Le mérou brun, un véritable symbole !
Comment ne pas commencer par lui ? Ce poisson imposant, à la gueule caractéristique, a d’abord été dévoilé au grand public par l’équipe du commandant au bonnet rouge. Surnommé Jojo le Mérou (c’était alors une espèce voisine de mer Rouge), son comportement vis-à-vis du plongeur devint légendaire.
Le littoral marseillais (et plus largement la Méditerranée entière) accueille dans ses eaux, le mérou brun Epinephelus marginatus. Quasiment disparu de notre littoral dans les années 80, à cause du prélèvement excessif par les chasseurs sous-marins, il a bénéficié de moratoires, depuis 1993, dont le dernier court jusqu’en décembre 2013. Le Groupe d’étude du Mérou, qui existe depuis 1986, veille à étudier les populations afin de faire reconduire les moratoires.
De nombreux sites à Marseille permettent d’approcher des mérous, notamment autour des archipels du Frioul et de Riou. Ils affectionnent généralement les failles, les éboulis et les grottes. Ces derniers temps, de plus en plus de juvéniles ont été observés, souvent dans des fonds de moins de 15m.
Les raisons de sa fragilité :
Des prélèvements trop importants jusqu’aux années 90, et sa maturité sexuelle tardive. Ajouté à ça, les mérous bruns ne sont matures sexuellement que vers l’âge de 5 ans et sont alors des femelles. Vers 12-13 ans, ils deviennent des mâles. On peut facilement comprendre la chute de la reproduction lorsque les “gros” mérous étaient chassés.
Corallium rubrum : l’or rouge de la Méditerranée
Un véritable joyau ! Le corail rouge de Méditerranée existe uniquement dans la Mare Nostrum, c’est une espèce endémique. Cette gorgone un peu particulière (ce n’est pas du vrai corail) a attiré les hommes depuis l’antiquité et même le néolithique. Aujourd’hui, on le retrouve dans les joailleries où il se vend à prix d’or.
Il est évidemment bien plus sexy tous polypes déployés, accroché au plafond d’une grotte sous-marine ! Entre le rouge sang de ses branches et le blanc pur des cnidaires qui le fabriquent, c’est un véritable spectacle prisé des plongeurs… mais attention, n’oubliez pas votre phare, auquel cas vous risquez d’être déçu ! Tenez également vos palmes à l’écart afin de ne pas endommager les petites branches qui ont eu besoin de nombreuses années pour grandir.
Surplombs, grottes, failles à partir de 10-15m de fond, et surtout à l’abri de la lumière… vous aurez de grandes chances de le trouver “fleuri” si vous plongez de nuit…
C’est une espèce réglementée, mais pas strictement protégée.
Les raisons de sa fragilité :
Le corail rouge est récolté depuis l’antiquité, mais l’arrivée du scaphandre a permis un accès bien plus facile. Il faut de longues années voire des dizaines d’années pour donner une belle branche de corail rouge. Les populations se sont donc effondrées rapidement…
La datte de mer, curieux coquillage
Voici un animal peu connu du public ! Il est rare de voir un plongeur s’extasier devant une datte de mer… et pour cause, ce coquillage ressemblant à une moule (en plus allongé et de section plus circulaire), vit tout simplement dans la roche calcaire. C’est ce qui fait qu’on ne les remarque que très rarement en plongée, généralement on trouve plutôt des coquilles vides, qu’un poulpe aura peut-être laissées après un festin…
La datte de mer, de son nom scientifique Lithophaga lithophaga (signifiant tout simplement “mangeur de pierre”) secrète une substance capable de dissoudre la roche calcaire. Elle creuse alors une galerie circulaire dans laquelle elle restera, laissant apparaître uniquement son manteau et ses siphons.
Ce n’est pas une espèce vraiment rare, mais elle fait tout de même partie des quelques espèces strictement protégées de notre littoral depuis 1992. La raison ? Très prisée culinairement, sa récolte implique une destruction de la roche dans laquelle elle vit. Les pêcheurs utilisent alors des burins voire de la dynamite pour libérer le précieux mollusque.
Sur cette vidéo, vous pourrez vous rendre compte des dégâts :
Les “nocturnes” !
La GRANDE CIGALE DE MER : ayez l’oeil !
Rare ! C’est bien l’adjectif qui qualifie malheureusement le mieux la grande cigale de mer (Scyllarides latus). Contrairement à la petite (Scyllarus arctus) que l’on rencontre fréquemment sous les surplombs, dans les failles et les grottes, découvrir une grande cigale est toujours assez exceptionnel. Soyez donc indulgent avec le plongeur bio qui restera un quart d’heure le nez collé à la belle, à l’observer sous toutes les coutures !
Plonger en pleine nuit fera augmenter vos chances de trouver cette cousine des langoustes. Privilégiez les failles, les grottes et le coraligène.
Son intérêt culinaire, avec sa queue bien plus charnue que celle des langoustes, attire les chasseurs sous-marins, qui l’ont quasiment faite disparaître de nos eaux.
L’espèce est maintenant totalement protégée en France depuis 1992, et également dans d’autres pays méditerranéens.
La PORCELAINE LIVIDE (Luria lurida)
Ce superbe coquillage est connu de beaucoup, même des non plongeurs. En effet, c’est souvent sa coquille qui est utilisée comme décoration (parmi de nombreuses espèces de porcelaines dans le monde entier). De ce fait, il a été souvent ramassé comme “souvenir”, ce qui a conduit à sa raréfaction.
Inscrite dans l’annexe II de la convention de Berne (donc strictement protégée !), la porcelaine livide est présente jusqu’à une quarantaine de mètres de profondeur. Se nourrissant essentiellement d’éponges, vous aurez plus de chances de la rencontrer de nuit, lorsqu’elle sort pour se nourrir. Son manteau peut recouvrir alors complètement sa coquille luisante…
L’OURSIN DIADEME (Centrostephanus longispinus)
Et oui, les oursins diadème ne peuplent pas uniquement les eaux tropicales ! L’espèce méditerranéenne est peu connue, car très rare. C’est une espèce qui craint la lumière, de ce fait, il est encore plus rare de la rencontrer de jour, durant lequel l’oursin reste généralement blotti dans un trou.
Avec beaucoup de chance, vous pourrez en observer de nuit, et voir comment il agite ses longs piquants, pouvant mesurer près de 15cm. Mais attention de ne pas trop vous en approcher, les piqûres sont douloureuses !
L’oursin diadème est strictement protégé en France depuis 1992.
Les incontournables : posidonie et grande nacre !
La POSIDONIE
Nous en parlions récemment dans Le Mag’, la posidonie représente un habitat essentiel au bon fonctionnement de nos petits fonds !
Menacée par la pollution, comme par exemple les détergents que l’on utilise dans nos maisons, et bien sûr l’arrachage mécanique par les ancres des bateaux, ceci couplé à une croissance très lente de l’ordre de quelques centimètres par an, la posidonie a peu à peu disparu de nombreux endroits. La rade de Marseille en est un exemple majeur où plus de 90% des herbiers ont disparu !
Cette plante endémique à la Méditerranée (Posidonia oceanica), est protégée en France depuis 1988.
La GRANDE NACRE (Pinna nobilis)
Difficile de dissocier la grande nacre de la posidonie tant son destin semble lié à celui de l’herbe marine ! C’est en effet souvent au milieu des longues feuilles sombres que l’on va rencontrer les valves géantes du plus grand coquillage de Méditerranée. Bien sûr, on en rencontre également en dehors des herbiers, mais une disparition de la posidonie serait sans doute suivie de celle des grandes nacres.
Longtemps récoltée pour utiliser la nacre qui recouvre l’intérieur de ses coquilles, elles ont d’ailleurs bien failli disparaître ! Peignes, boutons de chemise, décoration de meubles, et byssus déjà utilisé par les romains pour tisser des vêtements, autant d’utilisations qui auraient pu avoir raison de l’espèce.
Malheureusement, la grande nacre a une croissance très lente. Il lui faut des dizaines d’années pour atteindre sa taille adulte, pouvant dépasser 1m de hauteur !
Elle est strictement protégée depuis 1992.
La récompense : l’hippocampe
Voici enfin un animal qui fait rêver beaucoup de plongeurs… Celui que l’on appelle le “cheval de mer” est devenu si rare en mer, qu’une rencontre provoque généralement un attroupement autour de lui… Attention toutefois à ne pas trop s’en approcher, c’est un animal très fragile.
Cependant, si vous n’avez pas la chance d’en croiser à Marseille (Il faut connaître les endroits… ), vous pourrez toujours aller les retrouver à quelques lieues de là, dans l’étang de Thau, du côté de Sète. Là il faudra presque le faire exprès pour ne pas en voir !
Ils fréquentent généralement les fonds sableux sur lesquels on trouve des touffes d’algues, mais également les herbiers de posidonie. La destruction de leurs habitats et les nombreuses prises dans les filets de pêche menacent grandement les deux espèces de Méditerranée : Hippocampus guttulatus et Hippocampus hippocampus sont protégées en France depuis 1999.
Sur la photo, une femelle H. guttulatus photographiée au Frioul, dans la rade de Marseille !
Anthony Leydet
sur scuba people
Les espèces protégées et en danger de Marseille