Dans le lit du Rhône
Seigneur incontesté des eaux sombres du Rhône, le silure a fait du lit du fleuve son royaume, dans une semi-obscurité constante. Peu de poissons s’aventurent jusque là, et le silure adulte, qui peut dépasser les deux mètres de long, n’a pas de prédateur. Seuls les plus jeunes doivent se méfier des brochets et des sandres, et parfois même de l’appétit de leurs aînés…
Curieux et inoffensifs
Les silures, jeunes ou adultes, ne sont pas craintifs, et se montrent au contraire très curieux vis-à-vis du plongeur qui pénètre leur territoire. Il me suffit d’attendre quelques dizaines de secondes avant de voir surgir le premier. Ils se dirigent sans hésitation vers moi et s’approchent jusqu’à me toucher. Parfois ils s’immobilisent à 10 centimètres de mon masque dans un face à face interminable. Mais il n’y a jamais d’agressivité dans leur comportement et ces rencontres sont justes magiques, hors du temps et très loin de l’image de monstre sanguinaire qui colle à la peau de ce poisson.
Une valse lente au fond du fleuve
Les silures se rassemblent parfois en énormes amas mouvants, larges de plusieurs mètres, au sein desquels les poissons tournent en rond. Un spectacle rare mais saisissant. Indépendant de la reproduction, ce phénomène reste encore un mystère au niveau scientifique. Etre le spectateur privilégié de ce genre de scène justifie en tout cas à lui tout seul ce projet étrange, au départ, de vouloir s’immerger dans les eaux troubles et polluées du Rhône.
Des conditions de plongée difficiles
Tous ceux qui plongent en eau douce le savent, les meilleurs plongées sont celles où l’on a, non pas la plus grande transparence, mais plutôt la moins mauvaise visibilité. Quand les conditions sont bonnes, il est possible de voir à quelques mètres… Quand elles sont mauvaises, on parle alors « d’ambiance », ce qui est une façon poétique de qualifier une infâme purée de poix. Au problème de la turbidité s’ajoutent le courant soutenu, souvent même trop violent pour envisager une mise à l’eau, et la navigation fluviale qui rendent la plongée délicate. Surtout en apnée. Mais la rencontre avec les seigneurs du fleuve en valait la peine.
Remi Masson
sur scuba people
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