Les 178 pays membres de la Convention internationale sur les espèces menacées ont proposé un statut protecteur pour quatre nouvelles espèces de requins, pêchés en grand nombre pour leurs ailerons.
«C’est une belle victoire pour la protection des requins. On revient de loin» se félicite François Sarano, docteur en océanologie et président de l’association Longitude 181. La communauté internationale représentée à Bangkok par 178 pays membres de la convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites) vient en effet de proposer un statut protecteur pour quatre requins: le requin océanique à pointe blanche (ou requin longimane) et trois espèces de requins-marteaux (halicorne, grand et lisse).
«Nous sommes ravis que la tendance soit désormais à la conservation des requins et que les gouvernements écoutent enfin la science et agissent dans l’intérêt de la protection des espèces», explique Elizabeth Wilson, la responsable de la campagne en faveur des requins au sein de l’ONG américaine Pew. «Avec cette protection, les populations des requins concernés vont avoir une chance de se reconstituer et de remplir à nouveau leur rôle de prédateurs au sommet de l’écosystème marin», ajoute-t-elle.
Un faible nombre d’accidents mortels
«Mais il faut rester mesuré», nuance toutefois François Sarano «car on n’interdit pas la pêche on la contrôle. Et il faut des autorités pour cela.» La proposition des membres de la Cites est en effet d’inscrire ces espèces à l’annexe II qui en régule le commerce. Les ailerons de requins, très prisés dans la cuisine asiatique, sont vendus à prix d’or. «La découpe des ailerons se fait à bord des bateaux (sauf en Europe où c’est maintenant interdit) et une fois à quai, il est bien difficile de dire s’ils appartiennent à des espèces protégées ou non», précise le scientifique.
Les requins sont menacés un peu partout dans le monde et très mal aimés. Le film Les Dents de la mer a beaucoup participé à la peur qu’ils inspirent et donc à leur rejet. Pourtant le nombre d’accidents mortels provoqués par les requins est relativement faible. Chaque année, ils dépassent rarement une dizaine dans le monde. Beaucoup moins que pour d’autres animaux, et notamment le compagnon préféré de l’homme à savoir le chien. Mais les attaques restent toujours très impressionnantes. Il y en a eu plusieurs ces dernières années à la Réunion, provoquant la colère de la population.
Le vote doit être confirmé jeudi en session plénière
Seules cinq espèces de requins sont qualifiées de dangereuses: le requin tigre (Galeocerdo cuvieri), le requin blanc (Carcharodon carcharias), le requin bouledogue (Carcharhinus leucas), le requin mako (Isurus oxyrinchus) et le requin longimane (Carcharhinus longimanus).
Lors de la précédente conférence en 2010, des propositions similaires de protection des squales avaient échoué de justesse face à un front de capitales inquiètes pour l’industrie de la pêche. Ce vote doit encore être confirmé jeudi 14 mars en session plénière. La mesure entrera alors en vigueur dans 18 mois. Les pays exportateurs seront tenus de délivrer des permis d’exportation tout en assurant la survie de l’espèce.
Depuis l’entrée en vigueur de la Convention en 1975, seuls le grand requin blanc, le requin-baleine, le requin pèlerin et le poisson-scie étaient protégés.
La Cites discute également de l’inscription des majestueuses raies manta à l’annexe II de sa convention pour en réguler le commerce.
4 commentaires
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Super nouvelle
Mais comme le dit si bien François “on n’interdit pas la pêche mais on la contrôle”….
Il faut trouver et donner les moyens pour ce contrôle et rendre possible l’application de ce statut protecteur.
Continuons de faire entendre nos voix et surtout à notre échelle boycottons tout ce qui provient du commerce du requin.
Contrôler la pêche, c’est déjà un début.Ne reste plus à attendre que les moyens soient donnés pour effectuer les contrôles, comme le précise François Sarano.
A lire aussi le billet de blog de LONGITUDE 181 NATURE sur les Raies mantas.