Sans batteries, adieu lumières, photos et vidéos sous-marines ! Essentielles mais également potentiellement dangereuses, nos batteries ? Pierre Bertois, gérant de la Société familiale Bersub implantée en Rhône-Alpes en utilise depuis des décennies afin d’alimenter les lampes de la marque. Il a bien voulu nous éclairer de ses lumières en la matière.
Évolution des batteries.
– De plus en plus rares, les accus au plomb : trop lourds, encombrants, mais robustes;
– De 1990 à 2000 environ, les accus en nickel et cadmium : avec métaux lourds ;
– De 1998 à 2012, les accus en nickel métallisé, NIMH : sans métaux lourds;
– Aujourd’hui, les accus au lithium sont à la pointe des progrès technologiques : plus légers et moins volumineux. Un phare de plongée peut ne plus mesurer maintenant que 20cm pour moins d’1 kilo. Mais ils sont très sensibles et classés « dangereux ».
La conception
La conception se fait en interne à l’aide de logiciels CAO, avec une série d’aller-retours des ingénieurs de la Société aux Ateliers. Une fois le produit validé en interne, on le soumet à des organismes indépendants pour homologation comme Véritas par exemple. Cela peut encore prendre de quelques semaines à plusieurs mois. Le coût est élevé, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros, si bien que les produits ne sauraient être renouvelés en permanence. Mais ils évoluent au fil des homologations qui doivent être répétées régulièrement, ceci en fonction des quantités produites. Chez Bersub :
– Pour les produits fabriqués en quantité, tous les deux ans ;
– Pour les productions artisanales plus modestes, tous les trois ans environ.
La fabrication
Une fois le travail de conception finalisé et validé, la Société Bersub fait réaliser l’usinage des pièces auprès de sous-traitants régionaux pour une grande majorité, l’injection du plastique et la fabrication des cartes électroniques, puis se charge de l’assemblage final en interne, dans ses ateliers.
Avancées technologiques assorties de normes multipliées
Les normes à respecter se sont en effet multipliées avec les avancées technologiques. Elles visent à accorder le label de « conformité européenne », dit CE, qui atteste de la conformité du produit aux obligations fondamentales en matière de sécurité, d’hygiène et de protection de l’environnement. Un organisme de contrôle tiers peut aussi en attester.
Pour ne citer que quelques-unes de ces normes, les produits doivent :
– Suivre toutes les directives européennes liées à la sécurité électrique en basse tension, qui varient selon les types d’appareils ;
– Notons au passage que les chargeurs, qui se branchent sur le 220v sont, eux, soumis aux directives hautes tensions ;
– Suivre toutes les directives concernant la sécurité intrinsèque des produits, leur dangerosité potentielle, comme les élévations excessives de température ou des angles saillants qui pourraient être coupants ;
– Respecter les risques photo-biologiques concernent les LED, susceptibles d’abîmer la vue des enfants, par exemple ;
– Respecter la compatibilité électromagnétique – le produit ne doit pas perturber les appareils alentour ;
– Les accus au lithium doivent en outre répondre aux normes UN38, qui s’intéressent à leur sécurité intrinsèque et au transport aérien.
Homologation & mise sur le marché
L’homologation peut donc être faite de deux façons :
– Soit par des organismes indépendants, qui fournissent, après tests, leurs rapports et certificats de conformité au-dessus de tout soupçon, ce qui a bien évidemment un coût, élevé pour une petite structure de huit personnes comme Bersub, mais qui constituent la seule réelle garantie de sécurité pour le consommateur ;
– Soit par les fabricants eux-mêmes, qui produisent de simples auto-déclarations de conformité non accompagnées du moindre certificat ni d’aucun contrôle tiers. Cela est courant pour bien des produits fabriqués en Asie, mais aussi pour certains autres, fabriqués dans la communauté européenne.
– Notons que nul certificat de conformité n’est d’ailleurs exigé pour les batteries au-dessous d’une certaine puissance, les batteries au lithium exceptées, puisqu’elles sont classées « matériel dangereux ».
– Dans la réalité il n’y a aucune obligation de fournir le rapport de tests et la certification officielle par un tiers au revendeur. La garantie de sécurité des produits est ainsi gravement compromise puisqu’elle ne repose plus que sur la bonne foi. C’est la porte ouverte aux abus.
Répression des fraudes
In fine, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes peut intervenir.
Mais son manque en ressources humaines lui permet-il d’être pleinement efficace?
Ainsi, ils n’interviennent souvent qu’après les accidents.
En cas d’accident
– Le produit est tout d’abord consigné. Il sera détruit si, après enquête et séries de tests, il est avéré qu’il est un réel danger ;
– Le fabricant hors-la-loi est responsable, passible d’amende et justiciable.
S’il fait fabriquer à l’étranger, il demeure responsable de son logo.
Mais si vous avez perdu une main ou que votre ordinateur est tombé en
panne lors d’une plongée de nuit… cela vous consolera-t-il ?
ENERGIE EMMAGASINEE = DANGER
L’homologation par des séries de tests fiables faits par des labos indépendants ne devrait-elle pas être rendue obligatoire pour toutes les batteries ?
Conseils pour une durée de vie maximale de vos batteries lithium
Comparable à nos muscles, une batterie doit servir régulièrement, selon ces règles :
– Les utiliser vers 20°C. Lourdes pertes en autonomie par temps froid ou chaud ;
– Ne pas les laisser sur chargeur 24/24. Ce n’est ni nécessaire, ni conseillé ;
– Les stocker dans un endroit tempéré ;
– Les stocker à moitié charge. Complètement vides, elles ne pourraient plus être
rechargées. Pleines, elles perdraient de leur capacité de stockage.
Retrouvez à la rentrée, le samedi 14 septembre, notre enquête “ONT-ILS LA NORME CE ?” afin de vous permettre de faire enfin des achats éclairés 😉
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Merci Philippe…