Jean Jaubert a passé sa jeunesse au large des côtes sud de la Méditerranée Occidentale. Dans les années 50, c’est aux cotés du Commandant Jacques Cousteau que son intérêt pour le monde sous-marin se transforme en véritable passion. Il inventa en 1979, le procédé de purification écologique de l’eau (connu aujourd’hui sous les noms de MICROCEAN® et JAUBERT NNR SYSTEME) qui lui permit de devenir l’un des premiers scientifiques capable d’élever des coraux constructeurs de récifs dans des aquariums en circuit fermé. Il de viendra par la suite directeur du Musée Océanographique de Monaco. Il poursuit encore Aujourd’hui ses recherches dans son laboratoire privé.
Pouvez-vous nous parler de votre aventure auprès du commandant Cousteau et du Calypso ?
A cette époque, j’étudiais, en mer Rouge et dans le Pacifique, la physiologie des coraux constructeurs de récifs. Les mesures que j’effectuais exigeaient que je reste des semaines au même endroit. Par ailleurs, les enseignements que je dispensais à l’Université de Nice me retenaient, en France, une bonne partie de l’année. Ces contraintes étaient peu compatibles avec le calendrier et le rythme de travail imposés par le tournage des films de l’équipe Cousteau. Aussi, l’opportunité de naviguer à bord de Calypso ne s’était-elle jamais présentée.
Quel à été votre parcours au sein du Musée Océanographique de Monaco ?
En 1965, j’effectuais un stage au Musée Océanographique. Pour fêter l’Oscar, que l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (Hollywood) avait décerné à son film « Le Monde sans Soleil », le Commandant Cousteau avait organisé un cocktail où j’avais été invité avec tout le personnel du Musée. Ce fut ma première rencontre avec ce personnage qui était déjà devenu légendaire.
Ensuite, de 1968 à 1988, enseignant-chercheur à l’Université de Nice, j’étais en relation avec le Musée. Ainsi avais-je l’opportunité de rencontrer le Commandant et de lui parler de mes tentatives de cultiver des coraux en aquarium. En 1973, les premiers résultats positifs de ces essais l’avaient beaucoup intéressé. Aussi, m’avait-il proposé d’installer, au Musée, deux aquariums contenant des coraux vivants. A cette époque, il était impossible de se procurer des coraux vivants dans le commerce. Aussi, avait-il, organisé, avec l’appui de l’Institut Weizman, une expédition à Eilat (Israël) où j’étais allé en récolter. Quelques années plus tard, mes travaux aboutissaient à la mise au point d’un procédé biologique de purification de l’eau qui était une véritable percée technologique. Il devenait enfin possible de reconstituer, dans des aquariums en circuit fermé, des mini récifs vivants, écologiquement équilibrés, avec leurs coraux et leurs poissons.
En février 1988, j’avais exposé ce procédé au deuxième congrès international des aquariums que le Commandant avait organisé au Musée océanographique. La même année, il avait parrainé les deux projets d’envergure, dont je lui avais parlé, et avait incité son successeur désigné, le Professeur François Doumenge, et les plus hautes autorités monégasques, à m’aider à les concrétiser.
Le premier fut la reconstitution d’une portion de récif corallien vivant, grandeur nature, dans un bac de 40.000 litres construit selon mes plans dans l’aquarium du Musée. Pour trouver tout ce qu’il fallait pour peupler ce grand bac, j’étais allé à Djibouti. Ce choix était dicté par le fait que Djibouti était le seul aéroport directement relié à celui de Nice. L’avantage cette liaison aérienne directe était de réduire considérablement les temps de transport et d’éviter les aléas des transbordement via l’aéroport de Paris. Avec l’aide de deux techniciens du Musée, j’avais récolté et expédié du sable « vivant », des roches « vivantes », des boutures de coraux et des poissons. Année après année ces boutures de coraux ont construit un récif d’une rare beauté rehaussée par celle de nombreux poissons multicolores. Ce récif qui fêtera bientôt sa trentième années de croissance continue est, de très loin, le plus ancien des récifs édifiés en aquarium.
Le second projet que le Commandant Cousteau et le professeur Doumenge m’aidèrent à concrétiser, fut l’implantation, d’une unité de recherche au sein du Centre Scientifique de Monaco. Cette entité, dénommée Observatoire Océanologique Européen, était cofinancée par la Principauté et le réseau « Risques Naturels et Technologiques Majeurs » du Conseil de l’Europe. L’objectif était d’utiliser l’extrême sensibilité des coraux constructeurs de récifs, cultivés pour la première fois au laboratoire, pour détecter et caractériser les signes précurseurs des effets délétères du réchauffement du climat et d’autres changements environnementaux globaux. Cette problématique s’était imposée à mon esprit lorsque j’étudiais les atolls de Polynésie française. En effet, j’avais remarqué que certains récifs, éloignés de toute source de pollution locale, montraient des signes de dégradation. Aussi, avais-je imaginé que ces dégradations pouvaient être les premiers signes visibles de perturbations induites par des modifications environnementales globales dont il était important de déterminer la nature.
A la même époque, on m’avait proposé de prendre la direction de la Faculté des sciences de l’Université Française du Pacifique que j’avais contribué à créer. Mais j’avais préféré Monaco à Tahiti parce que les perspectives de pouvoir développer une recherche de très haut niveau me paraissaient beaucoup plus prometteuses. De plus, à Monaco, je pouvais poursuivre la rénovation de l’aquarium du Musée océanographique en formant du personnel à la culture des coraux ainsi qu’à l’installation et à la maintenance de nombreux bacs de coraux vivants.
Douze année après sa création, l’Observatoire océanologique européen était devenu l’un des meilleurs et peut-être même le meilleur des centre spécialisés dans l’étude expérimentale de la physiologie et de l’écologie des coraux. Les chercheurs que j’avais recrutés et les équipes que j’avais formées étaient parfaitement capables de poursuivre les travaux que j’avais initiés. Aussi, avais décidé d’accepter l’offre qui m’avait été faite de rejoindre la Cousteau Society.
Et mon premier travail consista à entreprendre le tournage d’un film à la mémoire du Commandant Cousteau. Ainsi, en décembre 2003, étais-je parti en mer Rouge à bord d’Alcyone, le navire à turbovoiles pour un voyage sur les traces de Calypso. Il s’agissait, entre autres choses, de voir comment avaient évolué les fonds et de revoir les sites emblématiques des films de Cousteau comme l’épave du Thistlegorm, cargo anglais coulé par l’aviation allemande dans le détroit de Jubal en 1941, et les reliques des maisons sous la mer, au large de Port Soudan.
Ce tournage fut interrompu en 2004 lorsque la Cousteau Society m’incita à concourir pour prendre la direction du Musée océanographique. Cette démarche ne me réjouissait pas outre mesure car le Musée, entré dans une spirale de récession, était confronté à d’énormes difficultés. En effet, après le départ de Cousteau et le pic de fréquentation provoqué par la rénovation de l’aquarium réalisée avec mes coraux vivants, le Musée avait perdu la moitié de ses visiteurs, seule source de financement. Cependant, ce qui me contrariait le plus était la perspective de devoir interrompre, pour une période qui risquait d’être longue, les merveilleuses plongées que j’effectuais depuis Alcyone.
Quoiqu’il en soit, les arguments de la Cousteau Society, en faveur de ma candidature, étaient puissants et parfaitement fondés. Il s’agissait de relancer la coopération qui avait assuré la prospérité de la Cousteau Society et du Musée océanographique lorsque le Commandant dirigeait l’établissement.
Après avoir longtemps hésité je fus candidat. En fait, je doutais que ma candidature ait une chance sérieuse d’aboutir à ma nomination. En effet le poste, très prestigieux, de directeur du Musée océanographique intéressait de nombreuses personnalités. Mais, le destin fit que ce poste me fut attribué.
Bombardé du jour au lendemain à la tête d’une entreprise en difficulté comptant plus de 100 salariés, je fus confronté à mille difficultés. Heureusement, je pus les surmonter. Aussi, fin 2007, mon bilan était-il satisfaisant. Réorganisés, les services du Musée fonctionnaient correctement. De plus l’augmentation du nombre de visiteurs m’avait permis d’assainir sa situation financière.
Ainsi avais-je considéré que le temps était venu de retourner à une activité que j’avais longtemps délaissée. Il s’agissait d’améliorer le procédé MICROCEAN® et de le rendre accessible au plus grand nombre possible d’aquariophiles marins. MICROCEAN® est le nom que j’ai déposé sous forme de marque pour qualifier la technique qui permet d’équilibrer écologiquement des aquariums en circuit fermé dans lesquels on peut cultiver facilement des coraux constructeurs de récifs. Les débuts furent difficiles. En effet, l’arrivée d’une technique simple et peu exigeante en matière d’équipement comme de maintenance était une source de préoccupation pour l’industrie des aquariums qui tire ses principaux bénéfices de la vente de nombreux accessoires. Mais, la situation est en train d’évoluer. Les industriels commence à réaliser qu’il est difficile de freiner le développement d’une technique dont le caractère écologique fait qu’elle a le vent en poupe. Et ils commencent à comprendre qu’ils bénéficieraient des nouveaux clients que pourrait leur apporter une technique susceptible d’augmenter le nombre des aquariophiles marins. Depuis quelques années, le forum « laméthodejaubert.com » la popularise en France. Et la conférence que je viens de faire aux Etats-Unis, à l’invitation de la fédération américaine d’aquariophilie marine, MASNA, m’a permis de toucher des milliers de personnes.
Que pouvez-vous nous expliquer sur la technique Jaubert, votre technique d’élevage de coraux en milieu artificiel ?
Ma technique n’a rien d’artificiel. Elle consiste, au contraire, à utiliser des mécanismes naturels pour purifier l’eau d’aquariums en circuit fermé. Cette purification fournit, aux coraux qu’ils contiennent, un milieu dont la composition chimique reste stable et semblable à celle qui caractérise leur milieu naturel.
Les coraux constructeurs de récifs vivent à faible profondeur parce qu’ils ont besoin d’un environnement lumineux intense. Cette exigence est la conséquence du fait que leurs cellules digestives abritent des algues unicellulaires symbiotiques photophiles sans lesquelles ils ne peuvent pas vivre. Pourquoi ? Parce que les produits de la photosynthèse de ces algues couvrent la majeure partie de leurs besoins nutritionnels. En effet, l’énergie qu’ils tirent des proies qu’ils capturent ne représente qu’un faible complément énergétique.
Le corollaire de cette situation est que les eaux récifales doivent impérativement être extrêmement pauvres en nutriments inorganiques, notamment en nitrates et en phosphates. En effet, outre le fait que ces substances ont une toxicité intrinsèque, leur présence, autrement qu’à l’état de traces, provoque la prolifération d’algues molles. Ces algues à croissance rapide recouvrent les coraux, les privent de lumière et les étouffent. C’est ce qui se produit dans des zones côtières polluées par des eaux usées d’origine domestique et (ou) agricole.
Dans un aquarium, l’excrétion des poissons et la dégradation de tous les déchets organiques abouti à la formation de nitrates et de phosphates. Aussi, le problème à résoudre était-il de trouver un moyen d’éliminer ces substances indésirables.
Mais avant de parler du moyen en question, il me paraît intéressant de décrire les conditions de sa découverte. Comme cela arrive parfois, la solution vint, de façon fortuite, d’une observation faite à l’occasion d’une expérimentation dont l’objectif n’avait aucun point commun avec cette problématique.
En 1979, on ne savait pas conserver, au laboratoire, des coraux dans un état physiologique suffisamment bon pour autoriser des études physiologique. Aussi, avais-je conçu et fabriqué des centrales d’acquisition de données étanches que je positionnais sur un récif, en mer Rouge, pour étudier le métabolisme des coraux. Le principe de la technique utilisée était respirométrique. Les coraux étaient placés dans des enceintes transparentes, fixées dans le milieu naturel, dont l’eau était renouvelée tout les demi heures par des pompes pilotées par des timers. Entre deux renouvellements, les modifications de la composition chimique de l’eau confinée était suffisamment importantes pour être mesurables, mais suffisamment faibles pour ne pas perturber le métabolisme des coraux. La même technique était employée pour mesurer le métabolisme des roches qui constituaient le substrat récifal et celui des étendues sableuses environnantes.
En mesurant, de cette manière, l’influence des nitrates sur le métabolisme du sable j’eu l’occasion de faire une constatation surprenante. Lorsqu’ils étaient injectés dans des enceintes posées sur le sable, les nitrates disparaissaient à une vitesse supérieure à celle que l’on pouvait attribuer à leur fixation par les algues microscopiques qui recouvrent l’interface eau – sédiment. En fait, cette disparition des nitrates était parfaitement normale. Elle était l’œuvre de bactéries dénitrifiantes logées dans les couches profondes du sable où l’oxygène est rare ou absent. Ces bactéries étaient connues des microbiologistes marins, mais, à cette époque, ma surprise venait du fait que j’ignorais leur existence.
Pouvez-vous nous expliquer brièvement votre découverte ?
Les bactéries en question se nourrissent de matières organiques qu’elles oxydent pour produire l’énergie nécessaire à leur développement. Lorsqu’elles se trouvent dans un milieu aéré, ces bactéries utilisent l’oxygène ambiant. Mais, quand elles sont dans un milieu hypoxique ou anoxique, elles cassent les molécules de nitrate (chaque molécule de nitrate est composées d’un atome d’azote et de trois atomes d’oxygène) pour récupérer de l’oxygène. Le sous produit de cette activité est la libération d’un gaz inerte : l’azote.
L’enseignement que j’avais tiré de l’observation que j’avais faite en mer Rouge était qu’il semblait possible d’éliminer les nitrates d’un aquarium en circuit fermé en y déposant une couche épaisse de sédiment « vivant ».
De retour dans mon laboratoire de l’Université de Nice, j’étais impatient de passer à l’action. Le plus grand des aquariums dans lequel je tentais de cultiver des coraux était équipé d’un filtre sous sable. Ce filtre comportait une couche de sédiment corallien grossier d’une épaisseur de 8 à 9 cm. Ce sédiment était déposé sur une grille maintenue, par des cales, à 1 cm du fond. Son épaisseur était suffisante pour que les zones profondes deviennent pauvres en oxygène et que cet appauvrissement oblige les bactéries dénitrifiantes à casser les molécules de nitrates. Pour obtenir ce résultat, il fallait arrêter le flux d’eau, riche en oxygène, qui traversait le sable. Aussi, avais-je débranché l’exhausteur qui puisait l’eau dans l’espace libre situé sous la couche de sable. C’était la façon la plus simple de tester la capacité épuratrice de la couche de sédiment.
Et cela avait très bien fonctionné. Les coraux moribonds avaient assez rapidement repris des couleurs et avaient commencé à grandir. Quelques années plus tard ils avaient formé le récif miniature dont j’avais présenté la « recette » au deuxième congrès international des aquariums. C’était en février 1988. Le caractère novateur de cette réalisation et les paroles élogieuses que le Commandant Cousteau avait prononcées dans l’allocution d’ouverture du congrès avaient impressionné les congressistes au nombre des quels se trouvait le patron de la firme américaine Aquarium Systems. De retour dans son pays, il avait parlé de mon procédé, suscitant un intérêt dont le résultat fut que, à ma grande surprise, les aquariophiles marins baptisèrent mon procédé « JAUBERT NNR SYSTEM » (NNR pour Natural Nitrate Reduction).
Est-ce une méthode que l’on peut aussi appliquer en milieu naturel ?
Cette méthode permet de multiplier et cultiver, hors de leur milieu naturel, des coraux que l’on peut l’utiliser pour réhabiliter des récifs dégradés.
2018 était une année IYOR. Quelle est votre opinion sur le blanchiment des coraux ?
Le blanchissement est la conséquence de la perte des algues symbiotiques qui nourrissent colonies coralliennes. Il se solde souvent par la mort de ces colonies. La rupture de la symbiose est provoquée par les actions conjuguées d’une température excessive et d’une diminution de l’alcalinité de l’eau généralement appelée « acidification ». La température excessive est la conséquence d’oscillations climatiques récurrentes plus ou moins directement liées au réchauffement global. La diminution de l’alcalinité de l’eau est la conséquence de l’augmentation continue du gaz carbonique atmosphérique qui, en se dissolvant dans les eaux superficielles, fabrique de l’acide carbonique.
Certes, le climat se réchauffe de puis plusieurs décennies, surtout dans l’hémisphère nord. Certes, les preuves de ce réchauffement sont indiscutables. Certes, les gigantesques quantités de gaz carbonique que l’humanité rejette dans l’atmosphère en brulant des combustibles fossiles pour produire de l’énergie sont les principales causes de ce réchauffement. Certes les actions conjuguées du réchauffement et de l’acidification des eaux superficielles des mers et des océans tue de nombreux coraux. Certes il est urgent de développer les énergies renouvelables afin de limiter les rejets de gaz à effet de serre pour stopper la dégradation des récifs. Cependant, c’est loin d’être suffisant. En effet, les dégâts provoqués par la hausse des températures et par l’acidification des eaux sont d’autant plus importants qu’ils agissent souvent sur des coraux fragilisés par la pollution et la surexploitation des ressources minérales et vivantes.
Actuellement, on a tendance à oublier que le réchauffement climatique attribuable au gaz carbonique est une composante de la pollution globale. Aussi, parle-t-on un peu trop de ce réchauffement et pas assez des problèmes posés la pollution globale et par la surexploitation des ressources. Ces problèmes sont la conséquence de l’augmentation continue de la population mondiale et des besoins qui résultent de l’accroissement de son niveau de vie.
L’homme est la plus envahissante des espèces. Aussi si cet envahissement devait continuer au rythme actuel, de nombreux animaux sauvages finiraient par ne plus exister que dans des enclos et des zoos parce qu’ils n’auraient plus d’espaces suffisants pour se nourrir et se reproduire dans la Nature.
Quel est votre sentiment face à la démission de Nicolas Hulot en tant que Ministre de l’écologie ?
Aucun et je me demande ce que Nicolas Hulot est allé faire dans cette galère.
Quels sont vos espoirs sur le plan écologique pour l’avenir et quels sont vos espoirs pour les coraux ?
Les problèmes environnementaux auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée sont extrêmement complexes. Cette complexité n’est pas seulement écologique. Elle est, aussi, économique. Sauf à mettre son économie en danger, une nation ne peu guère agir isolément. Réduire efficacement les émissions de gaz carbonique, la pollution et la surexploitation des ressources exigerait une adhésion et une coopération internationale massives et des mesures coercitives. Or il risque d’être très difficile, si ce n’est impossible, d’obtenir que les habitants des pays développés acceptent de réduire suffisamment leur niveau de vie. Et il serait illusoire de penser que ceux des pays en voie de développement consentiraient à modérer leur croissance et leurs aspirations à mieux vivre.
Pour lutter contre le réchauffement du climat, certains scientifiques étudient la possibilité de vaporiser des produits chimiques dans la haute atmosphère de façon à réaliser un écran qui réduirait la quantité de chaleur transportée par le rayonnement solaire. Mais cette technique pose de nombreux problèmes pratiques, très difficiles à résoudre, notamment celui de la toxicité des produits.
D’autres scientifiques cherchent des moyens d’utiliser la photosynthèse des végétaux pour extraire du gaz carbonique de l’atmosphère et de l’eau de mer. Certains préconisent de cultiver massivement certaines algues comestibles et de les utiliser pour nourrir du bétail. D’autres, envisagent de répandre massivement du fer dans les océans de façon à accroître le développement du plancton végétal. En effet, une augmentation de la biomasse de plancton végétale, qui est à la base de la chaîne alimentaires (réseau trophique), aurait pour effet d’augmenter la biomasse animale et, par voie de conséquence, le flux des déchets organiques qui sont transférés et piégés dans les sédiments.
Enfin d’autres scientifiques envisagent d’alcaliniser les océans en y déversant du carbonate de calcium dont la dissolution absorberait du gaz carbonique. Le carbonate de calcium est la roche la plus répandue sur les continents, mais les gigantesques quantités qu’il faudrait extraire exigeraient de colossales exploitations minières et des dépenses d’énergie très importantes.
Aujourd’hui, l’extraordinaire inventivité de l’espèce humaine fait progresser les sciences et les techniques à une vitesse inégalée. Aussi peut on espérer qu’elle saura solutionner ces graves problèmes avant qu’il ne soit trop tard.
Quel est votre site favori de plongée ? Pouvez-vous nous évoquer votre meilleur souvenir ?
Les magnifiques récifs du détroit de Tiran et plus généralement ceux du nord de la mer Rouge qui font parties des plus colorés de la planète et qui sont baignés par ces eaux exceptionnellement claires. Mon meilleur souvenir de plongée est la découverte de la mer Rouge. Après avoir passé mon enfance à barboter en Méditerranée et avoir vu le Monde du Silence, Palme d’or au festival de Cannes, l’envie d’aller voir des coraux et leurs poissons multicolores me tenaillait. Aussi, en 1964, avais-je embarqué, avec mon épouse, sur le pont d’un paquebot grec qui nous avait déposé à Haïfa. Ensuite, nous avions rejoint Eilat en autobus.
Aurélie Kula
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