Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager cet article rédigé par Brigitte Thouvenot sur Plongeur.com.
J’y retrouve “mes” gorgones et autres sites de plongée.
En effet de nombreuses photos ont été prise à Hienghène par Clauce Rives que j’ai eu l’honneur et le plaisir de recevoir dans mon centre et de guider en plongée.
Les lagons de Nouvelle-Calédonie sont le premier espace de l’outre-mer français inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité. Une reconnaissance et un honneur qui ne sont pas éternels. Y rester est le défi que la Calédonie a bien décidé de relever en 2010.
Le 7 juillet 2008, au Palais des Congrès de la ville de Québec, la présidente du comité du Patrimoine mondial fait une déclaration de la plus haute importance : « Les lagons de Nouvelle-Calédonie, avec leurs diversités récifales et écosystèmes associés sont reconnus comme un lieu naturel à caractère exceptionnel, universel et inestimable ».
Second lagon au monde en terme de surface occupée, juste derrière la Grande Barrière de Corail australienne, le Grand Lagon, qui s’étend entre le récif-barrière et le littoral, mesure par endroits 70km de large.
Cette reconnaissance internationale couronnant la mobilisation de tout un territoire pour valoriser ses richesses naturelles et culturelles n’a pas fait la Une des médias, même pas celle des magazines de plongée ou de ceux « soi-disant » consacrés à la sauvegarde de la nature ! Quel dommage.
D’accord, vu de notre petit hexagone la Calédonie semble loin et compliquée.
Mais c’est l’un des joyaux du Pacifique et un des points chauds (en langage branché, un « hot spot ») de la biodiversité ; et contre vents et marées, cet archipel est français depuis le 24 septembre 1853. Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, ne s’y est pas trompé : « […] cette inscription est un motif d’immense fierté mais aussi un engagement à une très grande rigueur […] ».
1 et 2 : Les gorgones à nœuds sont des chefs-d’œuvre de complexité. Contrairement aux autres gorgones, ces invertébrés ne sont pas organisés selon un axe principal corné, mais autour d’une chaîne de nœuds reliés entre eux par des internœuds. Les premiers, enflés, sont en corne tandis que les seconds, cylindriques, sont calcaires. Cette structure leur confère à la fois une rigidité plus importante et de plus grandes possibilités de déploiement. Mais cette dernière singularité n’est évidente que dans le Pacifique, où les gorgones à nœuds atteignent des tailles et des formes exceptionnelles. Dans cette caverne du nord-est (devant Hienghène), les gorgones sont installées perpendiculairement au courant, afin de filtrer un maximum de plancton.
3 : Gorgones à nœuds dans les eaux de Lifou.
4 : Caverne sur le site de Hienghène, situé au nord-est de Grande Terre.
5 : Requin léopard Triakis semifasciata.
6 : Endémique à la Nouvelle-Calédonie, Laticauda semifasciata communément appelé « tricot rayé » est un serpent amphibien passant autant de temps à terre qu’en mer. Son venin est dix fois plus puissant que celui du cobra mais doté d’une mâchoire minuscule, il est peu agressif et surtout très peureux.
Selon le MEEDDAT (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire), cette inscription devrait favoriser l’essor d’un tourisme durable et respectueux des sites, notamment la plongée sous-marine, et une gestion adaptée des ressources du lagon.
L’une des curiosités de la baie de Prony est la présence d’une résurgence d’eau douce et chaude qui sort du sédiment : la différence de température et de salinité avec l’eau de mer entraîne une précipitation de certains minéraux qui, avec le temps, ont formé des aiguilles.
La plus haute mesure 37 mètres.
Pour comprendre, il faut savoir… alors j’explique.
Nouvelle-Calédonie ou Calédonie ? Une île ou un archipel ?
Nos valeureux navigateurs manquaient parfois d’imagination. Bon ! Reconnaissons qu’ils avaient d’autres soucis d’intendance à gérer.
En 1774, quand le capitaine anglais James Cook découvre un énorme caillou montagneux de 400 km de long sur 50 km de large au milieu du Pacifique, il lui donne le nom de « New Caledonia ».
Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’il était originaire d’Ecosse, qui s’appelait à l’époque : Caledonia ! Terme issu du vieux Gallois « kalet » (dur). Le terme est resté et, de New Caledonia nous sommes passés à Nouvelle-Calédonie, puis à Grande Terre. Mais le nom de Nouvelle-Calédonie est une ambiguïté ; ses habitants d’origine nomment leur terre « Kanaky » : le pays des Kanak (qui signifie Frères de la Terre) et les Caldoches (les descendants des colons européens) appellent affectueusement leur île « Le Caillou » !
Même si le nom de Nouvelle-Calédonie perdure dans les statuts, tout le monde s’entend pour l’appeler : Calédonie.
Paysage lunaire du District de Yaté, au sud de Grande Terre. Le sol rouge est en fait de la latérite dont la composition très riche en fer et en aluminium interdit toute végétation ou toute culture.
Mais le territoire est vaste, 1500 km d’est en ouest et 1000 km du nord au sud, et dépasse largement les côtes de la Grande Terre, l’île principale. Il est constitué d’archipels aux sonorités de météo marine :
• Au nord, les récifs d’Entrecasteaux, composés principalement des atolls de Huon et Surprise.
• Un peu en-dessous, les îles Belep : Art, Pott, Dau Ac, et les îlots rocheux de Daos.
• A l’est se profilent les récifs de l’Astrolabe et ceux de Beautemps-Beaupré, suivis par les îles Loyautés : Lifou, Maré, Ouvéa et Tiga.
• Au sud, Kunié : l’île des Pins (surnommée « l’île la plus proche du Paradis »).
• Un peu plus à droite, l’île corallienne de Walpole et les îles volcaniques toujours en activité, Matthew et Hunter (revendiquées par le Vanuatu).
• Enfin, à l’ouest de la Grande Terre s’étendent les atolls submergés de Fairway et Lansdowne et un peu plus loin les deux grands atolls de Chesterfield et Bellona.
Voilà, c’est aussi simple que cela, la Calédonie est une île et un archipel.
Carte des sites calédoniens reconnus au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est un bien en série qui s’étend sur 28 615 km² . © Comité ZCO-Province Sud
L’inscription au Patrimoine mondial de l’humanité
Sur les 890 biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, 33 sont français. Trente et un sont des biens culturels ; pour la plupart des cathédrales, des palais ou autres fortifications édifiés à la gloire (ou à la sueur) de notre Histoire religieuse ou militaire ! Mais fort heureusement, deux d’entre eux sont des sites naturels particulièrement intéressants pour les amoureux de la mer que nous sommes : dès 1983, le golfe de Porto, en Corse, et depuis 2008, les lagons de Nouvelle-Calédonie.
L’îlot Tenia, à l’ouest de Grande Terre, abrite une réserve marine exceptionnelle dans laquelle maraude la grande faune pélagique, dont de nombreux dauphins.
Mais le cas de la Calédonie est particulier car ce sont six sites, et non pas un seul, qui ont été distingués ; c’est de ce fait un « bien en série » qui couvre une superficie de 15 744 km² ainsi que des zones tampons marines (7945 km²) et terrestres (4926 km²) :
Grand Lagon Sud,
Zone Côtière Ouest,
Zone Côtière Nord et Est,
Grand Lagon Nord,
Atolls d’Entrecasteaux,
Atolls d’Ouvéa et Beautemps-Beaupré.
Photo ci-contre : Le grand Lagon (vue aérienne)
L’inscription de ce bien en série implique une gestion participative de toute la population et crée une obligation de résultat. Le cahier des charges imposé par l’Unesco est clair : les zones inscrites peuvent et doivent continuer à se développer… à condition de préserver leur environnement. En 2010, une commission de l’Unesco se rendra sur place pour vérifier si les acteurs locaux ont rempli leur mission. Si ce n’est pas le cas, le label peut être retiré. Mais sur le terrain les équipes s’appliquent, notamment les scientifiques de l’IRD de Nouméa (qui consacre annuellement 5 millions d’euros à des recherches sur le lagon) et ceux de l’Ifremer, mais également des ONG, de multiples associations, les clubs de plongée et des centaines de bénévoles. En 2010, il est certain que la Calédonie gagnera son pari et gardera son inscription au Patrimoine mondial de l’humanité.
Une affaire à suivre…
Emblème de la Calédonie, le kagou, ou cagou, Thynochetos jubatus est un oiseau endémique de Grande-Terre qui malgré ses grandes ailes est incapable de voler. Ses effectifs sont difficiles à évaluer, mais doivent se situer entre 250 et 1000 individus, pour l’essentiel localisés dans le parc provincial de Rivière Bleue (sur la côte est). Unique représentant d’une famille zoologique qui fut florissante il y a des milliers d’années, le kagou est l’une des espèces les plus menacées au monde.
En quelques chiffres, la Calédonie c’est :
• 245 000 habitants composant une société pluri-ethnique (dont 44% de Kanaks, le peuple d’origine, et 34% d’Européens),
• 18 585 km² de terres émergées au milieu de 1 740 000 km² de ZEE (Zone Economique Exclusive),
• 40 000 km² de lagons et de récifs (soit 80% de l’ensemble corallien de nos collectivités d’outre-mer),
• un ruban corallien de 1600 km de long (le deuxième ensemble récifal de la planète après celui de l’Australie) abritant une biodiversité marine phénoménale : plus de 500 espèces de coraux, le principal site mondial de reproduction des mégaptères (baleines à bosse) et de ponte des tortues caouannes… la liste est infinie.
1 et 2 : Située à quelques dizaines de kilomètres au sud de Nouméa, sur la côte sud-ouest de Grande-Terre, la baie de Prony offre des paysages sous-marins extraordinaires. Ses eaux calmes ont permis le développement d’un vaste champ de coraux Montipora.
3 : Phénomène de fluorescence des coraux, découvert à l’aquarium de Nouméa. Éclairés par une lampe diffusant des rayonnements ultra-violets, certains coraux émettent une lumière très particulière, de couleur vive mais de faible intensité. La découverte fit le tour du monde et la notoriété de l’aquarium fondé en 1956 par René Catala.
4 : Le Grand Lagon Sud est l’un des principaux site dans le monde abritant la reproduction des jubartes ou baleines à bosse (Megaptera novaengliae).
5 et 6 : Il existe plusieurs espèces de nautiles à travers les eaux du globe mais Nautilus macromphalus est endémique à la Calédonie. Véritable fossile vivant, il vit entre 20 et 600 mètres de fond et la première reproduction mondiale de nautile en captivité à été réussie à l’Aquarium de Nouméa en juin 2000.
Les plongeurs Australiens, Néo-Zélandais et Japonais ont depuis longtemps adoptés la Calédonie alors que les métropolitains méconnaissent cette destination exceptionnelle. Pourtant de nombreux centres de plongée, fort bien équipés et à l’encadrement dynamique, se sont fédérés pour vous faire découvrir la faune et la flore prodigieuse de cette destination de rêve.
La randonnée palmée est une activité aquatique de plus en plus développée par les clubs de plongée calédoniens. Praticable à tout âge et en famille elle permet une découverte ludique et en douceur de la faune et de la flore marine.
Connectez-vous sur le site des centres de plongée, rendez-leur visite et vous n’aurez plus qu’une envie, celle d’y retourner ou comme certains… d’y rester.
Pour en savoir plus sur la Calédonie :
• Le guide du lagon 2010 est en ligne et téléchargeable.
• Maison de la Nouvelle-Calédonie
• Nouvelle Calédonie Tourisme Point Sud
• Centre culturel Tjibaou
• De nombreux, et souvent, superbes ouvrages traitent de la Calédonie, mais l’un d’entre eux a particulièrement retenu mon attention : Nouvelle-Calédonie, Terre de corail. Ecrit par Pascale Joannot, commissaire de l’exposition portant le même nom, présentée en 2008 et 2009 à l’Aquarium de la Porte Dorée de Paris et au Parc Phœnix de Nice, ce catalogue de 128 pages est une très belle présentation de cette Terre de paradoxes aux multiples facettes. Il est clair, pédagogique, très bien documenté et… d’un prix très abordable : 18 €.
Editeur : Maison de la Nouvelle-Calédonie/Solaris (©2008).
ISBN 978-2-9530491-2-1.
Photos : © Claude Rives • Merimages
2 commentaires
Trop fun et bravo pour l’organisation d’un tel évènement… easy les photos dans ce cas, lol
Oui, la Nouvelle-Calédonie est une superbe destination. Si les plongeurs métropolitains la délaisse, c’est sans doute dû à la longueur et au prix du voyage !