QUAND LES REQUINS BALEINES SE LAISSENT APPRIVOISER
La scène est surréaliste : sur sa pirogue, un pêcheur puise dans un sachet rempli de crevettes et nourrit à la main un magnifique requin-baleine ! Eau cristalline, calme absolu, on se trouve quelque part dans un monde parallèle !
NOURRIS À LA MAIN
Les pêcheurs de Tan-Awan sur la commune d’Oslob, à l’extrême Sud de l’île de Cebu aux Philippines, sont en train de mettre en pratique la devise selon laquelle un requin vivant rapporte plus qu’un requin mort ! A l’heure où sur d’autres îles toutes proches certains continuent à mutiler des requins baleines pour vendre leurs ailerons à prix d’or, comme on peut le voir à la fin de la vidéo, eux ont pris le parti exactement inverse. Ils ont décidé de les nourrir, les apprivoiser, et les sédentariser dans leur petite baie. « Au début, explique un jeune pêcheur, il n’y en avait qu’un, et nous avons commencé à le nourrir, puis il y en a eu deux, puis trois. » Et les pêcheurs depuis passent des heures, de nuit, à la lueur de leurs lampes à pétrole, à capturer des dizaines de kilos de crevettes qu’ils conservent précieusement dans la glace, pour les redistribuer le lendemain à leurs protégés.
« NOUS AVONS BESOIN DES REQUINS BALEINES VIVANTS »
J’entends déjà les cris indignés de ceux qui estimeront que le nourrissage des animaux par l’homme pose problème. Mais nos préoccupations de nantis aux frigos bien remplis ne doivent pas nous faire oublier celles de villageois qui doivent avant tout subvenir à leurs besoins immédiats : et la voie choisie par ces pêcheurs est de loin sans doute la meilleure possible. La préservation des espèces ne peut fonctionner que si les populations parviennent à créer un lien différent avec les animaux, et c’est le cas à Oslob. « Nous avons besoin des requins baleines vivants », dit le jeune pêcheur philippin. Chez eux, on ne verra jamais plus de requin massacré.
POUR EN FINIR AVEC LE « REQUIN TOFU »
Rappelons que les ailerons des requins baleines, particulièrement appréciés sur certains marchés asiatiques, comme en Chine ou à Taïwan, se négocient toujours à plusieurs centaines d’euros le kilo. Malgré son statut d’espèce protégée, malgré la multiplication des sanctuaires de protection à travers le monde, le nom de « requin tofu » qu’on lui donne à Taïwan, en référence paraît-il au goût et à la consistance de sa chair, en dit long sur la situation.
UN TOURISME ENCORE LIMITÉ
Pour l’instant, le tourisme sur place reste relativement limité, et si l’on peut dores et déjà partir à la rencontre des requins baleines en PMT, la fréquentation du site est minime. Il faudra peut-être par la suite apprendre à gérer l’afflux touristique que risque de générer la présence des géants apprivoisés. En s’appuyant peut-être sur l’exemple d’un autre site philippin, Donsol, où la surfréquentation a fini par décourager les nombreux requins-baleines qui se regroupaient dans la zone de novembre à mai. Mais si des mesures sont prises dès le départ pour ne pas en arriver là, ce pourrait être un formidable exemple d’éco-tourisme réussi.
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wao! c’est interessant et incroyable. tu en sais des choses tonton 🙂 a+ solène