Déclic Bleu Méditerranée présentait au Festival Mondial de l’Image Sous-Marine un film consacré au sauvetage de Toulouse, tortue caouanne en détresse, soignée puis relâchée dans les eaux de Port-Cros. L’occasion pour nous de faire le point sur la présence des tortues en Méditerranée !
L’HISTOIRE S’ÉTAIT BIEN TERMINÉE
Retrouvée à moitié noyée au large de Porquerolles par Jérôme Boutie d’Aqualonde, la petite caouanne, baptisée en hommage à la ville rose, avait été confiée au CESTMED, le Centre d’Etudes et de Sauvegarde des Tortues en Méditerranée. Elle avait passé deux mois au Grau du Roi. Soignée, choyée, Toulouse avait pu finalement rejoindre le milieu naturel, et être relâchée à Port-Cros. Et chaque année, un certain nombre de tortues, blessées ou simplement très affaiblies sont ainsi sauvées.
LE CESTMED DU GRAU DU ROI, LA CLINIQUE DES TORTUES
C’est le CESTMED, créé en 2003 au Seaquarium du Grau du Roi, qui assure en Méditerranée les soins aux animaux. L’an dernier, 26 tortues ont ainsi transité par les bassins du Centre, pour quelques semaines ou quelques mois. Voire plusieurs années pour certaines, qui ne sont pas capables de recommencer à mener une vie autonome. Particularité des tortues, en lien avec leur étonnante longévité, leur métabolisme est très lent : elles peuvent guérir de blessures graves, mais il leur faut du temps. Et c’est ce que leur offrent les bénévoles et les scientifiques du CESTMED.
DES MENACES MULTIPLES
Les principales menaces qui pèsent sur les tortues marines, comme partout à travers le monde, sont à la fois liées à la pollution et à la diminution des habitats disponibles. Les déchets plastiques, qu’il s’agisse de sachets qu’elles avalent par mégarde ou de micro-fragments nocifs, sont le danger majeur auquel elles doivent faire face. Et la raréfaction des plages isolées, indispensables à la ponte, a depuis quelques décennies considérablement mis en péril leur reproduction.
PLUSIEURS ESPÈCES DANS LES EAUX MÉDITERRANÉENNES
Cinq espèces fréquentent potentiellement les eaux méditerranéennes, mais celle que vous avez le plus de chance de rencontrer est la tortue Caouanne, (Caretta caretta). Les autres sont observées de façon très exceptionnelle, en commençant par la tortue verte, (Chelonia mydas), la tortue Luth (Dermochelys coriacea), et enfin la tortue de Kemp (Lepidochelys kempii), et la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Toutes sont considérées comme menacées, protégées dans le cadre de la convention de Washington. La caouanne, protégée par un arrêté ministériel de 1991, devra sans doute son salut à la multiplication des espaces protégés de tout le pourtour méditerranéen, où elle aura la possibilité de se reproduire en toute quiétude, comme elle le fait actuellement à Chypre ou en Lybie.
DES PONTES ENREGISTRÉES EN CORSE ET DANS LE VAR !
Mais certaines observations sont encourageantes : si aucune ponte n’avait été officiellement enregistrée sur nos côtes depuis les années 30, les restes d’un nid ont été trouvés en 2002 dans le Sud de la Corse. Et en 2006, c’est dans le Var que la même observation a été faite. Chez nous, en Méditerranée occidentale, les pontes ont lieu d’avril à septembre, et l’incubation dure entre 60 et 75 jours : au plus fort bien sûr de la saison touristique, la réussite de la reproduction suppose donc pour les tortues de trouver des plages quasi désertes !
LE RÉSEAU TORTUES MARINES
Le Réseau Tortues marines de Méditerranée française est chargé de recenser toutes les observations, captures, échouages, ainsi que tout événement particulier, concernant les tortues marines sur les côtes françaises de Méditerranée. Ce réseau, animé par des bénévoles, mais également soutenu par des instances officielles, comme le Parc National de Port-Cros, assure ainsi la transmission de toutes les données aux scientifiques concernés.
SIGNALEZ VOS OBSERVATIONS
Et le réseau a besoin de vous ! Toute observation, qu’il s’agisse d’une tortue vivante ou morte, ou de traces qui vous semblent être des traces de ponte, a son importance. Les observations de tortues vivantes et en bonne santé permettent de mieux connaître les populations, et signaler un animal blessé ou en difficulté permettra peut-être aux spécialistes de le sauver. Et même morte, une tortue, après autopsie, peut fournir des informations précieuses sur les causes du décès et sur les menaces qui pèsent sur nos espèces méditerranéennes.
En plongée en revanche, il est bien rare d’observer une tortue marine dans les eaux méditerranéennes. Peu nombreuses, elles préfèrent le large ou la quiétude des zones les plus reculées.
Texte : Isabelle Croizeau
Photos : Nicolas Baraqué