Il existe des héros, tels qu’ Alban Michon, capables de traverser les glaces de l’Arctique à pieds. Mais, au cœur de notre hexagone, réside un tout autre genre de héro. Leur courage et leurs actes n’en sont pas des moindres, puisqu’ils essayent tant bien que mal de nettoyer les côtes de la méditerranée, une tâche qui se veut herculéenne. Ces héros, ce sont Laurent Lombard, Pascal Calmels et Joko Pelletier. À la base, trois amis chasseurs sous-marins ou apnéistes, mais qui s’avèrent être, avant tout, des passionnés de la mer. Les trois comparses se retrouvent régulièrement pour remonter des déchets du littoral en PACA.
Au fur et à mesure de leurs actions, ils immortalisent celles-ci par le biais de nombreuses vidéos. Elles sont un véritable témoignage de l’état critique de nos côtes. Certaines de leurs vidéos ont pu faire le buzz sur les réseaux sociaux. Ce fut le cas, tout particulièrement, d’une de leurs séquences choc, les images parlent d’elle-même, la vidéo a été visionnée plus de trois millions de fois. ci dessous une copie de la vidéo sur youtube.
À travers leur démarche, ils ont su trouver le support de certains élus locaux, à l’instar du maire de Cannes, mais aussi de personnage légendaire liés à l’univers de la plongée, tels que Jean-Pierre Stella, réalisateur et ancien bras droit de Falco.
Ces opérations de ramassage de déchets les menèrent à créer l’association “Opération Mer Propre”. Jean-Pierre Stella parraine l’association et se joint régulièrement à leurs aventures.
“Opération Mer Propre” organise un nettoyage le vingt-et-un septembre en collaboration avec les plages électroniques. Nous vous invitons à rejoindre l’événement.
Nous avons interviewé Laurent Lombard suite à un nettoyage sur Théoule-sur-Mer durant lequel nous avons pu prendre les photos illustrant cet article.
Pourquoi as-tu réalisé cette première vidéo coup de gueule en 2015 ?
Ce n’était pas ma première vidéo, mais c’est celle qui a fait le buzz au printemps juste avant le Festival de Cannes. Plus de 3 millions de vues en quelques jours! J’ai simplement voulu alerter une fois de plus sur la situation dramatique de la baie de Cannes à certains endroits.
Est-ce qu’il y a eu un avant et un après cette vidéo pour toi ? La mobilisation, suite aux buzz sur les réseaux sociaux, a-t-elle augmenté ? As-tu ressenti un intérêt accru pour ton mouvement ?
C’est sûr qu’il y a eu un avant et un après avec cette vidéo. En plus du buzz, de nombreux médias locaux, nationaux et même internationaux se sont emparés du sujet. Pour la première fois, on ne pouvait plus nier la pollution de la baie de Cannes et de la Méditerranée en général. Par la suite, j’ai obtenu plusieurs rendez-vous avec la mairie de Cannes pour mettre en place des opérations de nettoyages des fonds marins.
Comment les politiciens locaux réagissent-ils à tes missions de nettoyage ? Essayent-ils parfois de s’y opposer ? Te posent-ils des problèmes pour mener à bien ces missions ?
Les élus locaux ne voyaient pas d’un très bon œil mes découvertes sous-marines évidemment. Tant que ça ne se voyait pas il n’y avait pas de problème… Aujourd’hui, ils ont changé de politique et certains sont même devenus des fers de lance de la lutte contre les incivilités, comme l’actuel maire de Cannes, David Lisnard. Les élus cherchent des solutions et c’est aussi à nous de leur en proposer. Aujourd’hui je vais dire qu’on travaille presque main dans la main car on a tous besoin les uns des autres pour lutter contre les déchets en mer.
Cet été, la méditerranée a été reconnue comme l’une des mers les plus polluées. Quel est ton avis sur ce sujet ?
En effet cela ne m’étonne pas que la Méditerranée soit une des mers les plus polluées du monde. Ceci est, en partie, le résultat de sa configuration géographique et, donc, directement liée avec la démographie des côtes l’encerclant. Si dans un certain nombre limité d’endroits, comme dans la baie de Cannes, il est possible de constater une légère amélioration due aux efforts locaux, je trouve, en règle générale, que la situation empire. La diminution du nombre de poissons va de pair avec l’augmentation de la quantité de plastique en fragmentation présent dans l’eau. L’observation de ce phénomène, cette année, a atteint un taux record.
L’avenir de la côte d’azur est entre les mains des élus locaux, quelle décision aimerais-tu les voir prendre ?
En effet la balle est dans le camp des hommes politiques car c’est eux qui peuvent changer en profondeur la situation, déjà en luttant efficacement contre les incivilités, car c’est de là que le problème prend sa source, mais aussi en gérant mieux les services de nettoyage et le traitement des eaux pluviales. Par exemple à Cannes il y a un service spécial qui nettoie les avaloirs d’eaux pluviales où les déchets passent pour se retrouver en mer. Ce seul service, basé sur le travail de trois agents et d’un camion, permet le ramassage de plus de vingt tonnes de déchets par an dans ce réseau. C’est vingt tonnes de déchets en moins dans la Mer… Ce sont des mesures similaires à celle-ci que tous les élus de la côte d’Azur et du pourtour méditerranéen devraient adopter. Pour moi, maintenant, le plus important serait que les collectivités publiques traitent correctement le réseau des eaux pluviales et cela ne peut se réaliser que par la mise en pratique de bonnes décisions politiques.
Lors de nettoyages, quelle sont les réactions des passants lorsqu’ils découvrent tous ces déchets ? Cela te permet-il d’éveiller les consciences des riverains ?
Il est clair que, lors de mes opérations de nettoyage bénévole, les réactions sont unanimes. Un mélange de dégoût, de révolte et beaucoup de questions aussi. J’ai ainsi pu me créer un réseau d’amis qui, eux-mêmes, agissent comme moi. À présent, chacun sensibilise à sa manière. Mais au final ça donne beaucoup d’idées et plusieurs d’entre elles ont été reprises par les communes voisines. On fait même des nettoyages en commun pour unir nos forces et de nombreux groupes Facebook se sont ainsi créés afin de mieux s’organiser.
Tu as créé une association “Opération Mer Propre”, quelles sont tes attentes concernant l’avenir de l’association ?
Avec l’association “Opération Mer Propre”, on est plus dans l’action citoyenne et le lancement d’alertes pures. Avec l’association, on va pouvoir passer à la vitesse supérieure et travailler avec les communes et les partenaires privés afin, bien sûr, de nettoyer la mer, mais aussi de sensibiliser le public par le biais de stands mettant en avant les solutions existantes. On commence, petit à petit, et on va observer comment tout cela évolue. Mais je ne vois pas comment on pourrait se passer de la volonté de personnes qui veulent se battre pour l’environnement.
Quel est le type de déchet qui pour toi est le plus répandu ? et le plus surprenant ?
Le déchet le plus répandu, et aussi le plus difficile à ramasser, sur terre comme sous l’eau, c’est indéniablement le mégot de cigarette. C’est un véritable fléau. Un mégot pollue jusqu’à 500 litres d’eau à cause de ses nombreux constituants industriels. Les sacs et bouteilles en plastique font également partis du trio de tête. Le plus surprenant, ce sont les déchets issus de produits de consommation qui commencent à devenir à la mode dans le commerce et que l’on retrouve quelques semaines plus tard en mer. Il peut s’agir de jouets ou bien d’emballages de produits alimentaires par exemple…Finalement toute cette présence de déchets est inquiétante car tous ces détritus ne devraient pas se trouver en Mer mais dans des poubelles.
Est ce que parfois certaines trouvailles te font sourire ?
La dernière trouvaille qui m’a vraiment surpris, et il en faut pour me surprendre, c’est une imprimante. Oui! Une imprimante! Sûrement balancée par-dessus bord par un plaisancier peu scrupuleux.
Nous tenons remercier Laurent Lombard et ces equipier Mer propre pour cet article
Photos et article de Bam Bam Chris