Baisse des prix, facilité d’utilisation, légèreté : vous êtes de plus en plus nombreux à sauter le pas, et à avoir envie de vous mettre à la vidéo. Nous avons demandé à René Heuzey, réalisateur depuis près de 25 ans, de nous donner quelques conseils pour bien démarrer.
LA BASE DE TOUT : STABILITÉ ET AQUATICITÉ
On y revient toujours ! Et lorsque nous avons demandé à René quelques conseils pour se mettre à la vidéo, il a bien sûr commencé par parler plongée, et équilibrage : « ça ne sert à rien de prendre une caméra si tu ne sais pas t’équilibrer ». Et lorsqu’il emmène des stagiaires, il commence toujours par des séances en pleine eau, entre 10 et 15 mètres : le but, palmes croisées et à la verticale, ne plus bouger d’un poil ! « C’est la base absolue pour être capable de faire de bonnes images, insiste René, que ce soit en pleine eau ou au-dessus d’un récif, maîtriser sa flottabilité au millimètre est la condition sine qua non. »
NE PAS SE TRANSFORMER EN ARBRE DE NOËL
Seconde règle importante, ne pas se transformer en arbre de Noël : pour filmer, il faut être « à l’aise comme un poisson », ce qui suppose de ne pas s’encombrer d’équipements inutiles, de faire la chasse aux tuyaux, bouts, gadgets qui pendouilleraient un peu partout. « Tout nu comme un poisson, ce serait le must ! » Reste à s’en approcher le plus possible, en ne conservant que l’indispensable. Le choix du masque est également important. Il doit vous assurer une vision la plus large possible. On évite donc absolument les binoculaires, et on privilégie la luminosité. Misez aussi sur un bon gilet, que vous maîtrisez surtout parfaitement.
LES RÉGLAGES INDISPENSABLES
Le propos de cet article n’est pas de faire le point sur les modèles disponibles, mais nous avons quand même voulu savoir sur quels critères il fallait se baser avant d’acheter une caméra. « En fait, seuls quelques réglages, insiste René, sont indispensables : il faut pouvoir choisir entre réglage automatique et manuel, et choisir une caméra équipée de filtres pour pouvoir s’adapter à la luminosité, particulièrement aux hautes lumières. Le reste, c’est souvent du gadget. » Inutile par exemple d’acheter une caméra qui permet de visionner ses images sous l’eau, ça ne sert à rien et ce genre d’option fait rapidement monter le prix. Pour le reste, tout dépend bien sûr de votre budget. Et si la petite Gopro détient bien sûr la palme en matière de prix, elle ne peut pas rivaliser avec des modèles plus chers en matière de stabilité, et de sensibilité des capteurs de lumière.
EN LUMIÈRE NATURELLE
René conseille, lorsqu’on débute, de filmer en lumière naturelle, en privilégiant les petits fonds, pour ne pas avoir à gérer trop d’éléments en même temps. Et un bon film, c’est avant tout de jolis plans. « Ce n’est qu’une fois que l’on maîtrise parfaitement sa caméra, le cadrage, la manipulation, que l’on peut penser à un éclairage. » Il faut avancer pas à pas, c’est le secret pour faire de belles images. La lumière est un plus, mais un plan sans intérêt, même éclairé, sera toujours sans intérêt. Et au contraire, un beau plan, même un peu juste en lumière, captera toujours l’attention de vos spectateurs. Pour le mouvement, l’émotion qu’il dégage ou la rareté de la scène.
SAVOIR CRÉER UNE SÉQUENCE
Il faut ensuite, dans sa tête, imaginer comment on pourra organiser son montage, pour donner vie au sujet. « Et penser, pour faire une séquence complète et vivante, à toujours prévoir au moins trois types de plans différents, un plan large, un plan moyen et un plan rapproché. » C’est ce qui permettra de donner du rythme à votre petit film. Si l’animal bouge vite, comme pour un dauphin, inutile de le poursuivre, n’oubliez pas votre sécurité. Si vous filmez au contraire un sujet relativement fixe, comme une anémone, vous ne pourrez rien faire sans vous poser. Il faudra donc choisir le lieu, par exemple un fond de sable en extrême limite de récif, pour pouvoir vous poser tranquillement sans massacrer les fonds coralliens. Et comme il ne se passe pas grand-chose, inutile de rester planté indéfiniment : pensez à modifier l’angle, à vous éloigner ou à vous rapprocher, pour donner vie à la scène.
EN APNÉE OU EN BOUTEILLES
Selon le sujet, par exemple si vous souhaitez filmer des mammifères marins, il n’est pas toujours possible de plonger en bouteilles, et vous ne pourrez parfois compter que sur vos capacités d’apnéiste pour aller à la pêche aux images. « Et à ce moment-là, insiste René, il faut vraiment prendre la peine de travailler ses apnées pour être capable d’attendre l’animal, en étant stable. » Autrement dit, si vous faites un canard « à l’arrache » et un plan de l’animal vu de dessus qui s’en va, ne vous laissant filmer qu’un pauvre bout de caudale en agitant les bras, autant rester sur le bateau ! Là encore, comme en plongée bouteilles, savoir filmer c’est d’abord savoir plonger.
ET NE JAMAIS OUBLIER QU’ON PLONGE !
« C’est, estime René, le problème de beaucoup de vidéastes débutants. » Trop occupés à filmer ou à suivre un sujet, ils oublient qu’ils sont en train de plonger, et peuvent facilement se mettre en danger : remontées intempestives en oubliant de souffler, bouteille vide alors qu’il reste un palier à faire, plongée yoyo… C’est tout le paradoxe de la chose : avoir si bien intégré la plongée que l’on n’a plus besoin de se concentrer sur la technique, mais sans jamais oublier que l’eau n’est pas tout à fait notre élément.
DES STAGES
Plusieurs fois par an, comme nous l’avons déjà évoqué dans Le Mag, René Heuzey propose à des stagiaires de profiter de son expérience. Les stages les plus courts sont uniquement consacrés au tournage proprement dit, mais ceux qui durent au moins une semaine permettent de découvrir aussi les techniques de montage. « Aujourd’hui, explique René, on peut avec moins de 1000 Euros faire chez soi du montage numérique de qualité professionnelle. » Reste à apprendre aussi, au delà des images « sorties », à les transformer en film et non pas en séquences collées bout à bout. C’est à ce moment-là que l’on devient réalisateur.
– Ile de la Réunion du 10 au 17 septembre 2012 : Baleines à bosse en apnée
Prix par personne à partir de 3007 € stage vidéo compris.
– Ile Maurice du 7 au 17 novembre 2012: cachalots en apnée 6 jours, murènes géantes et plongées bouteille 2 jours.
Prix par personne à partir de 3674 € stage vidéo compris.
Afin d’en savoir plus, contactez René directement via son profil : René Heuzey
Texte : Isabelle Croizeau
Photos : René Heuzey
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Bonjour Marie Aline,
Personnellement, je pense que l’on peut s’éclater sans forcément faire de longs paliers de décompressions…En croisière plongée, il est important de garder à l’esprit que suivant la destination, il est impossible d’avoir un Hélico qui viendrait faire une évacuation d’urgence pour un caisson de recompression… De plus, tous les voyageurs plongeurs ne sont pas entrainés durant l’année et certains sont moins conscients que le manque d’entrainement physique lié à une déco systématique et répétée sur une période courte à augmente considérablement le risque d’accident… Qu’ils soient Padi ou Cmas ne change rien, les DP veilllent à ce que le séjours soit agréable et que la sécurité soit respectée pour le bien être de tous les participants de la croisière…
La profondeur est une chose; il faut respecter les lois de chaque pays.
La plongée à décompression est autre chose, on sature bcp plus les tissus lents sur une longue plongée à 20 m que sur une plongée à 30 mètre avec un temps écourté….
Personnellement j’aime faire des plongées d’une heure durant mes séjours, cela ne m’empêche pas de faire des plongée “profondes” et de rester longtemps en immersions sans trop sursaturer. C’est mon avis.
Amicalement, Géraldine