Définition
Opération manuelle pour équilibrer la pression interne et externe des oreilles. Inconvénient : on a toujours l’impression de plonger dans une station d’épuration, obligés de se boucher le nez à intervalles réguliers…
Synonymes
Equilibrage des trompes d’Eustache | BTV (béance tubaire volontaire) | Frenzel | Toynbee
Entrée
Sous l’eau, quand on descend, “on a mal aux oreilles”, c’est bien connu. Mal aux tympans plutôt, ces membranes étanches qui se déforment sous la pression extérieure alors que la pression de l’oreille interne reste inchangée. Il faut alors procéder à des manœuvres d’équilibrage, le B A Ba du plongeur “autonome”.
Cette manœuvre consiste à rétablir de force l’équilibre entre la pression de l’eau extérieure et la pression intérieure de l’oreille moyenne en insufflant de l’air par le biais des trompes d’Eustache.
Une opération relativement traumatisante pour les tissus et notamment les tympans. Il est donc recommandé d’éviter de l’effectuer de manière trop violente, surtout si on ne la maîtrise pas correctement.
En dehors des rares sujets qui maîtrisent naturellement la Béance Tubaire Volontaire (sans les mains), rien n’est plus difficile pour le moniteur d’apprendre à un novice à “équilibrer”. Nous avions abordé cette problématique, toujours d’actualité, dans le désopilant podcast : “Tu viens pour le baptème ?“.
En effet, combien de débutants se retrouvent encore aujourd’hui avec les ouïes surgonflées mais n’éprouvant toujours pas le sacro-saint “couic” salvateur, repoussant pour quelques mètres seulement l’implosion des tympans dans d’atroces souffrances ?…
Plat
Aujourd’hui, la plupart des masques du marché disposent d’un nez “extérieur” en silicone, qu’on peut pincer pour équilibrer. Mais avant, il fallait se démerder… Pensez que le premier masque “Compensator” de Beuchat n’est sorti qu’en 1958… On relira avec le sourire l’accroche publicitaire de l’époque :
« Plongeurs, économisez vos tympans, évitez une surdité prématurée. Pour plonger plus profond, plus vite, un seul masque : Le Compensator.
…En effet, malgré l’efficacité incontestable du matériel de plongée moderne, un problème d’importance primordiale restait à résoudre : le mal aux oreilles bien connu des plongeurs”…
Je n’ai pas connu cette antiquité mais j’ai beaucoup plongé avec son successeur : le super compensator ! Que j’appréciais pour sa “double jupe” garantissant une meilleure étanchéité sans marquer trop le visage et pour sa vitre oblique offrant un volume moindre et donc un plus grand champ visuel. Et non pour ses ailettes à décompression, jouissant dès mon plus jeune âge (j’ai joui très tôt) de la maîtrise de la BTV, technique que je ne saurais trop vous encourager à découvrir et à pratiquer (si vous faites partie des “nez bouchés”)…
En parlant de nez bouché, nous avons tous connu le syndrome des oreilles qui “ne passent pas” lors d’états grippaux ou de plongées trop rapprochées. Pas bien grave quand il s’agit de renoncer à une énième plongée en mer. Mais il en va tout autrement lorsqu’on se trouve, par exemple, au delà d’un siphon. Au moment de plonger pour regagner le jour, nada ! Impossible d’équilibrer pour franchir ce satané point bas ! La seule solution est de rebrousser chemin et d’attendre, dans la cloche d’air, que les conduits naturels se désengorgent. J’emmenais toujours à cet effet, dans une poche étanche, les médicaments qui vont bien (vasodilatateurs, sprays à la cortisone…)
Mais il arrive aussi que semblable mésaventure survienne au cours de la même plongée, dans un conduit entièrement noyé et dont un tronçon plus profond empêche la plongée vers la sortie. Vous voyez le topo ? J’ai passé un jour plus de trente minutes dans un siphon du Lot avant de pouvoir passer “à la sauvage” mon oreille gauche et regagner la sortie… Raison pour laquelle j’évite, lors des “plongées récréatives”, dans les grottes marines par exemple, de remonter à tout bout de champ dans les cloches d’air et autres “grottes bleues” du plus bel effet. Il faut toujours penser au retour… Quand je vois le nombre de plongées “débutants” à travers le monde qui proposent cette configuration géographique, j’en frémis.
Toujours besoin d’un petit groin…
Et les pros ? Comment font-ils dans leurs casques lourds pour équilibrer ? En dehors des BTVistes distingués, c’est là qu’intervient le “bourre pif”, un accessoire plus ou moins bricolé permettant de se boucher le nez à l’intérieur du casque intégral, sans l’usage des mains !
Et dans l’espace, même combat : en novembre 2011, l’astronaute Samantha Cristoforetti de l’ESA publiait sur Twitter un portrait démontrant l’usage de la manoeuvre de Valsalva lors de la pressurisation de son vêtement spatial “Sokol”…
Dessert
Antonio Maria Valsalva est né un 17 janvier 1666 à Imola, dans l’actuelle province de Bologne en Émilie-Romagne en Italie et est mort le 2 février 1723, à l’âge de 57 ans. C’était un médecin anatomiste de la fin du XVIIème et du début du XVIIIème siècle. C’est à lui qu’on doit cette fameuse manœuvre de Valsalva qu’il décrit pour la première fois dans son ouvrage De aure humana, publié en 1704. Initialement, cette technique était utilisée chez certains patients pour évacuer le pus, après avoir percé le tympan par paracentèse… Bon appétit !
La manœuvre de Frenzel, quant à elle, fut mise au point lors de la seconde guerre mondiale par les pilotes de chasse qui subissaient de fortes variations de pression lors de leurs descentes en piqué. Une manœuvre “sans les mains” bien utile, ces dernières étant crispées sur les commandes…
Joseph Toynbee, malgré son nom d’animal de compagnie (Toynbee-chien), était un chirurgien auriculaire anglais (1815-1866) qui travailla entre autres sur le tympan. Il développa même une prothèse de tympan en gomme naturelle “gutta percha” et argent…
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
Une lumineuse explication du Valsalva par les célèbres duettistes du PAF… Santé !