Cet exercice est une réflexion personnelle et empirique qui j’espère soulèvera des débats à la fois scientifiques et philosophiques, riches et construits sur l’acquisition de l’intelligence, de la cognition et de la mémoire des requins en présence de l’homme.
Rien dans l’histoire de l’évolution n’a préparé ces deux espèces à cette ultime rencontre. Comment vont réagir ces deux prédateurs ayant évolué dans des environnements si différents les uns des autres ? Quels vont être les outils utilisés pour mieux décrypter l’autre ? Comment se comprendre ? Quelle communication adopter ? Le fondement de ces pensées s’appuie sur des exemples d’expériences scientifiques, sur des faits historiques et sur le cumul de milliers de plongées effectuées au contact des requins.
Le mot « cognition » vient du latin cognitio, action de connaître. La cognition est l’ensemble des processus mentaux qui se rapportent à la fonction de connaissance et mettent en jeu la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage, l’intelligence, la résolution de problème, la prise de décision, la perception ou l’attention. Le mot « intelligence » vient du mot latin intellegentia, faculté de percevoir, de comprendre. Le verbe intelligo, intellegere désigne le fait de comprendre, de saisir par la pensée, se rendre compte, etc. L’intelligence peut se définir par l’ensemble des processus retrouvés dans des systèmes, plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent de comprendre, d’apprendre ou de s’adapter à des situations nouvelles. L’intelligence est souvent assimilée à la capacité de traiter l’information pour résoudre des problèmes nouveaux. Le terme « mémoire » se réfère à différentes choses selon le genre, le domaine et le contexte. L’origine du mot mémoire est formée à partir du nom commun d’origine latine memoria qui signifie mémoire. La mémoire est l’aptitude à conserver et à restituer des choses passées. Dans le contexte de la mémoire animale nous parlerons ici de mémoire génétique, de mémoire à long terme, de mémoire à court terme et de mémoire sensorielle.
Le débat sur l’intelligence, la cognition et la mémoire des requins est extrêmement sensible, sujet à controverse et confronte deux mondes :
— Le monde scientifique, qui témoigne de connaissances et d’études d’une valeur universelle, acquises et caractérisées par une méthodologie et fondés sur des observations objectives vérifiables et des raisonnements rigoureux ;
— le monde empirique qui s’appuie exclusivement sur l’expérience, l’observation et l’interprétation, sans suivre les méthodes et les principes scientifiques.
Ces deux univers se disputent une vérité qui va au‑delà du savoir. La sémantique soulève la question suprême de la distribution de l’intelligence chez les animaux de la Terre ainsi que la place de l’homme dans l’Univers. Avons‑nous les outils cognitifs et l’intelligence nécessaire pour comprendre l’infinité de l’Univers ? Peut‑être ne sommes‑nous pas « équipés » pour que comprendre l’immensité de l’Univers et la notion d’infini ? Ce qui est souvent utilisé comme analogie pour expliquer ce manque d’équipement est la comparaison avec le chien : « Est‑ce que tu trouves que ton chien est intelligent ? — Oui — tu trouves qu’il te comprend ? Oui — Alors essaie de lui expliquer, puisqu’il est intelligent, le théorème de Pythagore, ou demande lui une réflexion sur l’inconsistance de la race humaine… »
C’est là qu’intervient la perspective entre des équipements cognitifs qui permettent au chien d’associer des événements mais ne lui confèrent pas la capacité de créer de plus‑value analytique et encore moins d’avoir une conscience. Le chien et l’homme peuvent néanmoins être considérés comme « intelligents », chacun dans un domaine qui leur permet d’appréhender leur environnement… L’homme, par extension, ne serait pas fait pour comprendre l’Univers. Ce n’est pas son environnement, et il serait, à ce stade de l’évolution, illusoire de croire qu’il a une place et un rôle à jouer dans un espace qui n’est pas fait pour lui.
Par cette démonstration, nous ne sommes pas en train d’affirmer que les requins ne sont pas intelligents. Nous suggérons simplement que leur intelligence est adaptée à leur environnement, leur mode de vie et leurs facultés d’adaptation (apprentissage pour s’adapter à l’environnement/proie/prédateur/défense, etc.). Dans ce sens général, les requins font preuve d’une intelligence, mais cette dernière est‑elle suffisante à la gestion de l’arrivée de l’Homme sur ses territoires ?
À ce jour, seul le docteur Samuel Gruber et quelques autres scientifiques ont envisagé dans leurs analyses de la cognition le point de vue des requins. La plupart des recherches effectuées sur l’intelligence, la cognition et la mémoire des requins ont le plus souvent été étudiés selon le point de vue de l’Homme et appréhendés par le public via le filtre de l’anthropomorphisme. C’est pourtant le premier piège à éviter lorsqu’il est question d’étudier le comportement d’un animal, qui plus est un poisson vivant avec un rapport à l’environnement totalement différent du nôtre, terrestres.
Le schéma ci‑dessous présente un arbre de réaction chez le requin dans sa vie de tous les jours (fig. 3). Le tableau (fig. 1) représente l’éventail de choix que peut prendre un requin en fonction des stimuli reçus par ses sens. Plus une case est remplie par un catalyseur, plus elle conduira à un comportement.
Cette quête de compréhension passe par la traduction de mode de langage et de communication. Les hommes ne parlent pas la langue des requins. Ils vont donc adapter leurs observations sur des connaissances déjà existantes des autres espèces. Cette trahison de vocabulaire qui n’est pas adaptée révèle le véritable gouffre qui nous sépare de la vérité. C’est pourquoi avant chaque analyse, il faut rester le plus modeste possible et se rendre à l’évidence que nous connaissons bien peu de chose. Il est conseillé de « tuer » les idées reçues, d’éviter les interprétations personnelles et d’admettre que nous ne savons pas.
Le système cognitif des élasmobranches (taxon des poisson cartilagineux) auquel appartiennent les requins a évolué différemment après la séparation entre les deux grands groupes de poissons il y a plusieurs centaines de millions d’années. Les poissons osseux ont développé un cerveau avec un mécanisme de mémorisation. Les poissons cartilagineux ont hérité de la perfection de leurs sens pour compenser la perte liée au non‑développement de leur cerveau sur le plan de la mémoire. Ils possèdent tout de même un système cognitif mais qui semble limité par rapport à celui des poissons osseux sur le plan de la mémoire.
À cause de leur ancienneté sur Terre, le cerveau des requins est qualifié de primaire. Les outils de survie qu’utilisent les requins sont basés sur l’aptitude à analyser les catalyseurs qui nourrissent leurs sept sens et qui déclencheront ensuite un comportement approprié aux stimuli. Les requins sont mus par un comportement plus instinctif que réfléchi, servi par des sens très développés. Un arbre ramifié des actions à effectuer indiquera quelle action doit être accomplie en fonction des stimuli rencontrés dans la vie quotidienne des requins. Les instincts (variables en fonction des espèces de requins, de leur environnement, leur alimentation, etc.) complèteront l’analyse qui permettra d’actionner l’attitude à adopter face à la situation. Cet exercice pourrait expliquer le cerveau binaire (on/off) des requins qui d’un instant à l’autre changent totalement de comportement, s’excitent, puis reviennent au repos. Cela pourrait démontrer que les requins ne possèdent pas de libre arbitre, qu’ils ne choisissent pas et ne raisonnent pas. Une réaction réflexe aux moindres catalyseurs les fait réagir à chaque opportunité : ils collectent des informations et poursuivent jusqu’à satisfaction, ou ils abandonnent.
Le dessin (fig. 2) est un récapitulatif des sens des requins et de leur portée.
L’homme n’existant pas dans la mémoire instinctive des requins, ces derniers n’ont ni les codes ni la ressource pour assimiler totalement qui nous sommes. Dès lors, les requins n’ont pas de sens de la déduction lorsqu’il est question d’analyser un humain. Pour un requin, un homme représente un « organisme » vivant méconnu de son quotidien qui se déplace différemment des autres animaux marins, a une odeur différente, des comportements différents et un temps dans l’eau relativement faible. Pour approfondir son observation, le requin va s’appuyer sur les informations reçues à différentes distances par ses organes de détection à courte et longue portée et se baser sur une analyse des actions à adopter en fonction des stimuli détectés. Il continuera à collecter des informations nécessaires pour caser cet organisme (l’humain) dans une des cases : proie, prédateur, allié, poisson utile à son bien‑être, danger, etc. (Cf. Tableau 1). L’examen peut rapidement être abandonné si le requin n’y trouve aucun intérêt (lié aux stimuli reçus), ou se poursuivre en fonction des données collectées jusqu’au contact si nécessaire. Le toucher peut dans certains cas permettre de mieux assimiler la nature de l’homme. Dans les cas extrêmes, ne possédant pas de main, les requins pour mieux s’imprégner de la texture et des réactions, n’ont d’autre recours que la morsure, notamment si il n’y a pas eu de réactions au préalable de la part de l’homme ou si les données précédemment reçues n’étaient pas concluantes.
Il est aussi difficile de savoir si les requins sont capables de mémoriser l’homme sur la base d’une ou de quelques rencontres et de s’en souvenir (hors conditionnement journalier répétitif, comme le milieu artificiel et les requins sédentaires au contact de l’homme tous les jours, plusieurs fois par jour).
Prenons l’exemple des « requins mangeurs d’homme ». Cette appellation transposée aux requins nous vient des félins et des loups mangeurs d’homme. D’un point de vue purement naturaliste, dans l’histoire des hominidés, nos ancêtres se cachaient dans les arbres et les grottes pour se protéger des félins et les canidés préhistoriques. Il s’est progressivement inscrit à travers des milliers d’années dans le code génétique de ces prédateurs que les hominidés sont des proies potentielles. Il y’a plusieurs facteurs qui entrent en considération mais un félin prendrait plus rapidement une décision vis à vis d’un humain que ne le ferait un requin. Il est donc totalement normal de retrouver aujourd’hui des cas à part de lion ou tigre mangeur d’homme. On peut presque parler ici d’hérédité.
Appliquons maintenant cette théorie aux requins. Les activités humaines sur les mers et océans marquent un net changement de fréquence depuis la deuxième moitié du xxe siècle. Malgré l’augmentation de la fréquence des rencontres entre les hommes et les requins (tous environnements marins confondus), celles-ci restent bien trop faible pour permettre aux requins d’assimiler les hommes à une source potentielle de nourriture. Aucune stratégie de chasse contre l’homme profitable aux requins ne leur a permis, en si peu de temps, d’acquérir les informations qui pourraient nous inclure dans leur régime alimentaire. En témoigne le nombre d’incidents contre l’homme chaque année comparé au nombre d’interaction homme/requin journalière (plus de 50 000 interactions chaque jour). Biologiquement, cette théorie du requin mangeur d’homme ne fonctionne pas non plus ! Les requins doivent maintenir un taux d’énergie métabolique variable en mangeant environs 10 % de leur poids tous les 10 jours. Si un requin était pris d’un appétit particulier pour la chair humaine, nous constaterons beaucoup plus d’incidents dirigés contre notre espèce partout dans le monde. La science a démontré qu’il faut entre 1 000 et 35 000 ans à un prédateur pour assimiler et mémoriser une nouvelle proie dans son code génétique afin de comprendre comment la chasser avec succès (cela n’exclut pas pour autant quelques tentatives réussies sur des animaux ne faisant pas partie du régime alimentaire de l’espèce).
Afin de démontrer mes propos, prenons l’exemple, de l’invasion artificielle des poissons‑lion ou rascasse volante (Pterois volitans) en mer des Caraïbes. Des actions et entreprises locales tentent d’apprendre aux requins gris des Caraïbes (Carcharhinus perezi) à se nourrir de ces poissons qui déstabilisent la chaîne alimentaire locale. N’évoluant pas dans les mêmes mers, les poissons‑lion ne figurent pas dans le code génétique des prédateurs de la région. Dans ce cas précis, les requins réagissent aux stimuli lorsque la rascasse est harponnée (frétillements, saignements, son) à l’aide d’un fusil de chasse sous‑marine. Sur certains sites, les requins sont sédentaires, et devrait avec le temps progressivement assimiler la rascasse à une proie de l’écosystème dans lequel ils vivent. Or il a été constaté que les requins ne s’attaquent jamais à ces dernières si elles sont en bonne santé. Ils préfèreront toujours saisir l’opportunité facile de s’attaquer à la rascasse en détresse. Même si les poissons‑lion partagent l’écosystème des requins gris des Caraïbes depuis une quinzaine d’années, ce temps n’est pas suffisant pour leur permettre de comprendre comment les chasser efficacement et donc de les intégrer dans leur code génétique en tant que proie potentielle. C’est là que l’on rencontre le problème de la mémoire. Même si un requin réussissait à terme à chasser ces poissons, comment s’effectue la transmission de savoir aux juvéniles, sachant qu’il n’y a pas d’apprentissage par les parents ? L’épigénétique pourrait en être la réponse mais n’a jamais été prouvée chez les requins.
Pourrions‑nous parler ici de mémoire héréditaire basée sur un apprentissage à long terme ? Des études contradictoires à l’exemple exposé ci‑dessus, auxquelles viennent s’ajouter des observations empiriques, ont démontrés que les requins possèdent chacun une personnalité à part. Cette personnalité est basée sur les traits de caractère de chaque individu, qui comme sur une portée de chien de la même mère, on observera des timides, des curieux, des audacieux, etc. Une grande partie de l’individualité des animaux possédant un système cognitif développé provient des expériences vécues et démontre très clairement une mémoire et la faculté d’apprendre, de retenir et de reproduire grâce à cette mémoire. Mais chez les requins, d’où vient cette individualité ? Est‑elle transmise génétiquement ? A‑t‑elle un lien avec la mémoire héréditaire ou l’intelligence ? Ou est‑elle totalement aléatoire ?
À Bimini, aux Bahamas, il a été prouvé que des requins‑citron juvéniles (Negaprion brevirostris) du même âge se répartissent différents rôles et différents espaces d’évolution dans la même communauté alors qu’ils n’ont que quelques jours ! Des requins venant de la même mère se risqueront dans des zones dangereuses mais riches en poissons (rendant les survivant plus fort – potentiel dominant), tandis que d’autres se contenteront de rester dans la mangrove à l’abris des prédateurs, mais dans une zone moins riche en proies. Ces prédispositions génétiques permettent une sélection naturelle. Ces requins citron juvéniles font preuve de socialisation hiérarchique, savent chasser (seuls ou en groupe), se protéger et réagir face aux mêmes situations auxquelles les adultes sont confrontés, sans pour autant avoir reçu un apprentissage de leurs parents. Cela prouve que cette mémoire à long terme est innée, acquise dès la naissance et génétiquement transmise et non apprise. La mémoire instinctive semble héréditaire.
Comment prouver que les requins sont capables de se souvenir et de mémoriser les activités humaines ? L’acte de répétition pourrait dans certains cas « conditionner » les requins. Il n’est pas impossible que des individus sédentaires ou constamment exposés développent à terme un système de reconnaissance lié aux stimuli. Cela n’implique pas que cette information soit transmise génétiquement, ni que le requin s’en souvienne si la fréquence du stimulus cesse ou diminue.
En plongée sous‑marine j’ai souvent été confronté à l’observation des mêmes individus. Combien de fois ai‑je été charmé à l’idée que ces derniers me reconnaissaient… Pourtant, à chaque rencontre, le requin utilisait les mêmes codes d’interactions que les précédentes fois. Est‑ce de la méfiance à mon égard, est‑ce de la curiosité, ou est‑ce juste la façon dont fonctionne un requin face à un animal inconnu à sa mémoire génétique ? J’affectionne l’exemple de Scarboard, cette grosse femelle requin‑blanc (Carcharodon carcharias) de 5 mètres avec qui j’ai eu la chance de plonger plusieurs fois hors cage. Cette femelle, curieuse mais prudente, met environ quarante minutes pour se sentir à l’aise en présence des plongeurs. Au préalable, elle effectue tout type d’approche à diverses distances, sous divers angles, adoptant différentes stratégies d’observation, d’intimidation envers les plongeurs. Une fois les informations nécessaires reçus et analysés, se sentant en total confort en présence des plongeurs qu’elle ne considère plus comme un danger potentiel (animaux inconnus de son code génétique), elle s’autorise plusieurs passages à faible distance, puis affiche clairement un langage corporel dominant. Nous sortons de l’eau, attendons trois heures et nous ré-immergeons. Il faudra à Scarboard exactement le même temps d’approche d’environ quarante minutes et ce, même trois heures plus tard pour s’affirmer à nouveau. Comme si la mémoire vive de ce qui vient de se produire avait été effacée, comme lorsque l’on éteint un ordinateur.
Un autre exemple… En Égypte en haute saison des requins‑océanique (Carcharhinus longimanus), j’observe parfois en un jour les même dix individus sur mes trois distinctes plongées. Chacun d’entre eux répond aux stimuli sonores générés par la bouteille en plastique que je craque et vient parfois jusqu’au contact. Aucun n’aura appris d’une plongée à l’autre, ou du début de la plongée à la fin de la plongée, que ce bruit n’est qu’un subterfuge et non une proie en détresse. Ils reviendront systématiquement selon le même axe guidé par le même instinct que suscite leur sens de l’ouïe. Cette analyse a été faite dans le temps sur neuf semaines d’observation avec pourtant les mêmes requins.
Les bateaux représentent des sources de catalyseurs visuels, sonores, olfactives et vibratoires très fortes, qui stimulent l’intérêt des requins. Pourtant, il faut ici éviter les raccourcis vers le réflexe de Pavlov. L’essentiel des requins attirés par les bateaux sont des requins pélagiques impossible à conditionner. Sur des zones de nourrissage artificiel, les requins pourraient cependant être plus enclin au conditionnement.
Vous l’aurez compris, quantifier l’intelligence, la cognition et la mémoire des requins n’est pas aisé. Le peu d’études effectuées directement sur les cerveaux des requins en milieu artificiel a démontré des comportements réflexes liés aux stimuli. Malheureusement, à cause du caractère invasif des techniques utilisées qui causaient la mort immédiate des requins après les expériences, la connaissance sur le développement et la compréhension des actions effectuées par les requins est aujourd’hui limitée. Prise d’initiative, mémoire, décision ? Ou bien est‑ce simplement cette capacité à agir et ne pas réfléchir qui aurait, à travers des millions d’années, sauvé les requins ? Même si des expériences en milieu artificiel ont prouvé une mémoire possible liée au conditionnement dans le temps, comment fonctionne ce système cognitif en milieu naturel ? L’adaptation basée sur des réflexes aux stimuli ou sur une mémoire héréditaire est‑elle la clef qui nous permettra de voir le monde sous‑marin tel que le vois les requins ? Ou faisons‑nous fausse route en faisant encore preuve d’arrogance et en voulant systématiquement classifier les actions des requins par anthropomorphisme ?
Nous nous en remettons aux études éthologiques faites sur d’autres animaux et aux interprétations suivant notre logique, selon notre regard de terrien et il est fort probable que les réponses à ces questions ne soient pas découvertes avant longtemps. Le véritable mystère ne réside peut‑être pas dans la volonté de comprendre, mais dans la capacité à vouloir/pouvoir résoudre ces questions. Peut‑être que, comme en ce qui concerne notre place dans l’Univers, nous ne serions pas « équipés » et nous n’aurions pas l’intelligence adaptée pour comprendre les requins dans cet environnement si complexe qu’est l’Océan. En parallèle, comment nous, humain, interprétons‑nous dans cet univers inconnu à nos sens et instincts la présence des requins ? Sommes‑nous muni du matériel nécessaire pour les comprendre ? À méditer…
Article de Steven Surina,
2 commentaires
Belle réflexion, un sujet autant passionnant que frustrant. Je conseille la lecture de : “sommes nous trop bêtes pour comprendre l’intelligence des animaux?”
Comme souvent, il y a de grosse différences entre les espèces, puis entre les individus. J’ai remarqué une “intelligence” très développée chez les bouledogues, mais particulièrement chez certains individus. J’ai la quasi-certitude d’en avoir vu “penser”, et pour le coup apprendre jour après jour, changeant leur comportement, et avoir une “conscience” particulière de l’environnement en adaptant leur comportement en fonction de celui-ci. Observé chez les gris aussi, un apprentissage de l’hameçon très rapide, qui perdure sur plusieurs jours.
Peut-être qu’une grande partie de notre fascination vient de cette incapacité a les “cerner” ?
Un article excessivement intéressant, je rejoins Thomas, je suppose qu’il peut y avoir a priori de la part du bouledogue une adaptabilité rapide au changement de son environnement, et probablement aussi sur d’autres espèce de requin … Le feeding par exemple est régulièrement dénoncés pour son impact sur le changement comportemental des requins … et je pense aussi qu’il peut y avoir une différence entre essayer de débarrasser un animal d’un schéma comportemental de survie (manger c’est vivre ?) décrit dans l’expérience de la bouteille ‘cracker’ et par exemple modifier son comportement en lui offrant une expérience répétitive de nourriture facile et SANS RISQUE .. Le dernier point que je souhaite aborder, n’a pas été traité dans cette article, c’est la notion d’intelligence sociale, les abeilles développent ensemble des actions complexes alors qu’individuellement elles ont a priori un potentiel largement en dessous d’un requin, qu’en est il de la communication entre eux ? y a t il une transmission d’informations, de savoir faire ?