Définition
Aller de l’avant sans possibilité de faire demi-tour. En espérant retrouver un bateau en courant. Une histoire de lâché prise…
Synonymes
Plongée dans le courant | Machine à laver
Entrée
Quand j’ai commencé, la plongée dérivante n’existait pas. Pour la bonne raison que le Zodiac qui aurait pu nous suivre en surface était ancré et que nous étions tous au fond… C’était comme çà. Pas question de louper la chaîne d’ancre au retour ! C’est comme çà qu’on apprenait l’orientation sous-marine. Qu’on apprenait aussi, dans un courant de plus de 5 noeuds, à se déhaler sur les pieds de laminaires bretonnes jusqu’à rejoindre la chaîne salvatrice.
Plat
Bien sûr ces techniques “commando” étaient assez mal adaptées à la “plongée-loisir” de masse : on perdait plein de gens ! On a donc mis au point la technique de feignasse, dite de la “plongée dérivante”. Pour éviter de trop longs parcours à la palme à contre-courant, il s’agissait d’immerger plus ou moins de force une palanquée au point A pendant que le bateau tentait de suivre les bulles en surface et de se retrouver à l’heure dite au point B pour la récupération.
Du point A au plan B…
Mais se retrouver en fin de plongée en pleine mer, en grappe sous un frêle parachute comme des enfants sous leur ballon de baudruche, en attendant un hypothétique bateau ne m’a jamais paru être le comble du confort psychologique. Perdus en mer, oui…
Perdus et parfois abandonnés. Et les accidents de ce type sont hélas nombreux. J’ai raconté dans le livre Narcoses comment une infortunée palanquée à la dérive s’était retrouvée sur une île déserte, cernée par les varans géants…
Il est d’ailleurs surprenant de constater que les moyens de repérage de plongeurs perdus n’ont pas beaucoup évolués. Toujours pas de balise Sarsat en standard sur les blocs et gilets de plongée… Alors bien sûr, la plupart du temps on retrouve le bateau. Les marins maldiviens sont à cet égard des experts : ils connaissent les fonds mieux que nous, rien qu’en lisant la peau de la mer. Et savent coiffer nos dernières bulles de l’ombre bienveillante de leur dhoni.
Car, blague à part, comment renoncer à l’expérience extraordinaire de la plongée dérivante ?
Dessert
Comment oublier tous ces merveilleux endroits où j’ai dérivé ? Alors, dérivons… Dans la passe de Rangiroa, raides comme des I dans le bleu infini, avec les dauphins, les requins, les mantas… Aux Maldives sur Ari Atoll, en compagnie de raies pastenagues géantes… Au Mexique, dans le courant du Yucatan ; une plongée passionnante où il était possible de faire une halte dans une épave, à l’ombre du courant, en carangorama. Avant de lâcher prise encore, happés par le bleu, dans le sillage des tortues… En Egypte, entre les Ras de Shark Reef et Yolanda Reef, au milieu des bancs d’écailles. Dans le Gulf Stream, au large de la Guadeloupe, avec les cachalots, dans les vortex de Komodo, entre deux océans, presque en apnée… J’en plane encore ! Et vous ? Quelle a été votre plus belle dérivante ?
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
Les amateurs de sensations fortes trouveront leur bonheur au Canada, en Colombie Britannique, dans les rapides de Sechelt (Skookumchuck Narrows). A cet endroit où l’îlot Jervis se resserre vers celui de Sechelt, le courant de marée atteint 16,1 noeuds (près de 30 km/h). On y pratique la plongée à l’étale…
Et pour finir, cette plongée dans le Golfe du Morbihan, dans les 7 noeuds de courant, filmée par Philippe Abalan : pas non plus de la dérivante de “Mickeys” ! 😉