Anatomiquement, on retrouve tous les organes des mammifères, dans un corps adapté à un mode de vie aquatique avec une longue silhouette fuselée. La nageoire caudale, aplatie horizontalement, et très puissante, leur permet de jaillir de l’eau en faisant des sauts spectaculaires.
Sortir de l’eau
Les dauphins sortent de l’eau, sans arrêt. Et pour plusieurs raisons. La première est bien sûr de respirer ! Comme tous les mammifères, les dauphins possèdent des poumons qui les tiennent liés au milieu aérien, comme leurs ancêtres. C’est l’évent qui joue le rôle de narine unique. Naturellement, il s’est déplacé au cours du temps vers le haut du crâne pour faciliter la respiration à la surface de l’eau. Par ailleurs, l’air est un milieu beaucoup moins dense que l’eau, et donc moins porteur. Le fait de sauter hors de l’eau leur permet de gagner de la vitesse à la retombée. Et le saut est pour eux un élément indispensable de la vie sociale, qu’il s’agisse d’un simple jeu, d’une démonstration de force ou d’une parade amoureuse.
Une peau de champion olympique
Une des caractéristiques principales des mammifères est la présence d’un système pileux sur la peau. Mais quel handicap pour un animal qui a besoin de nager rapidement pour se nourrir ! C’est pour cette raison que la peau des cétacés s’est largement modifiée, notamment par la disparition des poils (certaines espèces possèdent quelques poils épars chez les jeunes, qui disparaissent par la suite). Et si la peau des dauphins parait parfaitement lisse, sa texture est en réalité bien plus complexe. Parcourue de minuscules rides dirigeant le flux de l’eau, les dauphins sont capables également de modifier la structure interne de leur peau afin de réduire au maximum les turbulences dues aux déplacements et pour atteindre des vitesses de plus de 50 km/h !
Naître sous l’eau…
Les parties externes des organes sexuels des dauphins ne sont pas visibles. Ils sont protégés dans des replis cutanés de l’abdomen. Cependant, il n’est pas rare de voir un dauphin mâle tous attributs dehors à la vue d’une charmante plongeuse… La gestation dure environ 12 mois. Le petit sort la caudale en premier et ira rejoindre la surface pour sa première inspiration, généralement aidé par une marraine, venue assister la femelle pour son accouchement. La mère allaitera son petit pendant 1 à 2 ans et s’occupera de son éducation.
Dormir… mais que d’un œil !
Chez les dauphins, la respiration est un acte volontaire, ce n’est pas un réflexe comme chez nous par exemple. En d’autres termes, les dauphins doivent penser à respirer. Dans ces conditions, comment s’endormir sans se noyer ? La solution est tout simplement de mettre au repos un seul hémisphère cérébral à la fois. Durant les périodes de repos, le métabolisme ralentit et le dauphin reste quasi immobile à la surface, un œil ouvert et une nageoire hors de l’eau. Il peut ainsi contrôler son évent et également rester au contact de son environnement. Puis le schéma cérébral s’inverse, et c’est l’autre hémisphère qui se met au repos. Le sommeil alternatif, aussi appelé « unihémisphérique », dure environ huit heures par jour, par tranches de deux heures maximum.
Des sens en alerte permanente
Les dauphins sont parmi les animaux les plus tactiles. Leur peau magique (Pour ceux qui n’ont pas suivi, il faut revenir un peu en arrière…) est abondamment pourvue de terminaisons nerveuses, les zones les plus sensibles étant situées au niveau de la tête, autour des yeux, du rostre, de l’évent et des mâchoires. Et se toucher, se frôler, multiplier les jeux les plus sensuels fait partie intégrante de leur quotidien. Leurs yeux leur confèrent également une excellente vue autant sous l’eau que dans l’air : ils peuvent modifier la forme de leur cristallin, et éviter les aberrations visuelles. Et leur ouïe est aussi extrêmement fine : dans un milieu où les sons se déplacent bien plus rapidement que dans l’air, les os du crâne et de la mâchoire inférieure les transmettent jusqu’à l’oreille interne. Le centre auditif occupe une grande place dans le cerveau.
L’écholocation : un sixième sens…
Et les dauphins ont développé un sixième sens particulièrement sophistiqué ! L’écholocation consiste à envoyer une onde sonore et à écouter ce qui revient après avoir rebondi sur une « cible ». Ce système permet ainsi aux dauphins de scanner en permanence leur environnement. Les « clics d’écholocation » sont émis entre l’évent et le larynx, et sont amplifiés par le melon qui envoie un faisceau d’ondes qui se propagent dans l’eau. L’écho est ensuite capté par l’oreille interne et interprété par le cerveau. Lorsqu’il se déplace, le dauphin scanne son environnement avec un faisceau large , constitué d’ondes de basses fréquences, qui lui donnent des informations, mais peu détaillées. Et lorsqu’il détecte quelque chose susceptible de l’intéresser, il se rapproche en émettant un faisceau plus étroit constitué de basses fréquences qui lui donnent des informations plus précises.
Et ce n’est que dans leur milieu naturel, loin de l’image de Flipper véhiculée par les parcs à thèmes, que l’on peut prendre toute la mesure de leurs étonnantes capacités.
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