« T’es partie où cet été ? »
Quand on répond « en Micronésie », en général, l’audience circonspecte rétorque : « Hein, c’est où/quoi, la Micronésie ? » Et quand on répond « Palau, » on a le droit à « Oula ça doit être rempli de moustiques, t’as pas eu le paludisme ? » ou bien « Ha oui, y’a eu un Koh Lanta, là-bas » !
Et oui la Micronésie, c’est là-bas, très très loin, aussi loin que mes cours de Géographie… entre le Japon et la Papouasie Nouvelle Guinée, à l’Est des Philippines. Bref, vous l’aurez compris, la Micronésie, c’est à Dache…
Mais une fois que l’on a digéré au moins 24h de voyage et plusieurs vols en passant par Taipei ou Manille, la Micronésie s’avère être un paradis de la plongée.
De mon côté j’ai opté pour 36h de voyage à l’aller, direction Yap tout d’abord, en passant par Franckfort – Taipei- Koror (Palau)… pour rejoindre dans un second temps Palau, rendant ainsi le retour plus court (24h seulement !)
1ère étape : Yap
Ce qui frappe tout de suite, c’est le rythme… cool Raoul ! La noix de béthel qui est chiquée de 7 à 77 ans, semble imposer un rythme lancinant ! La vitesse est limitée à 30 miles (moins de 50 km/h) partout sur les îles, et la première chose que nous dira notre chauffeur à la sortie de l’aéroport sera : « You know, everything is slow here… Even the Internet is slow ! »
Nous sommes allés à Yap pour y voir des Mantas. Apparemment, il y a plus de 100 mantas résidentes dans le coin… Nous n’en verrons que 3, de loin, le dernier jour de notre semaine de plongée… le reste du temps nous avons passé chacune des plongées du matin, agenouillés devant une station de nettoyage en attendant qu’elles pointent le bout de leur nez. Et je peux vous assurer que passer 30 minutes, les genoux dans le sable à regarder des rochers, ça laisse le temps de réfléchir sur le sens de sa vie 😉 ou bien à la dernière paire de palmes à talons que l’on aimerait s’offrir ! Finalement, je crois que nous avons vu plus de mantas sur la mosaïque au fond de la piscine ou les rideaux de
douche ! Je sais, c’est le jeu ma pauvre morue, mais pour les mantas, il vaut mieux y aller à la saison
des amours, en février-mars…
Le reste des plongées se fait le long de murs où l’on apprécie des rencontres avec des requins, gris, pointes blanches ou noires qui sont en nombre… en particulier sur Vertigo qui est le lieu du shark feeding organisé par Yap Divers. Pas besoin de faire le shark feeding, on laisse ça aux bourrins/Américains…
L’avantage sur Vertigo est néanmoins que les requins viennent dès qu’ils entendent le bateau arriver. Pavlov aurait pu remplacer son chien par un requin, l’expérience aurait été la même ! Il y a également quelques sites où l’on peut voir de la macro, des poissons feuilles, nudibranches et compagnie. Malheureusement ces sites ne sont pas toujours accessibles, en fonction des marées , du courant et des vagues, bref les aléas de la mer.
Quand à l’hôtel, le Manta Ray Bay resort, il a l’avantage d’intégrer le centre de plongée Yap Divers, ce qui est plutôt pratique. Il a également pas mal d’allure, puisque le restaurant, Mnuw a été implanté sur un vieux gréement auquel on accède par une passerelle. La terrasse du haut est agréable pour y boire une bière pression brassée sur place par le propriétaire des lieux, un vieux Texan qui s’est perdu là il y a plus de 20 ans. Le seul problème du resto est la variété et la qualité des plats : vous avez le choix entre des pizzas ou des hamburgers… ce qui en général fait pester les Français ! Un conseil, sortez de l’hôtel pour diner. Juste en face, l’Oasis offre de grosses assiettes de sushis pour 5$ seulement, un curry onctueux et des planchas généreuses ! Ca sent un peu le graillon, mais qu’est-ce que c’est bon !
Pour faire le tour (terrestre) de l’île, une demi journée suffit… On peut découvrir les fameuses “maisons des hommes”, qui sont utilisées pour les grandes occasions ou les conseils de quartier. Yap est connue pour sa “stone money”, une monnaie faite de lourdes pierres… vous pouvez donc visiter une stone money bank, sorte de banque en plaine air ! Et puis, il y a pas mal de vestiges de la seconde guerre mondiale. En pleine jungle, on voit soudain apparaitre une veille carlingue japonaise en miettes… cela donne des ambiances dignes de la série Lost… on se croirait dans le projet Dharma !
Vous l’aurez compris, c’est un peu déçue de n’avoir pas vu les ballets de mantas attendues que nous repartons de Yap, direction Palau pour quelques jours de plongées « classiques » avec Fish’n fins et une semaine de croisière sur le Ocean Hunter III.
2ème étape : Palau
Thanks god, Palau fut à la hauteur de nos attentes. Sur les 3 spots phares de l’endroit, German Channel, Blue Corner, Ulong channel, ce fut un festival de requins traversant des bancs de carangues ou de barracudas, le tout pimenté de napoléons très curieux, de tortues à gogo ou encore de quelques raies aigles en plein vol plané. Une sorte de pizza 15 fromages de la plongée !
Tous les plongeurs rencontrés sur place étaient émerveillés. Quelques uns revenaient pour la troisième fois ! Je n’ai vu que des plongeurs heureux… azotés et heureux… mis à part un plongeur qui râlait de ne pas avoir vu suffisamment de nudibranches et tout ce qui fait la joie des dingues de macro… Le mec était entouré de requins, et la seule chose qu’il recherchait, c’étaient des nudibranches ! Et bien, devinez quoi… le râleur était Français (comme la plupart des râleurs que l’on rencontre en voyage, d’ailleurs !)
En plus de ces gros spots à courant (on s’accroche aux murs avec un bout et un crochet pour profiter du spectacle comme en apesanteur), Palau propose quelques plongées originales, pour ceux qui en auraient marre de voir des requins !
La première est le Jellyfish lake , un lac d’eau salé rempli de milliers de méduses qui ont perdu leur pouvoir urticant au fil du temps et faute de prédateurs. C’est une plongée snorkeling où l’on se frotte aux méduses sans s’y piquer. Au bout de 10 minutes d’adaptation, on apprécierait presque les caresses qu’elles procurent, en pensant très fort à Bernard Giraudeau à l’époque de l’année des Méduses 😉
J’ai également adoré la plongée Chandelier Cave, qui se compose de 3 grottes dans lesquelles on peut respirer en remontant à la surface. Une plongée d’ambiance avec fous rires nerveux assurés. Claustrophobes s’abstenir, car on peut vite se sentir étouffé comme dans un ascenseur en panne, avec la musique de Richard Clayderman en moins ! Et attention au yoyo dans les oreilles !
Et puis, il y a des épaves (qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable, la visi pourrie n’ayant pas aidé) et une plongée au coucher de soleil pour aller voir les poissons mandarines… vous savez, ces petits poissons colorés qui copulent aussi vite que l’éclair… Que celles qui n’ont jamais pensé au poisson mandarine dans les bras d’un amant trop rapide lèvent le doigt 😉
Côté faune, ce fut donc un véritable aquarium. Quant au bateau, le Ocean Hunter III, c’est le top du top… 4 plongées par jour (+1 de nuit pour ceux qui ne sont pas suffisamment azotés), un équipage mixte micronésien/philippin aux petits soins, des cuistos hors paire, des serviettes chaudes à la sortie de l’eau, un smoothie maison pour le goûter, des cabines modernes et propres et puis 2 jacuzzis sur le pont dans lesquels on peut admirer le soleil couchant tout en sifflant une Corona… Elle est pas belle, la vie ?
Sur terre, on peut faire quelques balades ou encore visiter le musée de Palau où l’on voit plutôt des panneaux expliquant l’histoire de l’île que de réelles pièces d’arts premiers (ben oui, on a tout mis au Musée du Quai Branly à Paris !).
Vous pourrez également aller visiter la boutique de la prison… oui, vous m’avez bien lue, vous pouvez aller visiter la prison, j’y suis même allée toute seule, vu que mon Buddy était en train de mourir sous 4 couvertures (car c’est bien connu, un homme malade a toujours l’impression
qu’il va mourir à cause d’un petit rhume !) Bref, les prisonniers sculptent des petites histoires sur des planches de bois en forme de poisson. Ces story-boards sont typiques de l’artisanat local. La spécificité des storyboards de la prison réside dans le fait qu’ils relatent plus des histoires de Kâma-Sûtra que des histoires de pêcheurs… Pas facile à accrocher dans son salon, une fois de retour à la maison !
Niveau hébergement sur Koror, nous étions au Rose Garden Resort, mais je pense que le Carolines Resort est le meilleur rapport qualité prix, car il permet de jouir gratuitement des infrastructures du PPR, Palau Pacifi Resort, un hôtel de luxe à 10 minutes de marche du Carolines, sinon le droit d’entrée à la journée est de 30$. Vous pourrez ainsi profiter d’une des rares plages de Koror, de la piscine et siroter quelques cocktail Shark Attack (en fait, un seul suffit à vous mettre KO !)
Bonnes bulles à tous,
Marie (La morue)
Quelques conseils pratiques
– TO : je suis partie avec KeyLargo, ils connaissent la destination sur le bout des doigts et vu la complexité pour trouver les bons vols, passer par une agence de voyage spécialisée me semble être une sage option !
– Matos : Une combi 3 mm ou moins, l’eau est à 30°C ! Un crochet de plongée : Vous trouverez des reef hooks sur place chez Fish’n fins
– Clopes : si vous voulez éviter de fumer de la paille locale (le mieux c’est d’arrêter, oui je sais), il vaut mieux acheter ses Marlboro à l’aéroport tout en évitant de dire que vous en avez quand vous passez la douane… A Yap, il n’y a que de la paille et des noix de béthel, et à Koror, il faut aller à la station service pour en trouver !
– La meilleure saison : la saison sèche est de novembre à mai. J’y étais en août, en pleine saison des pluies. Sur 20 jours, j’ai du avoir 2 jours de grosses pluies. Donc l’été c’est faisable également, et comme c’est la basse saison, il y a moins de plongeurs ! Donc Ok sur Palau, en revanche pour Yap, je recommande vraiment la saison sèche en particulier février-mars pour la reproduction des mantas.
– Téléphone : la Micronésie n’a pas signé d’accords avec les opérateurs internationaux. Pour appeler, il vous faudra acheter une carte SIM prépayée qui vous donnera un numéro local. Le mieux est encore de décrocher ! Iphone et backberry sur OFF, c’est ça les vacances !
– Internet : on achète des cartes de 10$ pour 4 heures pour se connecter en wifi et consulter son site préféré, scuba-people.com. A l’aéroport de Koror, on peut aller boire un verre à la terrasse du Lounge (à gauche en sortant), ils ont un accès ouvert en wifi.
– Electricité : c’est du 110V, pensez à prendre un adaptateur pour prises anglaises. Dans certains hôtels et sur le Ocean Hunter III, il y a des prises 220V bien de chez nous, mais mieux vaut se munir d’un adaptateur.
3 commentaires
Compte rendu vraiment sympa. Cela donne envie !
Merci de nous faire partager ce voyage.
Merci à tous pour vos commentaires.
@Christian LOBREGAT : j’utilise un Lumix TZ10 dans son caisson panasonic + un petit flash externe..
C’est du reportage…! Micronésie… ça fait quand même parti d’un itinéraire incontournable, dans la vie d’un plongeur. Personnellement, je n’y suis jamais allé et aimerais bien y faire un tour… Merci A+.