Un escargot en plongée.
Le monde du silence peut-être mais ça n’empêche pas de dire ce qu’on a à dire….
C’est ainsi que moi et un ami plongeur venus tout droit, enfin presque, de Guadeloupe à bord de nos fiers “un mat” par une météo pas très favorable nous abordons les côtes de Martinique. Objectif, un peu de plongée ” buissonière”.
Dans les bateaux, y a tout ce qui faut ! Les stabs, les ordis de plongée, combis, bouteilles, appareils photo, lampes… La panoplie du parfait petit plongeur en vadrouille. Faut dire qu’on est motivé pour ce deuxième séjour sur l’île. D’abord Saint-Pierre et son site d’épaves maintenant accessibles à partir de coffres réservés aux bateaux de plongée et le Sud avec une excursion au Diamant pour nous changer de notre Sec Paté Guadeloupéen.
Ça, c’est le principe maintenant voyons la réalisation. J’y vais doucement mais c’est aussi annoncé dans le titre !
Première plongée sur le Gabriella, pure produit de l’éruption de 1902. Le doublage en cuivre de ce qui reste de la coque est encore bien visible. C’est très colonisé et poissonneux car assez isolé sur un fond de sable de 35 -38 m. L’eau est belle et les quelques minutes de palier sont bien occupées à scruter les habitants de la chaîne de mouillage du coffre fonctionnant comme un mini récif vertical. De retour aux bateaux la question cruciale se pose maintenant … Où trouver de l’air ? Ben oui, les blocs amenés gonflés de Guadeloupe sont à 70 bars… Et le programme plongée à peine entamé.
On vise Papa d’Lo sur la plage. On connaît un peu car on a fait le Roréma avec ce club lors de notre voyage en 2010. Zut! Il a l’air fermé. On espère que “Surcouf Dive” sera ouvert. Alors qu’on glisse gentiment en annexe jusqu’au Sud de la baie, on voit le bateau du club qui arrive et débarque ses plongeurs. On fait facilement connaissance avec Olivier, propriétaire de la structure, à qui on explique notre projet et on exprime notre besoin d’air. Pani pwoblèm comme on dit ici. On évoque aussi l’idée d’une sortie sur la Perle, un rocher tout au Nord de l’île, et par chance il y emmène des clients le lendemain. Nous, ça nous va. Toujours prêts comme des scouts, on se greffe sur le groupe.
Je vous raconterai cette belle plongée une autre fois mais le lendemain fut un bon jour, Olivier et Gandalf, son bateau, nous ont offert une superbe sortie et un accueil chaleureux. Une ambiance de petite structure quoi, tu peux causer sans avoir le sentiment de retarder qui que ce soit. Tu discutes bestioles et matos avant et après avec un gars qui aime son job. Extra ! De retour au club, il nous regonfle nos bouteilles comme il faut tandis qu’il nous décrit ce qu’on trouvera d’autre sur les environs et notamment la “Fausse Thérésa et la Thérésa” qu’on souhaite découvrir le lendemain en autonomie. Et c’est ce qu’on fera tranquillement avec cette fois des paliers un peu plus longs car l’escapade en profondeur a un peu duré. Ben oui, faut quand même prendre le temps de trouver ces fichues tomettes sur l’une et de vérifier si le safran est bien encore visible sur l’autre épave !
Direction les Anses d’Arlets avec un petit pincement au cœur mais la météo nous pousse à gagner un abri plus sûr pour les prochaines 48 H. Sauf qu’on part avec nos blocs vides et qu’on ne sait pas encore ce qui nous attend.
Petite navigation de 4 H sous un ris et le vent dans le nez. Pas glop, pas glop !!!!
Le lendemain, le pote et moi, sommes à nouveau en goguette pour glaner quelques litres d’air. On fonce chez Plongée Passion, on est tout de suite accueilli par un gars un peu genre expatrié de sa banlieue parisienne qui dit bien vouloir gonfler nos bouteilles …mais après un petit contrôle ! J’ai le sentiment que son œil torve ne reflète pas complètement sa pensée. En effet, il commence par un avertissement bien naturel comme quoi c’est “un pro”, qu’il ne fait pas n’importe quoi et qu’il va vérifier nos bouteilles. Nous, on se dit encore ” Pani Pwoblèm “. Sauf que, son œil n’est pas seulement torve. Il est également myope et qu’il n’arrive pas à lire la date de réépreuve de moins d’un an sur un bloc et que pour l’autre, il n’arrive pas à lire mon nom de TIV sur ma carte fédérale. Tandis qu’on insiste un peu et que pensant le rassurer, je fais remarquer que mes deux bouteilles (des ROTH de 2011 et 2013) sont neuves, il me rétorque qu’il se méfie de l’acier d’aujourd’hui qui ne vaut pas celui d’avant. C’est qu’on sent tout de suite qu’on a affaire à une pointure dans le domaine technique avec ce gars les deux genoux dans le sable entrain de défaire les filets des bouteilles comme si c’était des bas résilles et de te dire des conneries pareilles. Un blondinet en néoprène du staff s’empresse d’imiter son employeur; peut-être y a-t-il besoin d’un deuxième expert ou peut-être faut il vite se débarrasser de ces deux touristes avant l’arrivée des vrais plongeurs ceux qui rapportent 45 à 50 euros la plongée. Comme je suis un peu énervé et qu’il me propose la formule lui-même, je lui accorde qu’il est bien un emm…eur.
Voyant la cause perdue après qu’il ait conclu par, je le cite ” je ne veux pas que vous me fassiez un procès si votre bouteille explose.” Nous décidons de lever le camp devant cet argument digne d’un narcosé à -60M et avant de n’exploser nous-mêmes. On laisse donc Plongée-Pognon à son business et à sa schizophrénie. Du coup, on n’a pas eu le temps de lui demander s’il emmenait au “Diamant”. De toute façon, il aurait peut-être eu du mal à lire notre numéro de licence, notre certificat médical, notre carte de niveau. Ou il nous aurait trouvés trop vieux, ou…. À moins qu’avec la passion pour son commerce cela ne s’arrange.
Juste à côté, y a “Alpha plongée”. Là, l’accueil est sympa. La “patronne” est avenante mais comme elle a aussi pognon sur plage (c’est comme pignon mais plus cher) et qu’il faut bien vivre de la plongée, elle t’annonce que c’est 15 euros le gonflage d’un quinze litres. Ça a faillit me couper le souffle mais je me suis abstenu car je voulais éviter un malaise qui m’aurait valu sans doute quelques insufflations à environ 4,5 euros au regard de ma capacité pulmonaire.
Cependant, tout n’est pas hors de prix. M’informant des tarifs, j’ai appris que le plongeur tout équipé bénéficiait d’une réduction de 3 euros sur sa plongée de 53 euros au fameux site du Diamant. Ce qui pourrait laisser penser que la location de l’équipement complet n’est pas si cher; l’ensemble PMT, le shorty, le gilet, la bouteille et son air, l’ordinateur, la parachute peut-être,… les plombs ? Pour moins de 40 cents l’unité (oui 3 euros divisés par 8 environ !)
En fait, je reviendrais peut-être faire le touriste avec juste mon maillot de bain et mon carnet de plongée mais pour l’instant, je me sauve car j’ai juste besoin d’air.
C’est le quasi désespoir, lorsque le bout de la plage atteint, j’aperçois un petit panneau indiquant 500 m plus loin en retrait du bord de mer “Abyss Plongée”. Là, on retrouve un gars qui a un compresseur sans robinets en or. Il a aussi le sourire, le goût du partage et te redonne envie d’aller mettre ton masque tes palmes et un détendeur pour finir la journée en beauté. Ce coup ci, il s’appelle Philippe, le club est simple mais comme chez Olivier, là-haut, sur Saint-Pierre, ici, c’est la passion du partage qui reste le moteur de l’activité subaquatique. Commerce, bien sûr mais tu es quand même accueilli en plongeur ! On gonfle et hop dans le foulée on fait la pointe Lézarde entre amis. Super joli !
Voilà, j’ai fini de baver sur les débiles, assez minoritaires heureusement, et je continue ma route, ma bouteille sur le dos comme un escargot en plongée.
Je sais que certains diront que j’assassine facilement mais je plaide légitime défense face à des voyous qui voulaient tuer mon rêve de plongée sur les chemins de traverse.
Jean-Jacques N4-E2
1 commentaire
Salut JJ ! J’aime beaucoup ton article, les choses sont dites clairement et avec humour ! Je te souhaite plein de rencontres sympas – c’est la majorité – les autres étant là pour faire rire les copains quand tu racontes l’anecdote !