Une petite mer intérieure
La Ria d’Etel, si elle a l’allure d’une rivière, est en fait une véritable petite mer intérieure qui s’enfonce dans les terres en des méandres interminables, un monde qui s’élargit et se rétrécit au fil des heures. Car contrairement aux fjords, elle se vide et se remplit au gré des marées, toutes les 6 heures, et c’est ce qui fait toute sa richesse. Les mouvements d’eau incessants, les courants puissants, donnent aux sites de plongée, en fonction de leur exposition, de leur profondeur, toute leur spécificité. « Chacun des sites sur lesquels nous plongeons, une dizaine en tout, est vraiment différent, explique Jérôme Ollivry d’Au Bord de la Terre …».
Toutes les espèces de l’Atlantique
Là, on découvre des araignées en grand nombre, ailleurs des homards, plus loin un repaire de congres, au milieu de tapis d’étoiles de mer chamarrés de rose ou de bleu, de blanc ou de gris. D’immenses parterres de Corynactis, les magnifiques anémones bijoux dont les couleurs explosent, vertes, oranges, jaunes, violettes se mélangent à d’autres anémones, encroûtantes, communes, vertes. Une quarantaine d’espèces d’éponges différentes a été recensée en tout dans la Ria, on trouve aussi des gorgones, des nudibranches par dizaines, des œillets de mer verts, bruns. Côté poissons, on retrouve toutes les espèces marines, du bar, de la daurade, du mulet, mais aussi targeurs et soles, et même du saint-pierre et son comparse exotique le baliste, au milieu des laminaires, des herbiers de zostères, et de toutes les algues qui peuplent les fonds atlantiques… Sur chaque site, c’est un monde miniature merveilleux qui se développe, profitant d’une niche, d’une alvéole plus calme ou plus ensoleillée. La découverte de cet univers est un pur régal lors des plongées de nuit, pratiquées sans modération tout au long de l’année, plusieurs fois par semaine selon les saisons. S’y ajoute alors la magie du plancton luminescent, surprise …
Profiter des marées
Puisqu’on est en Bretagne, il faut bien suivre les marées, s’adapter chaque jour à de nouveaux horaires, guetter les coefficients. Mais plus qu’une contrainte, c’est en fait une fabuleuse richesse qui permet de multiplier les plongées. Sur la plupart des sites, on plonge à l’étale, lorsque les courants s’annulent et que les flots calmés conservent pour un long moment le même niveau. A pleine mer, la Ria est alors au plus large, étalée dans les moindres recoins, offrant des possibilités de séances pour débutants sans commune mesure. A basse mer, elle laisse apparaître les nombreux parcs à huîtres et autres marques d’une activité humaine en harmonie avec l’espace naturel.
Mais l’on profite aussi des mouvements de marées pour faire des dérivantes, sur près de 7 kilomètres ! Et en choisissant son heure, parce que la puissance du flot va crescendo, les plongeurs dès le niveau 1 peuvent goûter au bonheur d’une longue balade à la dérive sur des fonds qui n’excèdent pas 12 mètres, tandis que les plus aguerris, en attendant deux heures de plus, s’adonnent ensuite à leur tour à des plongées plus « sportives » allant jusqu’à 16 mètres. Lorsque la puissance du courant est au maximum à marée descendante, il peut atteindre huit nœuds, et les kayakistes profitent même des rapides qui se forment dans les goulets !
Petits fonds et visibilité
La Ria, même à marée haute, ne dépasse pas 22 mètres de profondeur. Des petits fonds qui permettent de débuter en toute quiétude, mais aussi de se former en totalité jusqu’au niveau 2, et de commencer à préparer son niveau 3 pour ceux qui souhaitent faire de l’école et pas seulement de l’exploration. En moyenne sur l’année, la visibilité est de cinq à six mètres, mais elle est, certains jours, bien meilleure en fonction des saisons et de la luminosité, pouvant dépasser les 10 mètres. « Et contrairement à ce que l’on croit, insiste Jérôme, notre durée d’ensoleillement sur l’année est comparable à celle de Biarritz ou de Bayonne », et avec l’investissement d’un bateau semi-rigide depuis 2 ans, la structure peut aussi satisfaire d’autres envies, aux alentours de Groix et Belle-Ile.
Plonger du bord
Ici, on plonge du bord. Un choix de Jérôme qui s’avère payant : pas de trajets en bateau dans le vent et le froid, pas de bruit de moteur. Et on privilégie le minibus, qui emmène tout le monde en quelques minutes sur le site choisi et permet déjà de faire connaissance. « On gagne vraiment en convivialité, explique Jérôme, en plus de la démarche éco-citoyenne du covoiturage ». Mais aussi en temps d’activité : en deux heures et demie tout compris, on a fait sa plongée, on a pris le temps de boire un café ensemble, et au gré des marées il reste ensuite un bon bout de journée pour faire autre chose, par exemple en famille. Et Jérôme prévoit de mettre en place un service de baby-sitting, qui permettra aux parents de plonger en laissant les plus jeunes en toute quiétude.
Un projet global de respect de l’environnement
Jérôme est installé sur un site Natura 2000, une zone marine considérée comme unique, remarquable ; et pour être cohérent, il fallait avoir une réelle démarche de protection de son environnement. Chaque jour, elle passe par de petits gestes, ou par des choix plus importants, comme par exemple celui de construire son local sur une dalle flottante, sans chape, pour que la nature reprenne immédiatement ses droits le jour où il déménagera. Jérôme a également mis en place une charte environnementale propre à son entreprise, rédigée avec l’aide de la chambre de commerce et d’industrie locale, qui vient compléter la charte de la plongée en Ria, véritable mémo du plongeur respectueux de son environnement, mise en place en 2007 par la municipalité de la commune balnéo rurale de Plouhinec. Il ramasse aussi les plombs de pêche qui jonchent les fonds de la Ria : après en avoir utilisé des dizaines de kilos pour fondre ses plombs de lestage, il les revend maintenant et a décidé de reverser les fonds récoltés à des associations (Longitude 181, Gandaloo, Tendua). Il a également fait le choix d’appliquer le principe de la « compensation carbone », et finance des opérations d’aide humanitaire, la dernière en décembre 2011 pour la réhabilitation d’un orphelinat au Togo.
Rendre la plongée accessible à tous
Mais Jérôme ne se contente pas de faire plonger les palmipèdes les plus à l’aise ; depuis quelques années, il a décidé de relever d’autres défis et d’ouvrir ses portes de façon officielle à tous ceux qui sont un peu en marge de la plongée classique. Il accueille ainsi les handicapés, moteurs ou mentaux qui doivent bien sûr bénéficier de certaines adaptations, mais aussi ceux dont le « handicap » est moins visible mais bien réel : les séniors, qui dans notre société de jeunes n’osent parfois pas pousser la porte d’un club de plongée, les « aquaphobes », pour qui enfiler un masque relève de l’exploit, et tous ceux qui ne sentent pas suffisamment à l’aise dans une structure classique. « Même une personne en dépression, explique Jérôme, est à ce moment de sa vie en situation de handicap, qui suppose un encadrement particulier ». Chaque année, le club organise Handibulles©, rendez-vous de plongée ouvert à tous les handicaps, permettant de réaliser un baptême en conditions réelles, en milieu naturel. Le 17 juin cette année.
Côté pratique
On peut plonger toute l’année dans la Ria d’Etel. La température de l’eau oscille entre 8° en février et 14° en mars/avril, 16° en mai, 18 à 20° de juillet à septembre, 16 à 14° en octobre et 12 à 10° en novembre/décembre.
Centre de plongée et d’activités nautiques Au Bord de la Terre…
10, rue de la Croix – Lieu-dit Kervarlay – 56680 PLOUHINEC
02 97 85 76 49 – 06 63 07 61 96.
www.auborddelaterre.com
Ouvert toute l’année de février à décembre 7/7 de Pâques à La Toussaint.
10, rue de la Croix – Lieu-dit Kervarlay – 56680 PLOUHINEC
02 97 85 76 49 – 06 63 07 61 96.
www.auborddelaterre.com
Ouvert toute l’année de février à décembre 7/7 de Pâques à La Toussaint.