Déchiffrer de vieilles cartes jaunies pour découvrir un nouveau site de plongée, naviguer à vue dans les passes, suivre les dauphins, manger des carangues pêchées le matin même et fêter au champagne les rencontres de la journée. Partir deux semaines et avoir l’impression d’avoir navigué un an, gavé de couleurs, de sensations, d’émotions, en liberté sur un ketch de 17 mètres : c’est l’aventure à vivre dans les eaux du Soudan, en embarquant sur le No Stress, pour un voyage au long cours.
DANS L’UNIVERS DE JÉRÔME
Embarquer sur le No Stress, c’est, pour les six plongeurs maximum qui partagent l’aventure, entrer dans l’univers de Jérôme. Océanographe de formation, enseignant en DEA Environnement, ses activités de conseil le mènent ensuite au Brésil, avec une idée en tête : partir en mer ! Il embarque pour un tour du monde, navigue au gré de ses envies avant de découvrir la Mer Rouge. Un coup de foudre, et Jérôme se fixe. Aujourd’hui, il vit à bord de février à novembre : le No Stress, c’est chez lui. Son goût pour l’exploration l’a mené plus particulièrement dans les eaux soudanaises, très peu fréquentées et en partie encore mystérieuses. Grâce à sa capacité à interpréter des infos parcellaires (les cartes de navigation au Soudan sont incomplètes) et à ses contacts, il a, avec le temps, développé une bonne connaissance de cette région, et propose des circuits plongées originaux, loin de la foule, et où chaque journée revêt un parfum d’aventure.
PLONGÉES À LA DÉCOUVERTE DE SITES INCONNUS
« Nous allons bien sûr visiter les spots les plus célèbres et emblématiques du Soudan, tels que Sanganeb ou Sha’ab Rumi, explique Jérôme. Mais entre deux plongées, j’étudie les cartes marines ainsi que certains ouvrages épuisés. En parallèle, pendant la navigation, le sondeur 3D et le radar du No Stress restent branchés en permanence afin de repérer d’éventuels secs non cartographiés. » C’est ainsi que grâce au travail de notre capitaine, les rencontres surprises, les sites vierges et les parties d’itinéraires encore inexplorées se succèdent : découverte du refuge hivernal des mantas de Mesharifa, visite à de débonnaires dugongs au fond d’une secrète Marsa, et identification de Pinacolo, un spot du sud vaguement évoqué dans un vieux guide italien. Une pierre de 30 mètres de diamètre tout au plus, qui remonte jusqu’à quelques mètres de la surface. Le tout perdu en pleine mer, entouré de fonds qui plongent à plus de 400 mètres… Un concentré de vie pour une plongée cinq étoiles…
Réalisation : Christine Azalbert
EN PLONGÉE AVEC STEVEN SURINA
Sous l’eau, c’est Steven qui mène la danse. Il n’a que 24 ans et déjà un beau parcours dans le monde de la plongée. Le jeune homme cumule en effet les fonctions de directeur de plongée et d’instructeur pour différents organismes et empile les expériences et la maîtrise du métier. Expatrié en Egypte depuis l’âge de 13 ans, parlant couramment l’arabe, notre gaillard est devenu en particulier, entre croisières nord et virées dans le grand sud en Egypte, et excursions au Soudan, un des meilleurs spécialistes et guides de la plongée en Mer Rouge. Steven a surtout acquis, avec plus de 3 000 plongées au compteur dans “SA” mer, une sorte d’instinct pour les sites de la région. Il sait immédiatement comment aborder le récif, ce qui est plutôt pratique quand on plonge sur un spot inconnu ! Sans compter un flair certain pour dénicher les requins, sa spécialité (Steven collabore à la rédaction d’ouvrages sur les squales et fait des conférences sur ces animaux menacés). Si j’ai pu plonger au milieu d’un banc de marteaux, c’est d’ailleurs grâce à ses conseils avisés.
PLONGÉES AVEC LES MARTEAUX DE SANGANEB
Tôt le matin, alors que les premiers rayons du soleil traversent à peine la surface, on glisse au-dessus du plateau Nord de Sanganeb. Vers 40 mètres, nous voilà sur un premier rebord. Nous scrutons le bleu, encore sombre à cette heure. Quelques minutes passent quand tout à coup, les premières silhouettes commencent à se détacher. Puis le banc se matérialise : une trentaine de requins marteaux s’approchent. J’applique alors à la lettre les consignes de Steven. Je ne bouge pas et me tiens en position horizontale pour plus de discrétion. Et le résultat dépasse toutes mes espérances. Le banc défile tout autour de moi, me passant en revue ! Mais Dame Nature a décidé ce jour de nous éblouir un bon coup car voilà qu’au palier, surgit un nuage argenté formé de milliers de barracudas. Le mur ondulant et compact de poissons vient à notre contact. Nous voilà entourés, à les toucher, par les prédateurs. Un moment magique qui, se reproduira à nouveau, avec quelques variantes (mantas, requins soyeux), en d’autres endroits perdus du grand sud.
LE GRAND BESTIAIRE DE MER ROUGE
C’est exactement ça, la plongée à bord du No Stress : la découverte de sites rarement plongées, et pour certains, vierges et sans noms car absents des cartes marines. Avec à la clé, des rencontres quotidiennes avec des dizaines de dauphins, des chasses de prédateurs, des espadons voiliers déchirant sous notre nez la surface de l’eau, des dugongs timides surpris au fond d’une baie abritée, de gracieuses mantas… Là où toutes les promesses sont tenues comme ce jour à Merlo, un site du Nord, où toute la faune de Mer Rouge semble s’être donnée rendez-vous. Dauphins, requins, raies aigles, tortues,… Des espèces par dizaines, des poissons par milliers, si proches que l’on pourrait les toucher, si nombreux qu’il est impossible de les compter…
FAIRE CE QUE L’ON VEUT
Naviguer sur le No Stress, c’est aussi et surtout faire ce que l’on souhaite. Si on demande à plonger tôt sur un site à requins, on se lève tôt. Si on préfère à se reposer, on se repose. Bien sûr, en fonction de l’itinéraire ou de la météo, il y a des contraintes, mais c’est inévitable quel que soit le voyage. Tous les itinéraires font une boucle au départ de Port-Soudan. Entre les spots en journée, quelques heures de navigation tout au plus. Effectuées à la voile, en compagnie de dauphins, le temps passe vite, d’autant plus que le bateau, conçu pour faire le tour du monde, est particulièrement stable. Les seules périodes de grande navigation (3 jours d’affilée) se font pour descendre d’Egypte ou remonter du Soudan. Soit à l’ouverture (mars) ou à la fermeture de la saison (juin), avant les grandes chaleurs. Ces trajets particuliers permettent, deux fois l’an, d’accéder également à des sites rares et de très grande qualité, situés au large de la zone frontalière entre les deux pays.
MANGER CE QUE L’ON PÊCHE
Bien entendu, la pratique de la pêche à bord se fait simplement pour se nourrir. On prélève juste ce dont on a besoin. Au menu : thons, coryphènes, carangues, barracudas, attrapés principalement à la traîne. Abadallah, l’homme à tout faire (seaman, pêcheur et cuisinier), préparera les prises selon l’inspiration du jour : crus, grillés, frits, en boulettes. Avec Steven en expert en préparation de sushis, le poisson frais arrive sur la table présenté de diverses manières et agrémenté d’un bon vin français, voire de champagne. De temps en temps, pour varier, Abadallah confectionnera un bon plat de spaghettis à la bolognaise ou un poulet dont il a le secret.
HARMONIE ET AVENTURE
Les plongées dans les eaux soudanaises nécessitent, plus qu’ailleurs de la prudence. « On est loin de tout, donc, il vaut faire attention et bien gérer ses immersions, précise Jérôme, Tenir compte du courant, se méfier de la clarté et de la chaleur de l’eau qui peut emmener à descendre un peu trop bas. Comme pour toute expédition loin des structures de secours, nous devons faire preuve de responsabilités afin de maintenir un niveau de risque acceptable. » L’important, surtout, est que tous les passagers soient d’accord sur les objectifs : une famille avec des “petits” niveaux, cela peut très bien fonctionner, un groupe de plongeurs expérimenté à tendance baroudeur aussi, mais il ne faut pas mélanger. « Et pour que la magie opère, conclut Jérôme, il faut garder à l’esprit les trois piliers d’un séjour réussi, contemplation, amitié et aventure. À savoir de longs moments d’extase et de contemplation, d’excellentes relations humaines à bord et le goût de l’aventure : on ne programme pas, on ne contrôle pas tout, on part vers l’inconnu… »
NO STRESS : LE BATEAU
C’est beau, c’est bien pensé, c’est solide et c’est sérieux ! Et pour un voilier, sur le No Stress il y a de la place sur le pont avec à l’avant et à l’arrière, 2 zones matelassées (bains de soleil) pour se reposer, bronzer, lire ou s’isoler, et un cockpit de navigation convivial qui fait salon d’extérieur avec ses canapés en U.
Il fait chaud à partir de mai, mais il y a une petite brise parfaite quand on navigue entre deux plongées. Et pas de bruit, juste le glissement de l’eau sur la coque… Comme le vent vient généralement du Nord et qu’on navigue vers le Nord ou vers le Sud, on joue avec les thermiques pour tirer des bords de près, mais on appuie au moteur si nécessaire pour remonter pendant une courte fenêtre météo.
Le No Stress est un ketch (deux mâts) luxueusement aménagé : cave à vins, écrans plats, lecteur DVD et TV satellite, caméras sous-marines et de mât, enceintes sur le pont arrière… Pour les clients : deux cabines chacune avec lit double, 1 cabine avec 2 couchettes superposées et deux salles d’eau. Pour la plongée : annexe de 5 mètres, compresseurs, blocs de 15L et 12L, double robinetterie Aqualung. Pour la sécurité, kit oxygène d’urgence dans l’annexe et recycleur Wenoll sur le voilier. Le navire est autonome grâce à ses panneaux solaires et à son déssalinisateur d’eau de mer, et comprend une électronique de pointe (radars, sondeurs, sonar).
LE SOUDAN, UNE DESTINATION SURE ?
A priori, vous pouvez aller plonger au Soudan sans vous ronger les sangs : FlyDubaï, une filiale d’Emirates, propose maintenant un Dubai – Port Soudan. Il n¹est donc plus nécessaire de passer par des compagnies black-listées.
Et une fois sur place, comme le rappelle Jérome, « on ne recense pas d¹attaques de pirates dans la partie verticale de la mer rouge (Egypte/Soudan/Erythrée/Djibouti).. mais uniquement de l’autre côté du détroit de Bab el Mandeb qui doit faire 6 miles de large. »… Et pour info, les coast guards soudanais ont 12 vedettes de 2X250cv et ne leurs feraient pas de cadeaux s¹ils tentaient de remonter. Quant aux zones de conflit à terre, certes bien réelles au Darfour, elles se situent à plus de 1500 kilomètres de Port-Soudan.
ITINÉRAIRE ET PRIX
Itinéraire à la carte avec possibilité de partir (début mars) ou de remonter (fin juin) en d’Égypte. Au choix, un Soudan “best of” (Sanganeb, Umbria…), un Soudan Nord incluant Abington/Merlo/Angarosh, un Soudan Sud (archipel des Suakin), un Soudan grand Sud à la limite de l’Érythrée (en cours de défrichage), un Soudan PMT “dauphin/manta/dugong”. Ou toute combinaison en fonction des distances, de la météo et de la durée du séjour. Les plongées se font sous la responsabilité de Steven Surina, MF1, spécialiste de la mer Rouge et des requins.
Le caisson le plus proche : chambre de décompression sur une plate-forme pétrolière, ouverte à tous.
Les prix : à partir de 1 500 € la semaine (+ vols et visa) sur une base de 14 jours, ou 1 680 € pour une seule semaine. Ajustement selon le programme désiré et le nombre de participants (1 à 6). En 2013, la saison s’étendra de mars à juin.
PRENDRE CONTACT AVEC LE NO STRESS :
Le site internet :
Sur scuba-people.com :
DIVE NO STRESS SOUDAN
Au Salon de la plongée de Paris :
Texte : Olivier CLOT-FAYBESSE
Photos : Gilles DI RAIMONDO
Vidéo : Christine Azalbert qui pour son film “Si l’Umbria m’était contée” réalisé au Soudan en 2012 remporte le prix “Special Award” au 16eme Festival International du film sous-marin de Belgrade.
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@ Alexandra C. :
Allez… voici les réponses :
– Doris tricolor (Doris tricolore)
– Coryphella pedata (Coryphelle pédieuse)
– Piseinotecus gabinieri (Faceline de la Gabinière)
– Peltodoris atromaculata (Doris dalmatien)
C’est pas évident à identifier les limaces… surtout que les noms ont très souvent changés au cours du temps… aaaahhh ces scientifiques !!! LOL
@ Alexandra R. :
Merci pour les photos ! Je t’ai mise dans mon listing pour les stages bio… tu seras une des premières à être informés pour le prochain !
Bravo pour le Chapon ! La bête fait partie des photos d’ici… mais ce n’est pas la même photo.
Allez tu peux rajouter la bonne réponse 😉
Bonnes bulles !