Par Christopher Bartlett
Bonjour les accros de la bulle. Me v’la de retour après quelques semaines perturbées par l’arrivée d’un petit Finn Bartlett, un Franco-Gallo-Irlando-Cornouaillais, né en Bretagne. Bonjour la crise d’identité d’ici 15 ans.
Dans cet article, je vais essayer de rendre les mystères de la photo plus clairs, tant pour les débutants que pour les proprios de DSLR qui gardent la molette de sélection de mode collée sur P ou Auto … car les autres modes ne leur donnent pas satisfaction.
D’abord, c’est quoi une photo ?
Que te faut-il pour en faire ? En fait, lumière, temps… et un appareil à plusieurs centaines, voire à des milliers d’euros, te suffisent.
La lumière entre par la lentille et parvient au capteur qui l’enregistre. Le temps détermine la durée de ce contact entre lumière et capteur.
Le temps se règle par la vitesse d’obturation (S) et la lumière par l’ouverture (A).
Ouverture et Lumière
Mais c’est quoi ces trucs-là ?
L’ouverture est le trou qui laisse entrer la lumière. Il est mesuré en « f », souvent appelé “ f-stop” en anglais. Le numéro indique le degré d’ouverture ou de fermeture du « trou ». Un numéro faible tel que f2.8 fait entrer beaucoup de lumière. Un numéro plus élevé laisse entrer moins de lumière. Les images macros sur fond noir sont prises avec une valeur f élevée pour que le sujet soit plus net et que l’arrière-plan le fasse simplement ressortir.
Les valeurs sont 1.4, 2, 2.8, 4, 5.6, 8, 11, 16, 22, 32, 45, 64.
L’ouverture joue également sur la profondeur de champ, autrement dit le pourcentage de l’image qui va être net. Sur la plupart des compacts à mode manuel, les valeurs sont simplifiées et ne sont pas tout à fait les mêmes que sur un reflex. L’ouverture la plus grande sera f2.8 et la plus petite f8.
La vitesse d’obturation est mesurée en fractions de secondes. Chaque vitesse est deux fois plus rapide que celle qui la précède. 1/125ème fait entrer deux fois plus de lumière que 1/250ème. Tu utilises une vitesse rapide pour arrêter le mouvement. Sous l’eau tu peux généralement utiliser des vitesses inférieures à celles utilisées sur terre sans avoir une image floue car le milieu t’aide à tenir l’appareil sans bouger. Ceci n’étant évidemment pas vrai… si tu es dans un courant de 4 nœuds à Komodo!
Ouverture et vitesse combinées
Donc en mode «manuel», tu gères l’exposition en combinant l’ouverture et la vitesse. Un paramétrage f8 à 1/60ème fera entrer autant de lumière que f11 à 1/30ème ou f5.6 à 1/125ème, mais le résultat sera différent et l’image la plus nette s’obtiendra en choisissant le deuxième réglage.
Ouverture et Profondeur de Champ (PdC)
Une petite ouverture telle que f22 donnera la plus grande PdC, c’est-à-dire plus d’image, devant, et le point focal, derrière, nets tous les deux.
De grandes ouvertures comme f2.8 donnent une PdC réduite: une plus petite partie de l’image sera nette. Ici j’ai utilisé un f reduit (f4) pour avoir les dents de la bête très nettes pour les mettre en valeur au maximum.
Compensation EV
La compensation EV, c’est le carré noir et blanc avec un «+» et un «-».En mode P, A ou S, il te permet d’agir sur l’exposition. Si tu le déplaces dans l’écran tu verras l’exposition de l’image changer.
En mode A – priorité ouverture — la vitesse gérée par l’appareil diminue quand tu augmentes la compensation EV, et descend si tu veux sous exposer.
En mode S – ou Tv sur certains appareils — le processeur gère l’ouverture en fonction de la valeur de compensation EV.
EV est indiqué ainsi:
-2, -1.7, -1.3, -1, -0.7, -0.3, 0, 0.3, 0.7, 1, 1.3, 1.7, 2
ou ainsi:
-2, -1 2/3, -1 1/3 etc
ISO (pas 9001)
Sur les appareils numériques, on peut aussi agir sur l’exposition avec le paramétrage de l’ISO. ISO est une simulation des sensibilités des films argentiques et rend le capteur plus ou moins sensible. Plus le numéro ISO est petit, plus le capteur recevra de lumière et moins il y aura de «bruit». Plus la valeur ISO sera élevée, plus il y aura de «bruit».
Des ISO 100 ou 200 sont souvent parfaits mais sur les appareils sortis dernièrement avec un ISO de 1600 – voire plus sur les appareils les plus performants — on ne retrouve presque pas de bruit et les images sont moins «granuleuses» que par le passé. Aujourd’hui certains appareils ne proposent même plus d’ISO 100 et commencent directement à ISO 200 pour aller jusqu’à 25600 ou plus. Sur mon Olympus EM-5, même à 3200, j’ai des résultats suffisamment satisfaisants pour que mes photos puissent sortir correctement dans les magazines.
Mais c’est quoi ce bruit?
Augmenter l’ISO c’est comme augmenter le volume de ta radio. Il va y avoir davantage de bruits de fond car les vitesses lentes ont tendance à capter plus de bruits. Ça se voit dans les parties les plus foncées de l’image. Ça se manifeste un peu comme une maladie, par une éruption de petits points rouges. Les compacts en souffrent davantage car leurs capteurs sont plus petits. Ceci dit, comme pour les maladies, il y a des remèdes, et on peut ensuite enlever ces points colorés à l’aide d’un logiciel de traitement d’image.
Le métrage
Le métrage gère la façon dont l’appareil récolte les données qu’il va ensuite utiliser pour calculer l’exposition, l’ouverture, la vitesse d’obturation, et la puissance du flash le cas échéant.
Il y a trois types de métrages: Matrix (aussi appelé Evaluative, ou ESP), Pondération au centre, et Spot.
Matrix n’est pas terrible sous l’eau car ce système récolte des infos partout dans l’image à prendre et il y a trop de contrastes sous l’eau.
Pondération au centre – où 75% des données viennent du centre de l’image à prendre — marche bien avec les paysages sous-marins en réglant la balance des blancs manuellement , point qui sera traité en détail dans un prochain article.
Spot – où 95% des données viennent du carré au milieu — est le plus fréquemment utilisé, surtout pour du macro ou du grand angle avec flash.
Quel mode utiliser?
Entre A, S, ou M, il faut te demander quelle est ta priorité. Est-ce que tu veux capter un objet en mouvement? Est-ce que tu veux avoir une plus grande profondeur de champ? Ou bien est-ce que tu veux tout maîtriser – et merder bien souvent — pour avoir un maximum de contrôle et de créativité?
Les sujets en mouvement
Pour avoir des images nettes d’objets en mouvement, une vitesse d’obturation autour de 1/125ème pour les poissons lents et de 1/250ème pour les sujets plus rapides convient. Quand ça bouge vraiment beaucoup, il vaut mieux sélectionner Priorité Vitesse et changer la vitesse d’obturation en laissant le processeur de l’appareil calculer les valeurs d’ouverture.
La profondeur
Si tu veux focaliser sur la partie nette de l’image et prendre une sélection d’images, règle l’appareil en A – Priorité Ouverture — et laisse le processeur calculer la vitesse d’obturation. En mode A, les vitesses sont «sans pas» c’est-à-dire qu’elles ne sont pas limitées à des valeurs fixes. Elles sont plus précises:193eme par exemple.
Mode manuel… comme un pro!
Les modes A et S sont bien adaptés quand tu ne veux pas avoir à prendre trop de décisions pour pouvoir te concentrer sur la prise d’images satisfaisantes. En contrepartie, ils limitent un peu ta créativité.
Le mode M te permettra d’acquérir une compréhension plus approfondie de l’exposition et tu apprendras ainsi peu à peu à transcender l’espace marin. En fin de compte, il faut te demander si, selon les situations, tu auras le temps de réfléchir autant qu’il le faudrait et si tu en as la patience.
Voilà. N’hésite pas à me poser des questions. J’y répondrai aussitôt que possible, malgré une saison estivale qui s’annonce très occupée.
Bonnes bulles,