S’il est des reportages qui font plus fantasmer que d’autres, s’envoler pour plonger en Antarctique fait bien partie de ceux-là. Imaginez un peu… partir à l’autre bout de la planète, pénétrer et s’immerger dans un territoire presque vierge, être confronté à des températures extrêmes, rencontrer des animaux différents de ceux que l’on rencontre habituellement sous des latitudes ensoleillées… c’est exaltant!
C’est donc en mars dernier qu’Abyssworld a fait décoller un groupe de dix personnes, destination l’Antarctique. Départ d’Europe, puis une première escale de quelques heures à Buenos Aires, en Argentine, pour ensuite gagner Ushuaïa… L’aventure commence enfin! La croisière dure douze jours.
Alban Michon comme Monsieur Loyal
Et comme Abyssworld fait bien les choses, nous avons comme “tour leader” Mister Alban Michon’s himself, un guide hors pair qui nous fait bénéficier de sa grande connaissance de la plongée sous glace.
Passionné et par les régions polaires et par la plongée sous-marine, Alban Michon est un aventurier et un explorateur français qui a pris part à des expéditions exceptionnelles. En 2010, il plonge au Pôle Nord géographique. En 2012, il parcourt 1000 km en kayak de mer le long de la côte groenlandaise et s’immerge sous les icebergs.
C’est depuis toujours qu’Alban Michon a un goût prononcé pour l’aventure. A onze ans, il découvre la plongée sous-marine. Il est tout juste majeur lorsqu’il débute les saisons en Corse et à Porquerolles comme moniteur. A vingt-trois ans, il achète l’école de plongée sous-glace de Tignes, en Savoie, en France, puis le centre de plongée souterraine des Vasques du Quercy dans le Lot, toujours en France. Très vite, Alban devient une référence en matière de plongée sous glace et de plongée souterraine.
UshuaÏa : on embarque!
A notre arrivée, le vent souffle très fort. Un froid glacial nous enveloppe dès la sortie de l’aéroport… Ça y est, on y est! Des chambres confortables nous attendent dans un des nombreux hôtels de la ville la plus australe du monde. Et dès le lendemain, nous découvrons enfin notre navire.
Ushuaïa bénéficie d’un climat subpolaire océanique comparable à celui de Reykjavik en Islande. Les saisons sont peu marquées avec des températures qui restent voisines de 0 °C quelle que soit la période de l’année. Ainsi la température moyenne du mois le plus froid est de 1,3 °C et celle du mois le plus chaud de 9,6 °C.
Bonus Ushuaïa
Quand on découvre une bonne adresse, on la partage. En effet, si vous cherchez un lieu agréable où rencontrer des gens du coin… direction le Dublin Pub, en plein centre ville.
L’endroit est bondé de monde, le samedi en tout cas, et tranche avec l’image que nous avions en tête d’une Ushuaïa calme et paisible. Du beau monde qui boit des verres et fait la fête… nous avons sauté sur l’occasion… certains plus que d’autres…
Navire Ortelius
Construit en 1989 en Pologne, ce brise-glace bat pavillon hollandais et arbore fièrement des mensurations que nous croisons rarement lors de croisières plongées plus classiques : 4575 tonnes, 91 mètres de long, 18 de haut, 50 membres d’équipage pour 116 passagers répartis dans 53 cabines…
Honnêtement, j’avais imaginé le contraire, mais jamais la taille du navire ni le nombre de passagers n’ont été problématiques. C’est très gros mais ça se fait vite oublier complètement.
Il faudra néanmoins enjamber sept ponts pour faire le tour du navire. Beaucoup de nationalités se mêlent à bord, où la langue officielle est l’Anglais. Une autre chose surprenante fut la moyenne d’âge. En effet, beaucoup de jeunes d’une trentaine d’années sont parmi nous… une autre surprise, en raison du coût du voyage…
La nourriture
Elle est variée et trés bonne. Suivant les moments de la journée, elle peut être servie sous forme de buffet ou à table. Il y a toujours trois propositions de plats principaux : viande, poisson ou végétarien.
La carte des vins n’est pas immense mais on y trouve de bons flacons pour 15 à 30 euros.
Le bar est situé sur le sixième pont. Outre les conférences qui s’y tiennent, ce lieu de vie incontournable si agréable offre une vue imprenable alentour.
Les cabines
Quadruples, doubles, lits jumeaux, grand lit, économique, luxe… l’offre est variée.
Passage de Drake
C’est une des zones maritimes qui connaît les pires conditions météorologiques! D’ailleurs, à peine montés à bord, l’équipage vous rappelle à maintes reprises que pour une somme modique, nous trouverons le docteur à l’infirmerie et qu’il nous posera des patchs contre le mal de mer. Très rapidement, tout le monde à bord, les membres du staff compris, arborent derrière l’oreille ce petit cercle magique.
A l’aller comme au retour, nous n’avons pas trop eu à nous plaindre. En effet, les creux n’étaient que de… six à sept mètres. Pendant 48 heures que dure la traversée, le meilleur endroit reste tout de même son lit.
Le passage de Drake, également appelé détroit de Drake, est un large bras de mer qui sépare l’extrêmité sud de l’Amérique du Sud et l’Antarctique, entre le cap Horn en Terre de Feu et les îles Shetland du Sud en Antarctique. Il relie l’océan Austral, le sud-est de l’océan Pacifique et le sud-ouest de l’océan Atlantique connu comme la mer de la Scotia.
Il arrive néanmoins que l’on puisse être confronté à des creux de plus de vingt mètres… accrochez vos ceintures!
L’itinéraire
La croisière se déroule sur douze jours. Comme vous l’avez compris, deux jours pour passer le “Drake” et deux jours pour le retour, ce qui fait donc huit jours à passer sur la péninsule Antarctique.
Question météo, rares sont les endroits qui changent aussi vite. Il y a des jours où le soleil brille et où le vent ne se fait quasiment plus sentir, mais tout peut changer en une fraction de seconde. Nous avons eu des températures terrestres de + 10° à -10°, du soleil, de la neige… ici tout est toujours possible.
Plonger à bord de l’Ortelius
Seuls vingt-quatre passagers peuvent faire le choix de plonger. Lors de notre croisière, il y avait un peu moins de vingt plongeurs à s’être inscrits. Compresseurs, zodiacs, trois instructeurs, blocs et plombs… tout y est. Enfin, quand je dis tout c’est tout sauf le matériel perso. Combi étanche, détendeurs, palmes… il vous faudra tout emmener et ne pas compter sur des pièces détachées à bord.
En fonction de la météo, il est possible d’effectuer une à deux plongées par jour, une le matin et une seconde l’après-midi. Petite surprise néanmoins, ici, les instructeurs ne sont que des marins. En effet, ceux-ci définissent les spots de plongée, vous y emmènent et vous attendent à bord d’un des zodiacs. Ils nous ont expliqué que la météo étant très changeante, ils restent à bord pour battre le rappel si besoin était.
La présence rassurante d’Alban qui lui plonge est sans nul doute un vrai plus.
Plongées “classiques”
La profondeur maxi est fixée à vingt mètres. Quant à la température, elle fut de -1°C. Dès la bascule arrière, on se rend aussitôt compte que ça gèle vraiment. La durée est de quarante-cinq minutes maximum mais franchement, après vingt à vingt-cinq minutes, on est plutôt content de remonter.
Nous avons effectué l’avant-dernière croisière de la saison. En effet, le navire démarre en octobre et s’arrête fin mars. Les températures étant plus chaudes au mois de mars, la visibilité n’a jamais été fantastique… et mes fantasmes d’eau limpide ont été réduits à néant. En général, les plongées s’effectuent sur une pente douce où le kelp, les étoiles de mer ainsi que les nudibranches sont omniprésents.
Plongée sous un iceberg
On va aussi en Antarctique pour plonger sous des iceberg mais, là encore, la visibilité fut des plus médiocres…
Une belle expérience néanmoins même si, vous l’avez compris, j’aurais préféré de l’eau limpide pour vous ramener ces quelques images 🙂
Plonger avec les phoques
Au final, nous avons croisé peu d’animaux sous l’eau. Nous avons tout de même réussi à plonger avec des phoques, même s’ils sont restés assez farouches.
Il a fallu approcher au plus près d’une colonie pour réussir à tourner ces images. Une super belle expérience néanmoins.
Baleines en vue!
Tout au long de la croisière et presque à tout moment du jour et de la nuit, la sono du bateau peut retentir afin de vous avertir de la proximité de certains animaux.
Les baleines à bosses furent légions. Nous avons également croisé des globicéphales, des phoques de Wedell, des otaries de Kerguelen, des éléphants des mers du Sud, des rorquals communs, des baleines de Mink, des dauphins sablers… et bien sûr des oiseaux par dizaines comme par exemple des albatros hurleurs, royaux, à tête grises… ainsi que des petrels géants, de Hall, des fulmars argentés, des damiers du cap, des prions de la désolation… il y en a des dizaines et des dizaines.
Encore des phoques et des otaries
Nous avons en effet rencontré ces animaux tout au long de la croisière, des phoques crabiers, des phoques de Wedell, des otaries de Kerguelen, et aussi des éléphants de mer du sud
Mais également des manchots qui sont présents en grand nombre avec par exemple le manchot papou, le manchot Adélie, le manchot à jugulaire ainsi que le manchot de Magellan.
Les manchots ne volent pas alors que les pingouins volent. En fait, l’ancêtre des manchots volait. C’était le même ancêtre que l’ancêtre de l’albatros et du pétrel qui sont des champions du vol ! Le manchot empereur mesure 1m20 et son plus grand ancêtre mesurait 1m80. Mais le manchot n’avait pas de prédateurs quand il était sur la terre ou sur la glace alors ses ailes ne lui servaient à rien pour voler, elles se sont donc transformées petit à petit en ailerons. Ils peuvent plonger plus profondément et plus longtemps que les pingouins, ils nagent aussi plus vite qu’eux. Le record de plongeon du Manchot empereur est de 400 m pour une durée de 18 minutes.
Visite de bases scientifiques
Nous avons pu visiter trois bases scientifiques, une Argentine, une Anglaise et une Russe. Les personnes vivant sur ces bases y font en moyenne des séjours de six mois. Difficile de trouver plus loin et moins peuplé…
Rassurez-vous, chaque base a sa boutique de souvenirs et les prix sont à la hauteur de l’éloignement… un sweat-shirt de telle base vous coûtera 80 USD… ce qui fait cher le bout de tissu, mais bon, on est à l’autre bout du monde, n’est-ce pas?.
Des activités permanentes
Sur le bateau, il y a près d’une dizaine de guides en tout genre, afin d’occuper les passagers.
Et quand je dis occuper, c’est une véritable débauche d’activités en tout genre :
– Plongée,
– Camping sur la banquise, avec ou sans tente…
– Escalade et randonnée,
– Kayak,
– Atelier photo,
– Ski de randonnée,
– …
Ça n’arrête jamais. Il y a aussi un ornithologue qui vous expliquera tout ce que vous avez toujours vouloir savoir sur les oiseaux.
Abyssworld
Nous avons demandé à Christophe Paul, le patron d’Abyssworld de nous expliquer pourquoi ils ont fait le choix de mettre au catalogue cette destination singulière. Voici ses explications.
“Le concept Expédition d’Abyssworld est né en 2001 lors d’un voyage un peu fou dans une région des plus reculées : l’Irian Jaya aujourd’hui nommée Papua Barat. Nous avons été, guide Abyssworld et participants, subjugués par des paysages envoûtants, des plongées extraordinaires et des rencontres improbables avec des gens merveilleux et/ou excentriques, à tout le moins à nos yeux. Cette aventure nous a marqués et donné le goût de revivre ces moments hors du temps et des sentiers battus. Aujourd’hui, nos Expéditions sont des événements rares, une à quatre par année et par destination, réunissant des plongées exceptionnelles et engagées dans des régions mythiques souvent difficiles d’accès.
L’Antarctique fait naturellement partie de ces voyages singuliers, sous l’eau comme en surface, la vie sauvage ponctue çà et là des paysages de glace à couper le souffle. Et c’est toujours dans cet esprit d’aventure que sont proposées les expéditions Sardine Run en Afrique du Sud, les Galapagos, la Sibérie, l’Islande en safari itinérant et des croisières à l’extrême sud des Maldives”
Pour en savoir plus, cliquez sur le lien ci-dessous :
En conclusion, même si les plongées ne furent pas comme escompté, ce voyage est incroyable. Les paysages, les animaux en font sans nul doute le voyage d’une vie.
Tous nos remerciements à Aqua Lung pour son prêt de matériel spécial froid qui nous a permis d’affronter ces conditions extrêmes.