Définition
Lourd cylindre d’acier ou d’aluminium rempli de gaz sous pression qui fait mal au dos et menace à tout moment de vous fracasser les cervicales.
Synonymes
Bouteille de plongée | Bouteille d’air comprimé | Scaphandre autonome
Entrée
J’ai failli choisir comme entrée B comme… Barotraumatisme. Mais la seule définition que j’ai trouvé sur Wikipédia était : « Personnes traumatisées par de trop longs séjours au bar ». Politiquement incorrect ! Va donc pour « Bloc ».
Bloc… Quelle nom stupide ! Quand j’ai commencé (au Moyen Age) on parlait de bouteille. On faisait de la « plongée bouteille » ! Ca avait de la gueule ; par rapport aux plongeurs « en tuba »… Mais, « plongée bloc », c’est ridicule… Quand je suis arrivé en Australie, c’étaient des « tanks », aux US, des « cylinders », au corail avec les sardes, des « bombole » : comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? Bloc de quoi d’abord ? Bloc-notes ? Bloc de béton, de foie gras ? Bloc opératoire ? Bloc 19 ? J’ai déjà eu l’occasion dans l’article sur les caissons, de m’insurger contre cette imprécision de termes dans une langue pourtant l’une des plus riche et précise du monde…
Quoiqu’il en soit, bloc ou bouteille, ces réservoirs occasionnent bien des guerres civiles à bord des bateaux de plongée comme nous le racontions dans notre podcast “Cette bouteille, c’est la mienne !”
Plat
La bouteille de plongée a été inventée en 1839 par James Elliot et Alexander McAvity, de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, à l’est du Canada : nous voilà bien avancés ! Si quelqu’un a plus de détails, qu’il n’hésite pas à se manifester… Car pour nous, la bouteille c’est le CG 45 de Cousteau-Gagnan. Composé de 3 blocs qui étaient gonflés, je crois, à 150 bars. A mes débuts, c’était le règne du bi 2×9 litres ou de la 12 litres à… 177 bars. J’ai toujours été traumatisé par la précision de cette pression de service qui m’obligeait à rester debout devant le compresseur, les mains crispées sur les purges et robinets, tout en devenant progressivement sourd…
Ensuite sont arrivées les “200 bars”, autrement plus sérieux ! Qu’on gonflaient, bien entendu, à 250 bars (chaud). Et les 15 litres, les 18, les 20 litres… Je ne sais pas quel bond la technologie avait bien pu faire pour nous permettre du jour au lendemain à passer de 177 b à 200 b ? Sans doute une histoire de normes et de paperasses. Quand aux pressions, c’était l’escalade : 232, 300 bars… Nous avions testé en Australie des bouteilles composites en fibre de verre de l’Aérospatiale jusqu’à 450 bars. Avec la fibre de carbone on peut monter encore plus haut comme dans certains recycleurs.
Plonger comme une enclume…
Mais, pour en revenir aux normes, tout le monde n’était pas logé à la même enseigne au sein des réglementations européennes. En France, on ne pouvait utiliser que des 18 litres acier d’un poids de 25 kg ! Des enclumes ! En spéléo, les associer en bi ou en tri n’était même pas envisageable. Mais il existait pourtant des 20 litres / 20 kg. En Italie. L’arme absolue ! Le rapport parfait poids/volume pour composer de gros scaphandres. Pour nos expéditions, c’est Jochen Hasenmayer qui se chargeait de négocier nos bouteilles chez Faber, à la frontière slovène. Nous allions ensuite les récupérer chez lui, dans la Forêt Noire, non sans les avoir “salies” avant de repasser discrètement la frontière française…
Dessert
La plongée est tout de même un sport curieux : qui d’autre accepterait de porter sur le dos une vraie bombe à retardement ? Dans les années 80, les spéléos utilisaient ainsi des extincteurs détournés de leur usage en raison de leur légèreté. Un avantage certain quand il s’agit de transporter du matériel de plongée à des milliers de mètres sous terre. Sauf que ces réservoirs n’étaient absolument pas prévus pour supporter les pressions auxquelles les explorateurs les gonflaient. Nous avons ainsi perdu un bon ami, déchiqueté par un extincteur ayant éclaté dans son garage lors d’un gonflage.
Si les accidents de ce type ne sont pas rares au gonflage (où toutes les précautions sont prises, en principe, pour éviter le pire) je ne crois pas qu’il y ait eu de cas d’éclatement de bouteilles en plongée. Mais il n’en va pas de même des fameux premiers étages “à étrier”. La place me manque ici pour vous raconter comment avec René Heusey, lors d’un tournage à l’île Maurice dans l’épave du Stella Maru, nous avions successivement tapé du premier étage sur le même obstacle, nous retrouvant en apnée avec une fuite majeure derrière la nuque… Mais ceci me rappelle une autre anecdote, en Normandie cette fois.
Nous étions en repérage dans une source glauque au pays de la craie et l’un de nous s’était dévoué pour explorer la vasque d’eau glaciale. A l’ancienne : néoprène “peau de requin, bi “3,2 m3”, détendeurs Spiro 8 à étriers, Fenzy, casque de chantier, lampes Aquaflash à piles, dévidoir bricolé et Yalaah !
C’est alors que retentit une détonation et que nous avons vu notre pote Hervé littéralement partir dans les vapes, les bras en croix, coulant lentement. Prestement récupéré et allongé sur la berge, nous avons pu constater que l’étrier du premier étage avait cédé soudainement, projetant le premier étage comme une balle dans la Fenzy d’abord, pulvérisant l’arrière du casque ensuite avant de finir sa course dans la nuque heureusement protégée de néoprène d’Hervé qui lentement reprenait conscience, apparement sans séquelles, tenant des propos sans suite. Enfin, normal, quoi… Toujours est-il qu’il se souviendrait longtemps de ce “coup du lapin”…
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
Il est toujours assez jubilatoire d’assister à ces tests d’éclatement. En toute sécurité, bien entendu. Suspense insoutenable au delà de 320 bars… 🙂