Plonger avec les mantas reste, dans une vie de plongeur, un moment privilégié. Mais partout à travers le monde, les géantes, comme aux Maldives, sont en danger. Manta Ray of Hope Project, mouvement international, multiplie les actions pour tenter d’inverser la tendance. Et faire en sorte que les spots à manta ne se transforment pas en souvenirs.
UN PROGRAMME MONDIAL D’ÉTUDE ET DE SAUVEGARDE
Le Manta Ray of Hope project est ambitieux : mobiliser partout à travers le monde les plus éminents chercheurs, les professionnels sur le terrain, lutter contre la surpêche, le commerce, tenter d’harmoniser les mesures de protection, et privilégier le développement d’un éco-tourisme, pour tenter de sauver les mantas et les mobulas qui peuplent les eaux du monde entier. Le message est clair : nous devons agir, et si rien n’est fait le temps des géantes est compté.
LEURS BRANCHIES REMPLACENT LES AILERONS DE REQUINS
Pendant des siècles, dans de nombreux endroits, on a pêché quelques mantas, et consommé leur viande. Mais le prélèvement était minime, et ne mettait pas en péril l’équilibre des différentes espèces. Mais depuis dix ans, la donne a changé : dans le sillage de la pêche aux ailerons de requins, et en profitant des réseaux mis en place dans les pays asiatiques, la vente des branchies de mantas séchées a poussé les pêcheurs à multiplier les captures : des branchies revendues sur certains marché chinois à 500 dollars le kilo, et dotées dans l’esprit des acheteurs de vertus médicinales variées. Et le phénomène s’est encore aggravé avec la diminution des populations de requins susceptibles d’alimenter le marché…
PÉNALISÉES PAR UNE REPRODUCTION LENTE
La reproduction des mantas est extrêmement lente et limitée : la maturité sexuelle n’est pas atteinte avant une dizaine d’années, et elles ne font en général qu’un petit tous les deux à trois ans. Par comparaison, le Grand Requin Blanc, considéré comme une espèce particulièrement vulnérable, peut produire en une fois autant de juvéniles qu’une raie mantas au cours de toute son existence. On comprend mieux ainsi comment la moindre augmentation de la pression de pêche peut avoir des conséquences dramatiques et aboutir à une destruction rapide des populations.
HARMONISER LES LÉGISLATIONS
Dans certaines régions, même si les données sont souvent parcellaires, les populations semblent stables. Mais cette réalité réconfortante concerne des sites touristiques précis, ou des réserves marines dans lesquelles les mantas sont effectivement protégées. Certains pays ont adopté des lois qui interdisent formellement le débarquement, et donc de fait la pêche, des mantas et des mobulas. La Convention des Nations Unies sur les espèces migratrices (CMS) a récemment classé la raie manta géante (birostris M.) comme une espèce de portée internationale, mais il n’existe pas pour l’instant de réelles protections internationales pour la totalité des espèces de mantas et de mobulas. Elles ne sont pas inscrites dans les textes de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES).
METTRE EN PLACE DES MORATOIRES
En attendant que le cadre légal évolue, et dans la mesure où l’on ne dispose pas de toutes les données chiffrées nécessaires sur l’état exact des populations, les membres du programme demandent la mise en place immédiate de moratoires : ils permettraient en quelque sorte de geler la situation. Ces moratoires concerneraient d’une part la pêche, mais d’autre part, mesure indispensable, obligeraient les pays importateurs et notamment la Chine à bloquer les entrées et à en interdire la vente. C’est le seul moyen semble-t-il d’enrayer l’augmentation effrénée du nombre de prises.
DÉVELOPPER L’ÉCO TOURISME
A l’inverse, c’est bien l’écotourisme qui pourrait, comme pour de nombreuses espèces, sauver les mantas et les mobulas. Le commerce mondial des branchies est actuellement estimé à quelque 11 millions de dollars par an. Et les estimations faites par le Manta Ray of Hope Project, en se basant sur quelques sites existant à travers le monde, et en extrapolant sur d’autres zones de concentration de mantas encore peu ou pas exploités, parlent de plus de 100 millions de dollars annuels générés par le tourisme lié à la présence des raies. La balance devrait donc de façon logique pencher en faveur de l ‘éco-tourisme, même si l’on sait bien que la réalité ne cadre pas aussi facilement avec la réalité économique à moyen terme.
OÙ LES VOIR ?
Si la répartition des raies mantas est mondiale, il y a bien sûr selon les régions des périodes plus propices pour aller à leur rencontre. On peut citer le Mozambique entre octobre et mai, Djibouti et Madagascar en avril et en mai, les Maldives de juin à octobre et de janvier à mars, l’Afrique du Sud de juin à septembre, Madagascar encore entre octobre et novembre, le Mexique de novembre à mai, la Polynésie et particulièrement les Tuamotu de juillet à octobre, et enfin Bali et la Thaïlande toute l’année, parmi les destinations classiques les plus réputées.
En savoir plus : www.mantarayofhope.com
Texte : Isabelle Croizeau
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