Jérôme Espla et Eric de Keyser viennent de consacrer un 52’ au sanctuaire Pelagos : créé il y a 10 ans par l’Italie, la France et Monaco, c’est un éden fragile où l’on trouve une étonnante concentration de cétacés, mais qui est aussi en plein cœur des grandes routes maritimes méditerranéennes. Et c’est cette difficile équation que Pelagos doit résoudre en permanence.
TOUT PRES DE NOUS, EN TERRE INCONNUE
Les cétacés, Eric et Jérôme connaissent. Des nurseries de baleines à bosse en Polynésie aux dauphins de Mer Rouge, ils ont à leur actif plusieurs tournages sur le sujet. Mais ils ne les imaginent pas à leur porte ou presque. Jusqu’à ce qu’ils rencontrent « Patrice, un guide de pêche très respectueux. Dans la conversation il évoque les rorquals qu’il voit régulièrement ou encore les cachalots, globicéphales, ou les dauphins de Risso qu’il arrive à croiser. Pour nous prouver ses propos, il nous amène avec lui en mer. Après 20 miles de navigation sur une zone qu’il connaît, le festival commence… Nous avons fait plusieurs sorties avec lui et pratiquement à chaque fois les grands mammifères étaient au rendez-vous. » Et ce n’est pas un hasard. Ils se trouvent au cœur de Pelagos.
LA DIFFICILE EQUATION
La zone est vaste. Quelque 87500 km2 situé entre les îles d’Hyères, le Nord de la Sardaigne, et la côte italienne kilomètres carrés, un immense triangle dans la mer des Ligures érigé en sanctuaire il y a 10 ans par la France, l’Italie et Monaco. Pour la première fois, trois états protègent ensemble ! Les conditions climatiques et hydrologiques très particulières font de la région une zone riche en plancton : une multitude de dauphins et de baleines, attirés vers cet Eden sous-marin, viennent y séjourner. Mais si l’on y trouve la plus grande concentration de cétacés de toute la Méditerranée, c’est aussi une zone dans laquelle les activités humaines sont très importantes, qu’il s’agisse de navire de commerce ou de bateaux de plaisance. L’enjeu est donc de taille, arriver à un équilibre entre préservation de la vie sauvage et maintien des activités humaines.
UNE VINGTAINE D’ESPECES
En tout, une vingtaine d’espèces de cétacés peuplent les eaux méditerranéennes. Les principales sont le Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba), le Grand dauphin(Tursiops truncatus), le Globicéphale noir (Globicephala melas), le Dauphin de Risso (Grampus griseus), le Rorqual commun (Balaenoptera physalus) et le Cachalot (Physeter macrocephalus). Plusieurs recensements ont estimé le nombre de rorquals vivants en Méditerranée occidentale, à entre 3 000 et 4 000 individus. C’est la baleine la plus commune en Méditerranée. « Un grand rorqual commun de près de 15 mètres de long, devient alors tout naturellement le fil conducteur du film ». Les auteurs prennent le parti de personnifier le géant, « pour que les observations, disent-ils, viennent directement des profondeurs et du cœur de Pelagos ».
TOURNAGE EN APNEE ET RECYCLEUR
Pour ne pas perturber les animaux, les auteurs ont bien sûr tourné en apnée, ou en utilisant des recycleurs à circuit fermé de type militaire. « Chez de nombreuses espèces, les bulles et le bruit qu’elles occasionnent sont considérés comme des agressions et entraînent souvent une réaction de fuite. » Il leur a fallu aussi être patients : prendre le temps de comprendre le comportement des cétacés, évaluer au mieux leur trajectoire, et attendre, attendre encore, que le moment soit propice à une mise à l’eau. Ils s’entourent des meilleurs spécialistes, écoutent leurs conseils, profitent de l’expérience de ceux qui tous les jours ou presque sont à la mer avec les cétacés : Patrice, spécialiste du whale-watching, mais aussi différentes associations qui travaillent dans le sanctuaire à une meilleure connaissance des animaux. Et de retour à terre, les spécialistes des cétacés décryptent les observations, expliquent…
PELAGOS, UNIQUE CHANCE DE LES PRESERVER
Eric et Jérôme ont voulu à travers ce documentaire montrer les animaux bien sûr, mais aussi donner la parole à tous les acteurs concernés par Pélagos : Etats, collectivités territoriales, professionnels des transports maritimes, instituts de recherches, ONG…« A travers leurs regards croisés, expliquent-ils, nous avons voulu montrer l’équilibre subtil qui maintient aujourd’hui les grands cétacés en Méditerranée, entre science, recherche, respect et business. Face à l’industrialisation de la Méditerranée, le Sanctuaire Pelagos est l’unique chance de préserver ces animaux dans cette zone.»
AU TRAVAIL AUTOUR DES CETACES
Bien vite, Jérôme et Eric vont s’apercevoir du travail accompli autour de la préservation de ces espèces : dans les 3 pays fondateurs, les chercheurs s’activent. Des scientifiques sont par exemple chargés d’effectuer des comptages des grands mammifères par survol aérien. D’autres, en bateau, EcoOcéan, Souffleurs d’Ecume Fondazione CIMA, Acadamia Del Leviatano ou ISPRA, étudient leurs routes, leur répartition selon les saisons, font des recoupements avec les routes commerciales. D’autres, comme le GECEM, travaillent sur un catalogue de photo-identification, ou comme le WWF effectuent des campagnes de biopsies pour établir le niveau de contamination des rorquals, cachalots et globicéphales ou encore comparer la filiation des individus à travers les mers et océans…
DE LOURDES MENACES
Mais au delà du travail des scientifiques, qui cherchent à mieux connaître les espèces, de lourdes menaces planent sur Pelagos. La pêche aux filets dérivants a été interdite grâce au Sanctuaire, mais d’autres risques sont tout aussi fatals comme les collisions avec les gros navires. Le système REPCET, développé sous l’impulsion de l’association Souffleurs d’Ecume, vise donc à diminuer le nombre de ces accidents selon un principe d’échange d’informations. Chaque observation de grand cétacé réalisée par le personnel de quart depuis un navire utilisateur de REPCET est transmise en temps quasi-réel par satellite à un serveur situé à terre. Le serveur centralise les données et diffuse des alertes aux navires équipés et susceptibles d’être concernés par un signalement. Les alertes sont alors cartographiées à bord sur un écran dédié. D’autres contributeurs volontaires peuvent également participer au dispositif en signalant les cétacés observés, notamment les navires militaires, les scientifiques en mer, les opérateurs de whale-watching ou encore la grande plaisance.
LE WHALE WATCHING Le whale-watching est aussi au cœur des préoccupations des gestionnaires de Pelagos : au-delà du code de bonne conduite recommandant notamment des zones et distances d'approche, ils souhaitent aujourd’hui créer un outil volontaire pour encadrer l'activité, une sorte de label de qualité. Et dans le sens également de la sensibilisation du public, le Parc National de Port-Cros, qui chapeaute la partie française, a imaginé une charte de partenariat entre Pelagos et les communes riveraines. Les communes signataires de cette charte peuvent d’ailleurs faire flotter le pavillon Pelagos. Le but est de matérialiser le sanctuaire pour le grand public, mais aussi de créer une dynamique autour des mammifères marins. Faire partager, informer, sensibiliser, pour mieux protéger. Un message identique à celui que nous transmet le documentaire d’Eric de Keyser et de Jérôme Espla.
“Le sanctuaire des baleines” sera diffusé SAMEDI 16 FéVRIER à 15h20 SUR FRANCE 3 PROVENCE-ALPES & CôTE D’AZUR
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Très bonne initiative et, si je puis me le permettre, pourriez-vous également ouvrir votre site à l’apnée ? En effet, il y a de plus en plus de pratiquants et surtout des femmes… Je pourrais peut-être, grâce à vous, trouver des palmes spécial apnée en 36 (ce que je cherche désespérément) et je ne suis certainement pas la seule dans ce cas…
Merci à vous,
Cordialement,
ALEXANDRA