Dans Le Mag n°64, nous avons interrogé des spécialistes afin de savoir si l’image sous-marine était un métier d’avenir. Laurent Ballesta était une fois encore sous l’eau au moment de rendre sa copie… nous la publions avec plaisir aujourd’hui.
– Ta 1ère immersion?
En apnée, sur les plages de Carnon, à côté de Montpellier, vers 8 ans à torturer les crabes. En bouteille à 13 ans, “au large” de Carnon plage, 6 m de profondeur, j’ai vu une seiche qui sous mes yeux a pris des allures de calamar géant, et j’ai audacieusement remonté une poêle à frire rouillée, un découverte archéologique majeure, me semblait-il, datant au moins des années 70. je l’ai encore, je crois…
– Combien de plongées à ton actif?
Environ 5500 mais avec l’avènement de la plongée recycleur, aujourd’hui le nombre d’heures d’immersion est sans doute plus significatif que le nombre de plongées. Aujourd’hui, lors des expéditions il est rare de faire plus d’une plongée par jour, mais les immersions peuvent dépasser 6 heures.
– Date à laquelle ta 1ere image est publiée?
1997 dans le magazine Octopus. Plusieurs espèces de poissons jamais mentionnées jusque-là dans la réserve naturelle de Cerbère Banyuls. j’attends toujours d’être payé !
– Date à laquelle tu vends ta 1ère image?
En 2000, 10 pages dans Paris Match avec lesquelles je m’achète ma première voiture.
– Récompenses, prix dans des festivals?
3 plongeurs d’or dans la catégorie Portfolio au FMISM 2000, 2002, 2004. palme d’or beau livre en 2005. Coté film sous-marin, les documentaires que j’ai co-signés n’ont jamais obtenu de 1er prix.
Un plongeur d’Argent en 2007 en photo, un peu cuisant, mais c’était une très mauvaise année de toute façon !… L’an passé, j’ai eu le touchant privilège de recevoir le Hans Hass Award 2013, lors du Boot Show de Dusseldorf pour le travail réalisé autour du coelacanthe.
– Qui sont tes clients?
Paris-Match, VSD, Ca m’intéresse, etc. National Geographic USA (une seule fois pour l’instant mais ça compte !), Stern, View, Daily Mail, Geo.
institutions Publiques : Agence de l’Eau, Conservatoire du Littoral, Agence des Aires Marines Protégées,
A l’étranger : divers parcs marins, pour des campagnes de sensibilisation.
depuis quelques temps des commandes pour un travail complet, production photo / exposition / livre autour d’une thématique précise : la vie dans le port de Marseille, par exemple.
Depuis peu, quelques amateurs de photographies qui tiennent à acquérir des tirages numérotés et signés.
– L’image sous-marine est-elle ton activité principale?
Mon activité principale, c’est “d’aller voir ce qui se passe sous l’eau” et d’en ramener des témoignages illustrés qu’il s’agisse d’expertise scientifique, d’une approche naturaliste ou purement artistique. La photo est toujours présente, c’est mon premier moyen d’expression. Il n’est pas dit que cela ne change pas un jour.
– Les 2 images les plus “importantes” pour toi?
Ce ne sont pas forcément les deux que je trouve les plus belles, mais ce sont les plus importantes :
– La photo du gobie d’Andromède :
A la fin de mes études universitaires, c’était la première fois que je photographiais un être vivant inconnu, jamais illustré auparavant, jamais inventorié. A peine 3 cm de long, mais porteur d’un immense espoir : ma passion pouvait devenir un métier.
– La photo de la rencontre plongeur cœlacanthe :
La photo que j’ai le plus attendue, pour elle-même bien sûr, mais aussi pour ce qu’elle représente : jamais je n’étais allé aussi loin dans chacune de mes trois aspirations : la plongée, la science, la photographie.
– Tu travailles avec quel équipement? Budget?
J’ai la chance que Nikon et Seacam, mais aussi Aqua Lung et ApDiving, me soutiennent pleinement, je bénéficie de leurs meilleurs équipements respectifs, qui chaque année évoluent et s’améliorent encore.
– L’activité est-elle diffèrente entre tes débuts et aujourd’hui?
L’exploration sous-marine comme je l’entends est jeune, à peine plus d’un demi-siècle. Alors même si, apparemment, la moyenne d’âge des plongeurs est vieillissante, la technique évolue toujours et très vite. Les scaphandres progressent, on plonge plus longtemps et plus profond, les caméras progressent, on peut révéler des lumières et des comportements qui nous échappaient autrefois. De quoi bien s’amuser pendant encore quelques décennies !
– La vidéo est-elle indispensable?
Indispensable, non. je continue à préférer la photo, pour son côté “aperçu”, parce que, quand elle est réussie, elle laisse une plus grande place à l’interprétation, au rêve. C’est comme ça, j’ai une formation de scientifique mais j’ai toujours préféré l’imagination à l’explication. Mais j’aime trop raconter de belles histoires pour me passer de la vidéo. Tant mieux que l’on puisse faire les deux plus facilement aujourd’hui qu’hier.
– Un conseil aux jeunes qui souhaitent se lancer dans l’aventure?
Faites-vous plaisir et racontez seulement les histoires auxquelles vous croyez sincèrement
– Envie de rajouter quelque chose?
que je remercie aussi mon sponsor actuel, la manufacture horlogère Blancpain, qui soutient mes expéditions.
– Ton site internet
www.andromede-ocean.com
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Absolument mon cher Christophe, je vois que tu es bien informé sur cette bestiole, ceci dit, il s’avèrerait que ce sympathique mollusque, perde un peu de sa puissance venimeuse, si les attaques sont trop rapprochées, mais elles sont malgré tout redoutables…