Immergée au milieu de l’Atlantique avec une poignée de plongeurs, un requin bleu timide s’approche de nous. C’est aux Açores et vous n’êtes pas prêt d’oublier cette plongée mémorable, lisez plutôt la suite…
Le requin bleu – PRIONACE GLAUCA – est un requin pélagique, c’est à dire que vous ne le trouverez pas près des côtes mais bien au milieu de l’océan. Cette espèce affectionne les zones tempérées donc la combinaison semi-étanche est de rigueur – enfin pour moi en tout cas 🙂
L’archipel des Açores appartient au Portugal et comptent 9 îles, toutes d’origine volcanique. Au départ de Paris, il faut compter 4 heures d’avion pour rejoindre l’aéroport de Faial. Il n’y a pas de tourisme de masse ici et seulement deux centres de plongée sont présents sur cette île.
Le requin peau bleu sous toutes les coutures
La peau de ce requin est un dégradé de couleur, bleu indigo sur le dos, gris sur les flancs et blanc sous le corps. Il se dissimule ainsi des prédateurs tel que le requin blanc, le mako ou les épaulards.
Cet élégant et longiligne requin aime surtout les calamars, les poissons osseux comme le hareng et n’est pas trop fan de thon. Le requin bleu mesure au plus 3 mètres et ceux rencontrés avoisinaient les 2 mètres.
Ceci étant, plonger avec des requins nécessite de prendre quelques précautions pour ne pas être identifié à tort comme une proie.
Provoquer la rencontre avec un requin bleu
Une plongée avec un requin bleu aux Açores se mérite, il faudra prouver que vous êtes capable de vous équilibrer proche de la surface, rester calme et surtout compter au total 3 heures de semi-rigide et peut-être une heure d’attente en surface.
La vie d’un requin n’est pas de rendre visite aux gentils plongeurs mais bien de se nourrir. Alors le centre de plongée prépare avant le départ une généreuse soupe à base de sang de poissons, de harengs et de calamars. Un appât est réalisé avec un bidon en plastique percé de plusieurs petits trous contenant de cette soupe. Il sera attaché à un bout pour être immergé à quelques mètres du bateau.
Toute cette attention ne suffit pas toujours à attirer les gentils requins bien qu’ils aient un odorat très développé.
Les plongeurs devenus un peu rouge sous le soleil de midi patientent au milieu de cet océan en scrutant l’horizon. Le semi-rigide balise un secteur en déversant de petites quantités de soupe pour que les courants diffusent assez cette odeur fétide.
Les premiers poissons volants grèvent la surface et s’approchent du bateau. Une bonne heure et demie après, un timide requin bleu vient vérifier ce que contient l’appât. Mais va-t-il rester avec les plongeurs ?
Comment plonge-t-on au milieu de l’océan avec un requin bleu ?
4 bouts lestés de plombs sont attachés à babord pour permettre aux plongeurs de former une ligne. Le requin doit nous considérer comme un groupe sous le bateau. Certains plongeurs moins à l’aise peuvent aussi tenir le bout et c’est assez sécurisant pour une première rencontre avec un requin.
Le requin commence par tourner autour de l’appât tandis que le divemaster en surface continue de jeter du hareng par dessus bord. Il s’intéresse assez peu aux plongeurs au moins dans un premier temps et se contente de se délecter des morceaux de poissons qui flottent entre deux eaux.
Photographier un requin bleu
J’étais très lestée à cause de la semi-étanche et de mon caisson un peu trop léger dans l’eau. Je rentre dans l’eau sans cagoule et sans gant parce que j’avais juste trop chaud sur le semi-rigide en plein cagnard. Il est plutôt conseillé de porter des gants, une cagoule et des palmes noires ou bleues.
Mon objectif était d’avoir le soleil dans le dos, éviter la tâche blanche du soleil sur les photos, mes yeux au niveau du requin et pointer le viseur vers le haut pour capturer la surface. J’aurais aussi aimé faire des photos très proches de la surface mais les conditions ne l’ont pas permises.
J’étais partie avec un grand angle et deux flashs. Je voulais flasher faiblement parce que la soupe de poissons dans l’eau ne participe pas à une eau très claire et je voulais réduire le temps de recyclage de mes flashs. Mes pré-réglages faits, les bras de mes flashs déployés, le requin avance vers moi, je le regarde et j’ai envie d’admirer sa glisse sous les reflets du soleil transperçants la surface. Il passe tout près de moi frôlant presque mon dôme. Flottant dans le bleu, le nez derrière le viseur, j’essaie de capturer ce moment.
En relevant la tête, je m’aperçois que je m’ étais éloignée du groupe tant ce moment était magique.
Comportement du requin constaté pendant les plongées
Le requin bleu est souvent assez timide au début, il se tient à distance des plongeurs. Il se contente d’avaler les morceaux de poissons dans l’eau. Peut-être un peu rassasié au bout d’une heure ou deux, il commence à tourner autour du groupe de plongeurs. Il passe de plus en plus près. Le requin s’approche doucement d’un bout lesté de plombs laissé libre par un plongeur ayant regagné la surface. Le requin glisse sa ligne médiane contre le plomb. Est-ce qu’il veut se débarrasser de parasites ou bien sentir plus près les ondes émises par le mouvement du plomb dans l’eau ?
Le requin s’approche des palmes des plongeurs. Une jeune femme devient un peu nerveuse aux passages répétés du requin dans ses palmes jaunes. Peut-être que l’attention du requin est attisée par les petits battements de palmes et la couleur jaune, qui sait ?
Le requin ayant quitté la zone et la soupe de poissons presque épuisée, nous regagnons la surface sous un ciel devenu nuageux. Les plongeurs qui appréhendait cette rencontre ont pu se convaincre que le requin bleu n’est pas un mangeur d’hommes ou bien même agressif.
Une telle interaction avec les requins bleus nous ouvre aussi les yeux sur le besoin de protéger cette espèce de son principal prédateur : l’homme. Les scientifiques estiment que 10 et 20 millions de requins bleus sont capturés chaque année. Le requin bleu n’est pas prisé pour sa chair mais pour ses ailerons. Les commanditaires sont les consommateurs de soupe d’ailerons de requins et de produits dérivés de foie de requins.
En conclusion,
il serait réducteur de considérer ce genre de plongée comme un show puisque le requin est dans son élément naturel et qu’il est appâté avec du poisson sans autre additif. Chaque plongeur participe ainsi à mon avis, à leur conservation, à notre petite échelle, puisqu’un requin vivant a ainsi une valeur supérieure à un requin mort.
5 commentaires
ça c ‘est un bon compte rendu d’une aventure dis donc on s’y croirait
El’eau Claire,
Ou aux Acores,Ponta Delgada?
Oups! je viens involontairement de faire un jeu de mot tout pourri avec “l’eau claire”!! 🙂
Désolé, pas voulu!!
Compte rendu sympa et belles images. Merci !
On m’a déjà demandée si c’était mon vrai nom hahahaha Pour répondre aux questions, le centre était basé Horta sur l’île de Faial. Sinon, il est possible de partir avec les clubs de Pico , l’Île voisine. Merci pour les commentaires 🙂