Comme bon nombre d’entre vous, depuis environ 5 ans, je découvre de-ci de-là, des images de plongeurs qui caressent des dauphins au beau milieu de la passe de Tiputa à Rangiroa. Étrange comportement car, il y a 20 ans de cela, il arrivait assez régulièrement de les croiser mais aucun contact n’avait été observé. Hormis avec Junko, une monitrice japonaise qui faisait un effet bœuf à un grand mâle résident… Comment? Pourquoi? J’ai décidé d’aller sur place afin de me rendre compte et de tenter de trouver une explication si tant est qu’il y en ait vraiment une…
RANGIROA : NOTRE EXPÉRIENCE AVEC LES DAUPHINS
Souvent entendus, je ne les ai vus que 3 fois sur la vingtaine de plongées effectuées sur place. Deux fois très furtivement, un bref passage histoire de dire… et au revoir. C’est lors de ma dernière immersion que j’ai pu faire ces quelques images. Aucun montage, aucune coupure, aucun fondu, c’est une séquence de près de 4 minutes telle qu’elle s’est déroulée devant mon objectif.
Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que l’objectif de ce reportage est d’être informatif. En aucun cas l’objet de celui-ci n’est de faire une quelconque chasse aux sorcières pour établir un classement des centres de plongée en fonction de leurs attitudes ou façons de procéder.
Nous avons montré cette vidéo à certains spécialistes afin de recueillir leurs réactions. Nous vous les livrons maintenant ci-dessous.
YVES LEFEVRE – RAIE MANTA CLUB
Yves Lefèvre, photographe animalier et moniteur de plongée, est tombé sous le charme de la Polynésie française il y a plus de 30 ans, lors d’un voyage autour du monde. Il a posé ses palmes à RANGIROA où il crée, en 1985, le 1er centre de plongée sous-marine dans l’archipel des Tuamotu : le Raie Manta Club.
Sa passion et sa connaissance de la faune sous-marine, et plus particulièrement des requins, ont amené Yves à développer une nouvelle forme d’approche animalière : le safari sous-marin. Rangiroa est d’ailleurs devenu, grâce à son travail, l’un des plus célèbres spots de plongée “requins” au monde.
ALAIN PORTAL – GEMM : REACTION A CHAUD
Navigateur professionnel, whale-watcher repenti, fondateur et président du Groupe d’Étude des Mammifères Marins de Polynésie, sa formation d’animateur spécialisé dans les cultures scientifiques et techniques (DEFA) le prédestine plus particulièrement à donner une dimension « sciences participatives » au G.E.M.M. Il est également le « factotum » de l’association, tout-à-la-fois mécanicien, électricien, plombier, marin, cuisinier, plongeur, éditorialiste et skipper, suivant les besoins, sur toutes les actions du Groupe.
FRANCOIS SARANO – LONGITUDE 181
“Je ne suis pas favorable à ce que les plongeurs caressent les animaux, et je désapprouve vivement toutes tentatives de s’accrocher à eux. Et je suis bien évidemment opposé à l’agression par les plongeurs de dauphins piégés dans un espace confiné, une baie fermée, ou dans une zone de repos.
Néanmoins, je pense qu’en plein océan, ce que suggère cette vidéo, c’est que ce sont les dauphins qui sont maîtres du jeu. Dans cette vidéo, qui vient à l’autre? Le plongeur ou le dauphin? Qui est dans son monde, libre de choisir, le plongeur ou le dauphin? Pensez-vous une seule seconde que les dauphins ne viennent pas chercher le contact? Si au lieu de dauphins la vidéo montrait des plongeurs et des serpents qui viennent parfois s’enrouler dans nos détendeurs, ou des cerniers qui viennent s’abriter contre le plongeur, des rémoras qui se collent à nous, nous serions-nous demandé qui choisit la rencontre?
L’homme, de très loin le plus mal habile et le plus lent des mammifères marins, peut être considéré comme un point fixe tant il est lent. Alors que cétacés et pinnipèdes rivalisent avec nos navires les plus rapides. Tant que nous utilisons notre seule force musculaire, ce sont les animaux qui décident… le reste est affaire de respect.
C’est l’approche en bateau à moteur qui peut être contestable. Au delà de 5 nœuds, le bateau est un agresseur pour les animaux marins. Ce sont ces approches agressives qu’il faut bannir. C’est le nombre et la vitesse des engins motorisés qu’il faut réglementer. Je m’élève sans détour contre la poursuite agressive d’une troupe de dauphins ou de baleines par un ou, pire, plusieurs bateaux… C’est là que les animaux sont stressés, c’est à ce moment-là qu’ils sont poussés dans leurs retranchements. Mais lorsqu’une troupe de globicéphales s’approche et encercle le bateau, moteur arrêté, la situation est bien différente!
J’ai vécu plusieurs fois ces moments magiques où les animaux viennent vous chercher pour jouer. Je me souviens d’une plongée au Cap Horn où des dauphins Lagénorhinques obscurs sont arrivés de nulle part et sont restés une heure avec nous à virevolter, à tourbillonner à la lisière des kelps. A court d’air, nous avons dû remonter sur Alcyone. Nous avons gonflé les bouteilles et nous sommes retournés à l’eau une heure et demie plus tard… Les dauphins sont revenus. Nous avons passé la plongée à faire un concours de cabrioles. Combien de plongées inoubliables avec des otaries espiègles venues par surprise mordiller mes palmes pour m’entraîner dans de folles arabesques? Ces animaux étaient indomptés, libres… ils ne satisfaisaient pas mes caprices, mais leurs envies !
Le mois dernier, j’étais avec mes amis René Heuzey et Hugues Vitry dans les eaux mauriciennes. René filmait un jeune cachalot. Je me suis mis à l’eau à une centaine de mètres de là pour ne pas gêner le tournage. Le jeune cachalot m’a vu ; il a fait demi-tour et il est venu vers moi, jusqu’à se coller à moi… Que fallait-il que je fasse? Nager au plus vite vers le bateau pour sortir? Absurde ! Non, j’ai profité de cet instant d’immense bonheur que le cachalot m’offrait!!!
Dans les lieux encore sauvages, où les hommes n’agressent pas les animaux – les îles subantarctiques, par exemple – les animaux ne fuient pas. Au contraire, bien souvent, curieux, ils viennent au contact… C’est cette relation qui devrait être la norme !
Ces rencontres en plein océan sont choisies par les dauphins, les baleines, les cachalots, les otaries. Pourquoi y renoncer? Quoi d’autre, qui d’autre, peut mieux vous faire toucher du doigt le bonheur et la paix de notre planète vivante et par conséquent l’envie irrésistible de la préserver?
Pourquoi se priver de ces instants exceptionnels, de ces rencontres si bouleversantes qu’elles changent votre vie pour toujours?”
En savoir plus :Longitude 181
Des maladies transmissibles du dauphin à l’homme
Au-delà des opinions de chacun, des taches suspectes qui ressemblent à des cicatrices ont été observées et photographiées sur la peau de certains dauphins. Elles ressemblent à la lobomycose. On ne la rencontre que chez l’homme et les cétacés, où elle n’a pour l’instant été signalée que chez les grands dauphins (Tursiops truncatus) et les sotalies de l’Amazone (Sotalia fluviatilis). Cette maladie se manifeste par l’apparition de petites zones circulaires de décoloration de la peau, qui grossissent, prenant l’aspect de verrues qui peuvent ensuite s’ulcérer. Malgré sa localisation dermique, la lobomycose peut à long terme entraîner une perte de mobilité, voire la mort. La source et le mode de contamination sont à ce jour encore inconnus.
En savoir plus : Franck Dupraz, Vétérinaire
CRY FOR LOVE
En 2012 déjà, notre ami Peter Schneider avait réalisé cette vidéo afin d’alerter le public quant à ces pratiques…
Et vous, quelle est votre opinion quant à ces rencontres rapprochées?
0 commentaire
C’est le Titanic sans le bateau… un coup de 3D en + parce que cela fait vendre et en avant l’hécatombe.
Une chose est sure, c’est pas avec ce chef d’oeuvre que l’on va “recruter” des membres…
Si tu as trouvé une bonne comédie suis preneur 😉 Vivement demain histoire de mettre la tête sous l’eau