Nous continuons à vous faire découvrir des lieux de plongée auxquels vous n’avez peut-être jamais pensé, sur nos côtes : nous mettons cette fois le Cap sur Canet en Roussillon, avec le centre Aquatile, en plein cœur du nouveau parc naturel marin du Golfe du Lion, à deux pas de la réserve de Cerbère Banyuls, à un peu plus d’une heure des côtes espagnoles.
AU CŒUR DES ESPACES PROTÉGÉS
Depuis la création officielle du Parc naturel marin du golfe du Lion en octobre dernier, troisième parc naturel marin français et premier de Méditerranée, Canet en Roussillon se trouve en plein cœur d’un espace protégé. Certains sites de plongée sont tout proches, 15 minutes environ de navigation, du côté de Torreilles ou de Saint Cyprien. « Mais la plupart du temps, explique Karine du centre Aquatile, nous filons jusque sur la Côte Rocheuse, il nous faut 20 minutes pour rejoindre Collioure et 35 minutes pour atteindre la Réserve Naturelle ou nous passons la journée. En 1h10 nous sommes en Espagne ! »
ENTRE NUDIBRANCHES ET JARDINS DE GORGONES
Et si la zone est protégée, c’est parce qu’elle affiche une biodiversité précieuse. Entre roches, sable, et coralligène, les espèces foisonnent, des minuscules nudibranches particulièrement abondants dans la région, aux jardins de gorgones blanches, en passant par les paisibles mostelles abritées sous les parois multicolores. « Les failles, raconte Karine, abritent ophiures, crevettes et congres, le coralligène s’étale sur toute la Côte dès les premiers mètres, les plongées sont donc accessibles à tous les niveaux, avec des milliers de surprises… ».
TOUT PEUT CHANGER EN UN JOUR !
Dans ces eaux particulièrement riches, bouillonnantes de vie, la visibilité est certains jours réduite. Mais, et c’est là l’une des particularités de la région, tout peut changer dans la journée ! « La visibilité, explique Karine, peut alors passer de 1 à 30 mètres, il aura suffi d’un courant, d’un coup de pluie, d’un coup d’Est, ou de tramontane, certains éléments perturbent, d’autres nettoient, notre mer est vivante! Tout peut changer en un jour, c’est magique ! » En hiver, la température se maintient à 12° au fond, peut atteindre en été 23° en surface. Les courants sont peu importants sur la majorité des sites de plongée, mais peuvent être notables sur les épaves.
UNE TRENTAINE DE SITES, ET QUELQUES MUSTS
– La Moulade: « Au pied de Collioure, un parcours d’orientation idéal pour apprendre à ne pas se perdre…Un couloir de sable menant à une faille comme taillée par l’homme, exposant une des plus belles parois de notre Côte. Je serais tentée de dire, qu’il y a dans cette faille toutes les éponges de Méditerranée réunies ! Attention toutefois à bien maîtriser sa flottabilité, le passage est étroit… Le parcours idéal étant de terminer ici après avoir découvert au préalable les patates de coralligène éparpillées partout aux alentours qui dissimulent une quantité folle de nudibranches en tout genre. Les amoureux du Petit adorent cette plongée ! »
– Cap Gros: « La plongée qui résume notre environnement… en partant d’un petit sec autour duquel des familles de poissons ont élu domicile, c’est le point de rendez-vous régulier avec un poisson lune qui a oublié de migrer, exploration apaisante entre sable, roche, coralligène et posidonie. Le site de plongée idéal pour le photographe, des jeux de lumières parfaits mais le grand dilemme persiste ici, macro ou grand angles ? Le grand angle pour l’hippocampe c’est toujours assez insupportable! Et sur ce site les chances d’en rencontrer sont assez importantes… »
– Le Cap l’Abeille: « En plein cœur de notre réserve, des rivières de poissons, des cascades de sars, des tapis d’oblades… la journée dans la réserve avec deux plongées au programme est un grand moment ! Entre mérous et corbs, on navigue le cœur joyeux… »
SUR LA ROUTE DES ÉPAVES
La région compte quelques épaves remarquables, et Aquatile organise de temps en temps, avec Patrice Strazzera, des week-ends intégralement dédiés à leur découverte. Deux d’entre elles, l’Alice Robert, et le Pythéas, permettent aux plus aguerris pour la première, et aux débutants pour la deuxième, de goûter à la magie des épaves. L’Alice Robert, dit le Bananier pour les intimes est un cargo fruitier construit en 1934. Le 4 octobre 1939, il est réquisitionné, armé de deux canons de 90mm et affecté aux Lignes Coloniales. Le 14 décembre 1942 sous le nom de prise de Frida1 il deviendra propriété du Reich et sera transformé en escorteur rapide pour pouvoir lutter contre l’aviation et les sous-marins alliés. Le mât arrière est retiré et le bananier sera rebaptisé le SG11. Le 2 juin 1944 le SG11 et le SG 21 quittent Port Vendres pour une patrouille anti-sous-marine. Le sous-marin britannique Ultor aperçoit le convoi et tire ses trois dernières torpilles d’une distance de deux kilomètres. Il est 8 h 36 … Touché par l’arrière, l’Alice Robert gît depuis par 47 m de fond à 5 miles des côtes.
LES VESTIGES DU PYTHÉAS POUR DÉBUTER
« Cette épave, explique Karine, a 115 ans et est accessible dès le premier niveau de plongée! L’amour pour les épaves pourrait bien naître ici…Construit en 1856 à Londres, le Pythéas, trois mâts à vapeur de 50 m, navigue d’abord pour la Société Phocéenne de Navigation Altaras, Caune & Cie, pour laquelle il effectue des liaisons entre Marseille et l’Algérie. En 1894, il passe entre les mains de la petite compagnie marseillaise Louis Castaldi & Fils, et fait la liaison Marseille, Port-La-Nouvelle, Port Vendres.Le 19 octobre 1897, avec une cargaison de 170 tonnes de marchandises en provenance de Marseille, le Pythéas se dirige vers Port Vendres dans un épais brouillard. Le capitaine du navire est inquiet, il est 11h et les membres d’équipage ne voient pas le phare. Le vapeur ralentit, mais alors que la sonde est encore de 9 brasses, un sinistre craquement retentit, déchirant le silence pesant. Le port n’est pas loin, les sifflets du navire attirent les deux pilotes du port, qui alertent aussitôt les secours. Vers 8h30, l’arrière du Pythéas s’incline et tout le bateau s’affaisse. Seul l’avant sort de l’eau, comme pour escalader la falaise. La plus grande partie de la cargaison sera récupérée par trois scaphandriers de Marseille avant qu’une forte tramontane n’achève de couler le navire. Aujourd’hui il ne reste plus grand chose de ce navire, quelques membrures, la chaudière, les ancres ainsi que quelques débris de la proue. »
DES MINIS-SAFARIS POUR S’ÉVADER PLUS LOIN
Depuis l’an dernier, Aquatile a mis en place des mini-safaris, sur trois ou quatre jours, pour descendre un peu plus loin. « Arrivés à la réserve de Banyuls-Cerbère, aux portes de l’Espagne, on ne peut que se demander comment est-ce derrière le Cap », explique Karine. « Et François ayant travaillé à Puerto de la Selva, connaissant les sites de l’autre côté de la frontière, le pas a été vite fait. L’idée a trotté et puis on en a parlé à nos habitués et on s’est dit “allez, on essaie” et on a adoré ! » Sur trois ou quatre jours, en logeant dans de petits hôtels, on multiplie les plongées que l’on ne pourrait pas faire à la journée. L’évasion est totale, on est déjà dans l’aventure. Et Karine et François recréent « l’esprit croisière » qu’ils affectionnent particulièrement : chaque année, ils accompagnent ainsi certains de leurs clients pour partager aux Maldives, où ils ont travaillé plusieurs années, une croisière de découverte.
DANS UN CENTRE ÉCO-RESPONSABLE
Le Centre Aquatile est centre ambassadeur Longitude 181, et apparaît d’ailleurs dans le guide des centres éco-responsables que nous vous avons présenté dans notre dernier numéro. « La Charte du plongeur responsable est un outil idéal pour nous, estime Karine, elle étaye nos propos et à ce titre doit impérativement être connue dès le premier niveau de plongée. Elle est largement diffusée chez Aquatile car elle est insérée dans le carnet de plongée offert à tous les plongeurs et plongeuses en formation ou de passage dans notre centre ! » Aquatile est également le premier centre en France à avoir obtenu le PADI green Star Award ! Il est aussi partenaire de la Réserve naturelle de Banyuls Cerbère, et contribue au programme de science participative Cybelle Méditerranée. « Et en dehors de toutes les petites actions quotidiennes, explique Karine, nous menons régulièrement des actions de sensibilisation, nous avons créé un petit clip sympa sur le sujet pour la nouvelle année: “un geste plus un geste et c’est ma mer qui va mieux”.
« Nous ne sommes, conclut Karine, que des invités sous l’eau »
Texte : Isabelle Croizeau
Photos : Aquatile
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Effectivement Thierry…! Je vois que t’as toujours des bonnes idées…
Je suis pas sûr qu’elle soit excellente…et tu pourras même pas les fumer…!