Ne serait-ce que ce nom enchanteur appelle à un voyage hypnotique, ensorcelant…
C’est fort de cette idée, avec toujours la même envie de partager la beauté de la planète et de donner le désir à chacun de la préserver, que j’ai accepté de réaliser, en partenariat avec Tahiti Tourisme et la compagnie Air Tahiti Nui, un film court et percutant sur ce joyau de la Polynésie Française.
Cette terre des hommes, comme les anciens l’ont baptisée de son nom polynésien Fenua Enata, regorge de trésors naturels, et m’a fasciné par son côté indompté. L’éloignement et la difficulté d’accès la laissent encore vierge et préservée. C’est un endroit mystique, difficile à atteindre, qui se mérite.
En effet, c’est après 50 heures d’un long voyage que j’ai atteint ce territoire sauvage. À l’approche de l’île, ne serait-ce que la vision aérienne laisse présager toute une aventure, lorsque ces mystérieux pans rocheux imposants à couper le souffle se dessinent enfin majestueusement dans la brume au loin.
C’est entre un tapa et diverses représentations picturales d’art marquisien que je retrouve Humu, figure emblématique de HivaOa, l’une des deux plus grandes îles de l’archipel. Ses cheveux couleur geai tombent en cascade sur ses épaules massives et sur ses bras recouverts de symboles ancrés dans la peau, racontant sa culture ancestrale et l’amour de sa terre. C’est lui qui me servira de guide durant le séjour, et m’ouvrira les portes de son île.
Grâce à lui, et à l’accueil des marquisiens, j’ai pu découvrir un univers fascinant. L’écosystème des Marquises, dû à l’éloignement du continent, reste complètement à part, et offre une nature luxuriante et généreuse. Presque hostile. En effet, malgré les arbres à pain et les tiarés, cet archipel de la Polynésie française se distingue de ses sœurs par l’absence de lagon, d’eau turquoise et de barrière de corail de carte postale, mais offre au visiteur une version bien plus fascinante d’une nature exceptionnellement vierge, pure, farouche et préservée.
La faune sous-marine est également très représentée. Les eaux marquisiennes, riches en planctons, sont idéales pour le passage de nombreuses espèces. C’est donc un lieu privilégié pour observer des raies Manta qui sillonnent la mer entre les requins marteaux ou pointes blanches, le tout dans un décor aquatique volcanique, preuve de la jeunesse de ces reliefs.
Malheureusement, cet équilibre grandiose est aussi fragile, et la main de l’homme, en voulant préserver ce bijou, a perturbé un écosystème naïf et sensible. L’introduction du grand-duc il y a quelques années, pour réduire les populations de rats, a perturbé l’écosystème et décimé une partie de la faune, particulièrement ornithologique. Le meilleur exemple en est le « Pahi », oiseau endémique qui a complètement disparu de HivaOa, et que l’on trouve encore en faible effectif sur l’île de Tahuata.
Néanmoins, la découverte de ces iles ne serait rien sans la rencontre avec les marquisiens. Peuple de chasse et de pêche, ils restent peu nombreux (2447 habitants en 2012 sur HivaOa, l’une des deux îles les plus peuplées des marquises) et l’activité touristique modérée en fait une population encore très imprégnée de leur culture ancestrale.
En effet, ces cousins de Hawaï m’ont dévoilé un talent manuel hors pair. La sculpture du bois (le tou, nom local polynésien pour le noyer d’Océanie, ou faux-ébène) et la sculpture de l’os sont maîtrisées à la perfection, pour produire une myriade d’objets d’art polynésien qui viendront agrémenter les intérieurs. Le tout réalisé dans une ambiance chaleureuse sous l’œil bienveillant des Tikis, statues de pierres érigées par les ancêtres, sur un fond de chant polynésiens et de danse, avec l’impressionnant rituel du HAKA.
Mais le clou du spectacle reste le tatouage, art ancestral dont les marquises sont un des représentants emblématiques, et qui dessine de façon indélébile sur la peau l’histoire des hommes et de leur culture. Ici, des bras aux chevilles en passant par le cou, voir le visage, chaque homme ou femme représente à lui même une œuvre d’art.
Malgré tout, bien que n’ayant jamais quitté l’ile pour la plupart, les marquisiens restent en quête d’identité. Les restrictions gouvernementales d’autrefois font qu’ils disposent de peu d’écrits, et Humu, par ses recherches anthropologique et ethnologiques, cherche à restaurer cette histoire qui s’efface.
Finalement, Jacques Brel, et avant lui, Gauguin ou encore Herman Melville l’avaient compris, ce territoire reculé offre un royaume de sérénité à l’homme en quête d’inspiration et de calme.
Mon but aujourd’hui est de découvrir la terre, de transmettre, et c’est cet univers grandiose et fragile à la fois que j’ai souhaité porter à votre regard aujourd’hui à travers mon film, pour vous donner envie de découvrir avec moi ce trésor du bout du monde.
Le meilleur pour la fin la vidéo de Follow me productions
Photos, texte et vidéo par Franck fougère de Follow Me Productions