TUTO : Le post-traitement d’une photo subaquatique
Nous avons vu dans l’article précédant les avantages de la puissance de traitement d’un fichier RAW comparé une image JPEG. Vous allez voir au travers de ce tuto la « métamorphose » d’un fichier brut en une photo travaillée en fonction de sa propre sensibilité. Je vais ainsi vous décrire pas à pas, les principales phases de développement d’un fichier RAW. Le traitement de ces fichiers s’inscrit dans une suite d’actions et d’ajustements visant les différentes notions qui font une photo. Cette succession d’action s’appelle le « workflow ». Ces ajustements viennent en complément des réglages fait à la prise de vue. Il est important de préciser que tout ce qui peut être fait avec votre appareil, au moment de la prise de vue sur le terrain, doit être fait à ce moment-là. C’est encore plus vrai en photo sous-marine. L’erreur serait de se dire, tant pi, je ne fais pas ce réglage ou je n’optimise pas celui-ci, car je pourrais le faire plus tard avec Lightroom ou Photoshop. La post-production, ou le traitement informatique d’une photo fait partie intégrante du processus de création d’une œuvre photographique. C’est à mon sens une étape tout aussi importante que la prise de vue elle-même. Les principales notions que nous allons travailler au travers de ce guide sont les suivantes : le contraste, les tonalités et les couleurs et quelques outils d’action localisée. La liste des actions décrites n’est pas exhaustive.
La post-production d’un fichier RAW est sensiblement la même dont il s’agit d’une photo sous-marine ou terrestre. Néanmoins, il existe des spécificités propres au développement des images subaquatiques.
Ce tuto s’adresse aux novices, aux personnes qui n’ont pas encore d’expérience en post-production et qui souhaitent approfondir ce sujet.
Nous allons tout au long du flux de travail, travailler le développement d’un fichier RAW (déRAWtissation) avec le logiciel Adobe Lightroom CC 2015.
Pour que vous puissiez bien suivre le traitement pas à pas, je vous mets à disposition le fichier RAW de la photo pour que vous puissiez effectuer les mêmes réglages que moi. Attention, le rendu des couleurs peut varier suivant les écrans, surtout s’ils ne sont pas calibrés.
Comme je l’ai annoncé plus haut, le développement d’un RAW est une suite d’action qui vise à optimiser et ajuster certaines notions qui ne peuvent pas être réaliser lors de la prise de vue.
Je vais vous décrire pas à pas toutes les actions utilisées pour réaliser le traitement de ce cliché sous-marin, comme le prouve cette comparaison avant / après :
Cette photo a été prise en fin de plongée dans la Passe en S à Mayotte. C’est une photo en contre-jour, donc avec une forte dynamique.
Présentation de l’interface du logiciel :
Dans un premier temps, ouvrez votre photo dans Lightroom et cliquer sur l’onglet Développement.
Vous devriez avoir cette interface :
Voici comment se présente l’espace de travail de Lightroom avec tous les éléments ou groupe d’éléments qui vont nous permettre de travailler sur le fichier.
– L’histogramme : il se trouve en haut à droite. Vous pouvez retrouver son utilité en retournant voir mon article : les Fondamentaux de la photographie. Cet histogramme évoluera tout au long du traitement photographique. Chaque action aura un effet sur celui-ci.
– Les éxifs : ce sont les indications des paramètres de prises de vue. (Vitesse, Ouverture, Iso mais aussi la focale et l’objectif utilisé, ici un 16-35 à 16 mm)
– Le panel d’outil localisé : ce groupe d’outil vous permet de recadrer, de corriger l’horizon, de faire une balance des blancs localisés (très pratique en photo subaquatique) d’ajouter des filtres gradués, de faire des corrections localisées diverse etc.
– Les onglets de réglage : ils sont au nombre de 9. (réglage de base, courbe des tonalités, Détail, TSI/Niveau de gris, Virage partiel, Détail, Corrections de l’objectif, Transformations, Effets et Étalonnage de l’appareil photo)
– Option d’aperçu : c’est un outil très pratique qui permet de visualiser un avant/après des modifications effectuer. Il possède plusieurs styles d’affichage.
– L’échelle : outil indispensable pour effectuer des zooms avant ou arrière sur la photo.
Avant toute chose, il convient de réaliser quelques réglages qui resteront permanents sur le logiciel.
Je veux parler de l’espace colorimétrique de travail et le profil de base depuis lequel nous allons travailler et aussi éventuellement exporter nos photos vers Photoshop après le développement des RAW.
L’espace colorimétrique sous lequel nous devons travailler est ProPhoto RGB. C’est l’espace colorimétrique le plus étendu qui s’offre à nous. Bien que la plupart des écrans ne sont pas capables de restituer la totalité des couleurs qu’offre cet espace, il est important de l’utiliser pour avoir la meilleure nuance de couleur possible. C’est encore plus vrai en photo sous-marine ou les nuances de bleu sont nombreuses. Cet espace permettra un meilleur dégradé, une meilleure transition des différentes teintes.
Il faut aussi sélectionner la profondeur de couleur à 16 Bits/couche. Veillez aussi à ce qu’il n’y ait pas de redimensionnement.
Ces modifications sont à apporter en cliquant sur Lightroom => Préférences => Edition externe.
Vous obtiendrez cette fenêtre :
Avant de commencer notre traitement, il est important de bien sélectionner le profil qui nous servira de base pour notre traitement. Pour mieux comprendre ce que sont les profils, vous pouvez relire mon article sur le Format RAW via ce lien : http://www.blog.underwater-landscape.com/format-raw/
Pour sélectionner le profil, il faut cliquer sur le dernier onglet de réglage : étalonnage de l’appareil photo
Une fois l’onglet ouvert, vous avez tout un panel de curseur de réglages. Pour le moment, nous nous concentrons uniquement sur le menu Profil :
Lightroom propose plusieurs interprétations d’un fichier RAW. Ces interprétations sont en fait les Profils. Certains de ces profils sont déjà proposés par votre appareil photo (Paysage, Portrait, etc. ) tandis que d’autres sont des profils créer par Adobe. Le rendu de base diffère grandement suivant le profil que vous avez choisi. Ici, le but est de sélectionner le profil le plus neutre possible, afin de maitriser au mieux le flux de traitement.
Pour cela, voici ci-dessous un petit comparatif du rendu des différents profils.
Vous remarquerez que les rendus sont totalement différents, tant sur les contrastes que sur la colorimétrie. Certain comme le profil, Camera Landscape ont un contraste et une saturation des couleurs trop prononcés à mon gout.
Je sélectionne toujours le profil Adobe Standar V2. C’est le profil qui offre le maximum de détail et qui est le plus neutre au niveau des couleurs. Il est aussi très peu contrasté, ce qui nous laisse l’entière possibilité d’ajuster le contraste que l’on souhaite.
Mais rien de vous interdit de partir sur un autre profil, c’est juste une question d’appréciation et d’interprétation.
Contraste, Tonalités et récupération d’information :
Le fichier RAW avec le profil que j’ai préalablement sélectionné est dans son état actuel terne, sans contraste. C’est normal, la notion de contraste et de tonalité est subjective. Le rôle du capteur est d’enregistrer le maximum d’information. Mais certaines, comme le contraste, dépendant de notre propre sensibilité.
Le contraste, tout comme l’exposition sont des notions subjectives. Elles dépendent grandement de notre interprétation et du rendu que nous voulons apporter à notre photo. C’est la raison pour laquelle une photo en macro sur fond noir sera volontairement sous-exposé, tandis qu’une photo d’ambiance, comme celle-ci, vise à montrer une scène dans sa globalité et demande une exposition la plus juste possible.
Dans ce cas précis, la première des actions du flux de travail de développement d’un RAW. Consiste à la récupération des données dans les zones fortement exposé et sous-exposé. En somme, la récupération des zones dit « cramées » ou « bouché ». Elle dépend en grande partie de la dynamique du capteur. Plus les capteurs sont récents, plus cette dynamique, et donc la possibilité de récupération des informations est importante. Cette solution a ses limites, il faut avant tout bien exposé sa photo et ajuster la puissance de ses flashs pour avoir le moins d’information à extraire.
Sur cette photo, on peut voir qu’il n’y a pas de zones « bouchées », c’est-à-dire totalement noir. Seule une petite partie du soleil est légèrement surexposée. On peut donc en conclure que la photo est correctement exposée et je n’aurai pas besoin de jouer avec le curseur d’exposition.
Il existe une petite astuce pour repérer les zones surexposées et/ou bouchées.
En cliquant sur les deux petits boutons qui se trouvent au-dessus de l’histogramme, le logiciel colorie en rouge les zones brulées et en bleu les zones bouchées. On remarque sur cet exemple qu’il n’y a pas de zone à récupérer dans les bases lumières, seule une zone proche du soleil est surexposée. Mais cela est normal, car il s’agit du soleil.
La prochaine étape consiste à jouer avec les réglages de base dans l’onglet du même nom.
Mais avant d’aller plus loin je vais vous apporter quelques petites précisions sur les curseurs présents dans cet onglet :
Après ces petites précisions, je vais tenter de récupérer un peu d’information autour de soleil, la zone la plus claire de la photo, mais sans pour autant chercher à trop en faire. Pour cela, j’utilise le curseur des Tons blancs que je déplace vers la gauche.
Le curseur étant positionné à -40 %, on remarque que la zone surexposée n’est plus marquée en rouge. On peut aussi noter que cette action a aussi et surtout eu un effet sur les autres zones claires de la photo comme les nuages proches de là cette zone.
Une fois les informations récupérées, la prochaine action consiste à jouer sur le contraste global de l’image.
La solution la plus simple est de faire varier le curseur de contraste. Ce curseur s’appuie sur un préréglage qui modifie plus ou moins la courbe en S des tonalités. Cette solution laisse peu de marge de manœuvre et elle est beaucoup moins précise que de jouer directement sur la courbe des tonalités, néanmoins le rendu est souvent correct.
La gestion du contraste avec le curseur de contraste globale de l’image :
On remarque avec la vue avant/après ci-dessous que l’image est plus contraste, l’aspect délavé de la photo s’estompe et le relief commence à ressortir.
La gestion du contraste avec la courbe des tonalités :
Il s’agit d’une autre méthode pour ajuster le contraste de votre photo. Mais avant d’aller plus loin, petite précision sur cette courbe des tonalités :
La courbe de tonalités est un outil très important dans le réglage du contraste. Contrairement au curseur de contraste de l’outil de base, on peut jouer sur le contraste en sélectionnant des gammes de tonalités avec la courbe. C’est-à-dire qu’elle nous permet de travailler sur les tons clairs sans aucune répercutions sur les tons sombres et inversement. On peut ainsi avoir un réglage plus précis qu’avec la méthode précédente.
Il existe une autre manière de jouer avec cette courbe. C’est avec la méthode des points. On peut créer autant de points que l’on veut sur la courbe pour la faire varier comme bon nous semble. N’hésitez pas à tester cette méthode chez vous.
Ci-dessous les contrastes ajustés avec la méthode de la courbe de tonalité. J’ai ajouté un peu de « peps » dans les hautes lumières et j’ai assombri les zones plus sombres. La photo gagne plus en dynamisme, l’effet « délavé » disparait. Le traitement prend forme.
Remarque : l’ajout de contraste a une influence sur les zones les plus exposées et sous-exposées d’une photo. Plus le contraste augmente, plus on « perd » d’informations dans les extrêmes. Le but est de trouver un bon équilibre, le principal étant le MOOD, l’atmosphère ou encore l’ambiance que vous souhaitez apporter à votre cliché.
Pour la suite de traitement, je garde le contraste avec la courbe des tonalités (assurez-vous que vous ayez remis le curseur du contraste global à zéro.).
La clarté :
La clarté est le premier outil de la catégorie présence dans le panel d’outil de réglage de base.
Sa fonction est de faire ressortir (ou non) les détails des micros contraste de votre photo. Il est particulièrement intéressant pour faire ressortir les textures comme par exemple les grains de sable ou bien encore les écailles des poissons. Il intensifie aussi les contours des éléments d’une photo.
Cet outil booste le dynamisme et le relief de votre photo dans sa valeur positive. A contrario, il la lisse jusqu’à la « flouter » dans sa valeur négative (que personnellement, je n’utilise jamais).
Quand j’ai commencé le traitement informatique, j’utilisais beaucoup la clarté pour ajouter du « peps » à mes photos. Mais au fil du temps, avec l’expérience, je me suis rendu compte que cet outil aussi séduisant soit-il, doit être utilisé avec une extrême prudence. À tel point que je ne l’utilise presque plus, ou alors, seulement à des points particulier d’une photo. L’abus de clarté dénature la photo, elle devient moins « douce » avec parfois un aspect métallique.
L’exemple ci-dessous est bien plus parlant que quelques mots :
Pour ce traitement, je ne vais pas ajouter de clarté, je trouve la photo déjà bien dynamique avec un relief mise en avant par la gestion du contraste que nous avons réalisé précédemment.
Corrections de l’objectif :
Lightroom possède une fonctionnalité qui détecte l’objectif utilisé ainsi et vous propose une correction des aberrations chromatiques et du vignetage. La correction des aberrations chromatiques doit etre faite à chaque fois.
Ci-dessous une capture d’écran avant correction de l’objectif et après.
On remarque une différence de rendu sur les contours de la photo. En effet, la correction du vignetage « éclairci » les contours qui sont assombris par le default optique de l’objectif. Selon moi, cette correction n’est pas systématique. C’est vraiment au cas par cas en fonction de la photo et de sa composition. J’ajoute presque toujours du vignetage sur mes photos afin de guider l’œil vers le sujet. Ce n’est donc pas une correction que je fais régulièrement. À savoir que le vignetage dépend aussi très fortement de la qualité de votre objectif. Plus l’objectif est de qualité, moins le vignetage sera présent, ou au pire, mieux gérer dans sa répartition.
Pour cette photo, je vais garder un peu de vignetage de l’objectif, je vais donc appliquer cette correction à hauteur de 30%. Pourquoi ce choix ? Parce que les bords assombris de la photo concentre le regarde vers le centre de la photo, là où se trouve le sujet. En revanche, je garde la correction de distorsion presque à chaque fois.
Les couleurs :
Voici un autre gros chapitre du traitement informatique. Les couleurs !!! L’interprétation de la colorimétrie est propre à chacun. Et comme je l’ai déjà mentionné dans mon article précédant sur le format RAW, le retour écran de votre appareil photo n’est pas la vérité absolue. Encore plus en photo sous-marine, la ou les couleurs sont grandement bouleversées par la colonne d’eau. La finesse de traitement des couleurs évolue en fonction de votre expérience. Comme pour le bon vin ou le fromage, elle s’affine avec le temps. L’erreur la plus courante est celle du « too much ». Le fait de trop saturer les couleurs en est la principale cause. Et croyez-moi, on y arrive très vite. L’harmonie des couleurs est aussi très importante. Attention aux couleurs dominante (due à une mauvaise balance des blancs ou un mauvais éclairage).
Il existe plusieurs outils pour travailler les couleurs d’une photo.
– L’outil Température et Teinte.
– La gestion de chaque couleur de manière isolée dans l’onglet TSL / Couleur / NB.
– L’outil Virage partiel, qui influe selon notre choix sur les couleurs des hautes lumières et/ou des bases lumières.
– L’outil de modification des couleurs primaires qui se trouve dans l’onglet Étalonnage de l’appareil photo.
En premier lieu, nous allons voir l’outil de gestion de Température et Teinte qui se trouve dans les réglages de bases :
Nous voyons ici que la température est de 5 850 degrés Kelvin. Ce réglage dépend de celui de votre appareil photo. Pour cette plongée, j’ai laissé l’appareil géré la température des couleurs, mais il m’arrive de l’ajuster manuellement.
En modifiant le curseur, vous pouvez ajuster les couleurs pour les rendre plus chaudes ou plus froides.
Voici deux exemples exagérés des rendus possibles avec cet outil :
Ci-dessus, une température de couleur à 7000 degrés Kelvin.
On remarque tout de suite que l’ensemble des couleurs sont plus chaudes. Elles tirent vers le jaune.
Ci-dessus, une température de couleur à 4700 degrés Kelvin.
Contrairement à la précédente, on remarque que les couleurs tirent vers des teintes plus froides, donc vers des tons bleutés.
Nous pouvons constater que la température influe sur l’ensemble du spectre colorimétrique de la photo. Attention, le rendu peut grandement différer suivant les écrans s’ils ne sont pas calibrés par une sonde colorimétrique. De manière générale, les photos subaquatiques ont les meilleurs rendus avec une température comprise entre 4800 K et 5500 K. Pour cette photo, je vais laisser la température de couleur tel quel, à 5850 K, car je la trouve plutôt bien équilibré ainsi.
Pour le curseur Teinte, c’est exactement la même chose que pour celui de la Température, à la différence que le spectre colorimétrique tirera plus ou moins vers le vert ou le magenta. Et comme pour la Température, je ne modifierais pas cette valeur.
Toujours dans l’onglet Réglages de base, nous avons deux curseurs pour accentuer les couleurs.
Ce sont les deux derniers : Vibrance et Saturation.
Quelle différence y a-t-il entre la vibrance et la saturation ?
La saturation d’une couleur en colorimétrie est en quelque sorte l’intensité de sa teinte. Une couleur saturée tire plutôt vers du fluo alors qu’une couleur peu saturée tend vers une teinte pastel.
Pour la vibrance, la définition est beaucoup moins facile. Il faut d’abord savoir que c’est une notion popularisée par Adobe.
Voici leur définition : « Le réglage de vibrance permet de régler la saturation de manière à limiter l’écrêtage des couleurs proches du niveau maximal de saturation. Ce réglage augmente le niveau de saturation des couleurs faiblement saturées de sorte qu’il soit supérieur à celui des couleurs déjà saturées. Il permet également d’éviter toute saturation excessive des tons de peau. »
On peut donc en conclure la différence qu’il y a entre ces deux notions.
La saturation augmente l’intensité de la teinte de toutes les couleurs alors que la vibrance sélection les couleurs les moins prononcées (les tons moyens) pour intensifier leur teinte sans impacter les couleurs déjà dominantes.
En photo subaquatique, la vibrance a un atout pour augmenter les couleurs des sujets, sans trop modifier les couleurs dominantes, le bleu dans la plupart des cas.
Mais attention, il faut jouer avec parcimonie sur ces curseurs !!!!
Pour exemple, voici la vibrance poussée à 50 % :
Et maintenant la saturation poussée à 50 % :
On remarque que la saturation poussée à 50 % donne un rendu qui ne semble pas du tout naturel tandis que la vibrance à 50 % ne tombe pas dans l’excès.
Bien évidemment, j’ai volontairement exagéré sur les curseurs pour ces deux exemples. Je ne dépasse jamais les 20 % en vibrance et les 10 % en saturation. C’est des valeurs-limites que je me suis fixées aux cours de ces dernières années. Au-delà de ces seuils, le rendu ne me semble plus naturel.
Voici le rendu à 20 % de vibrance et 10 % de saturation :
L’outil TLS/Couleur / NB :
Pour modifier une couleurs précise sans impacter les autres, nous utiliserons les outils de l’onglet TLS/Couleur / NB.
Il y a plusieurs présentations de cet outil suivant ou vous cliquez sur TSL ou Couleur, mais il s’agit en réalité de la même chose.
On peut modifier 8 couleurs distinctes : rouge, Orange, Jaune, Vert, bleu-vert (cyan), Bleu, Pourpre et Magenta.
Sur chacune de ces couleurs, on peut influer sur 3 notions : la Teinte, la Saturation et la Luminance. Ce qui nous permet des ajustements précis pour chaque couleur sans modifier les autres.
Pour notre exemple, je trouve que les bleus tirent un peu trop vers le vert et ça me dérange un peu.
Je vais modifier leur teinte en poussant le curseur des cyans (bleu-vert) à droite, comme ci-dessous :
Précision : les teintes cyans influent énormément sur le rendu des bleus d’une photo. C’est la couleur à travailler avant toutes les autres.
Je ne vais pas jouer sur la saturation des couleurs avec cet outil, car j’ai déjà ajusté la saturation précédemment. Mais rien ne nous empêche de pousser/baisser la saturation d’une couleur si elle vous parait inadéquate ou en marge des autres couleurs.
On obtient un bleu qui ne tire plus vers le vert. Il appartient a chacun de déterminer qu’elle est la couleur qui convient le mieux.
Virage partiel :
Il s’agit d’une autre méthode visant a ajusté les couleurs des hautes lumières et / ou des ombres. Dans ce cas, on ne peut pas sélectionner une couleur précise. C’est l’ensemble du spectre colorimétrique des hautes lumières ou des ombres que l’on modifie. Bien que ce soit un outil que j’utilise parfois en photo de paysage, je ne l’utilise jamais en post production d’une photo sous-marine.
Il existe une troisième méthode pour ajuster les couleurs. Pour ce faire, nous allons dans un onglet que nous avons déjà vu : Étalonnage de l’appareil photo :
Dans cet onglet, nous avons vu les profils disponibles (standard, landscape, etc.). Mais il y a aussi une série de curseurs qui ont pour objectif de modifier les couleurs primaires : rouge, Vert et Bleu (RVB) ainsi qu’un curseur qui joue sur la teinte des ombres. Si on modifie un de ces curseurs, cela aura un impact direct sur la couleur primaire, mais aussi sur toutes les couleurs secondaires qui en découlent.
Pour vous donner un exemple, j’aimerai ramener un peu plus de rouge sur les poissons soldat qui tire un peu trop sur le jaune à mon gout. Vous constaterez avec la comparaison avant/après ci-dessous que la modification a aussi un impact sur les teintes chaudes du corail. N’hésitez pas à faire varier les curseurs, même dans les extrêmes pour bien visualiser les rendus possibles avec cet outil.
Avant étalonnage :
Apres étalonnage :
À ce stade du traitement, le gros du travail est fait. L’aspect global de la photo me convient. Mais il reste encore un grand nombre d’actions possible. Notamment avec les outils d’actions localisés ou les filtres gradués.
Je ne vais pas m’étendre sur tous les outils d’action localisée dans ce tuto, ni sur les deux onglets Transformation, Détail et Effets. Mais je vous incite fortement à les tester de façon empirique. C’est un excellent moyen d’apprendre.
En revanche, nous allons voir ensemble les possibilités que nous offre l’outil Filtre gradué.
Le filtre gradué (ou dégradé) est, comme son nom l’indique est un filtre « progressif ». Ce filtre est orientable dans n’importe quel sens et sa graduation peut être modifié comme bon vous semble. Il est particulièrement efficace en photo de paysage, pour travailler sur les ciels par exemple. En photo sous-marine, il est utile pour travailler sur la surface de l’eau.
L’outil Filtre gradué se trouve dans la palette d’outil localisé, c’est le petit rectangle entouré en rouge sur la photo ci-dessous.
Une fois que vous avez cliqué sur ce petit rectangle, une série de curseurs apparaissent. Ce sont quasiment les mêmes que les curseurs de réglages. Mais avant de modifier quoi que ce soit, il faut d’abord positionner le filtre sur notre photo.
Pour cela, il faut cliquer sur l’endroit de la photo où vous voulez que le filtre commence et déplacer le curseur de la souris à l’endroit où vous voulez qu’il s’arrête.
Ce qui nous donne ceci :
Nous avons 3 lignes qui apparaissent. Toutes les modifications seront à 100 % au-dessus de la ligne du haut.
Le filtre sera gradué de façons progressive entre la ligne du haut et la ligne du bas qui elle est à 0 %. Donc tout ce qui se trouve en dessous de la ligne du bas ne subira aucune modification.
Bien sûr, la distance entre la ligne du haut et la ligne du bas est ajustable en fonction des besoins.
Voici un exemple du rendu que nous pouvons avoir :
Nous constatons sur la photo ci-dessus que j’ai modifié les curseurs d’exposition, de contraste, de hautes lumières, de clarté et de saturation. L’ensemble de ces actions/modifications ont pour effet de donner un peu de « peps » à la surface de l’eau tout en récupérant des informations dans les hautes lumières du soleil.
Sans filtre gradué :
Avec filtre gradué :
Cet outil vient en fin de traitement. C’est en quelque sorte un outil de finition. Mais comme tous les outils de post production, il faut l’utiliser avec parcimonie sans essayer de vouloir trop en faire. Il doit rester imperceptible à l’œil. Dans le cas contraire, c’est vous êtes allé trop loin.
Le traitement sous Lightroom est maintenant terminé. Ci-dessous, le rendu final est bien parlant. La récupération des informations, la gestion du contracte et des couleurs aboutissent à cette photo. Bien qu’elle soit différente du fichier RAW, le travail fourni sur ce cliché sous-marin reste fidèle à la scène que j’ai en mémoire.
Comme autrefois en argentique, le traitement du fichier RAW correspond au développement d’une photo argentique. Le photographe a remplacé sa chambre noire par son ordinateur. Le traitement numérique, et je parle bien de traitement et non de « retouche », fait partie intégrante du processus de création d’une œuvre photographique dont la matière première est le fichier RAW créé à la prise de vue. Il s’inscrit dans une suite d’actions (work flow) qui vise à imprégner et sublimer une image par les émotions, le ressenti, la vision et l’expérience du photographe.
Ce tutoriel de traitement d’une image subaquatique est un guide. Il est impératif que vous vous familiarisez avec votre logiciel de traitement. Il n’y a pas de secret, plus vous travaillerez vos photos, plus vous deviendrez performant. Votre sensibilité évoluera en fonction de votre savoir-faire. Elle s’affinera avec le temps. Mais avant tout, il faudra passer quelques heures derrière son écran. Ce qui vous parait fastidieux et empirique pour le moment, deviendra un réel plaisir quand vous maitriserez les différents outils vus précédemment. La connaissance et l’expérience que vous allez acquérir en traitement informatique vont changer votre manière de photographier. Vous ne photographierez plus pour avoir un joli aperçu sur le retour écran de votre boitier ! Non, vous photographierez en fonction des possibilités de votre boitier et celle que vous aurez en post-production. Mais n’oubliez jamais une chose primordiale : tout ce que peut être fait à la prise de vue, doit être fait à ce moment-là !!!!