Définition
Gaz rare (et cher) présent pour 0,087 ppm dans l’air. C’est vous dire le boulot pour en extraire une bouteille de 15 litres à 200 bars. Mais on s’en fout puisque le Xénon n’est pas respirable. Quand Xénon, xénon ! Non respirable et en plus, le xénon est un anesthésiant général utilisé en chirurgie : bonjour la narcose…
Synonymes
Xe | Bah oui, c’est un gaz RARE alors, les synonymes sont encore plus rares…
Entrée
Pour les journalistes, pas de problème : nous respirons tous dans des “bouteilles d’oxygène”. Cette expression qui faisait encore criser il y a peu tous les érudits hyperbares que nous sommes est en passe d’être vraie avec la démocratisation des recycleurs. Singulier revers du destin…
En fait “l’air du Bon Dieu” est une vraie saloperie : 79 % d’Azote qui ne sert à rien d’autre qu’à vous filer une narcose carabinée passé 60 m, du CO2 (dont on fait le réchauffement climatique), de l’oxyde de carbone, du déodorant à chiottes et de la fumée de cigarettes dans les bocaux étanches des aéroports où sont enfermés les voyageurs en manque et bien sûr, de l’oxygène, sinon je ne serais pas là pour vous écrire ces bêtises. Mais aussi de l’Argon, du Krypton, du Néon et le fameux Xénon.
Plat
Un gaz “inerte” ? Voire… On connait aujourd’hui une flopée de composés chimiques contenant du Xenon. Et d’ailleurs, à l’époque héroïque où nous testions différents gaz rares (voir notre article sur l‘Hélium), j’avais entrepris une plongée au trimix en utilisant du Xénon pour gonfler la combinaison étanche. J’étais ressorti de l’expérience couvert de boutons rouges du plus bel effet. Un phénomène de contre-diffusion sans doute intéressant à étudier mais le sujet d’expérience était surtout occupé à se gratter ! Exit, donc, le Xénon comme isolant thermique, l’Argon faisant parfaitement l’affaire.
Quant aux halogènes : il n’y a pas de plaisir…
En effet, avant les HID‘s et les LED‘s, les lampes au Xénon ont brillé au firmament des lampes sous-marines et ce gaz est devenu célèbre par le truchement des ampoules du même nom.
En plongée, c’est sans doute les éclairages qui ont fait le plus de progrès au fil des générations. Imaginez… Les premières lampes sous-marines des scaphandriers étaient à pétrole ! Ou à arc électrique, entre deux électrodes de charbon se volatilisant à vue d’oeil. En 1862, Cabirol (qui va en général avec Denayrouse) met ainsi au point une lampe sous-marine à pétrole, reliée à la surface par deux tuyaux, l’un branché à une petite pompe à air, et l’autre ouvert, permettant l’évacuation des gaz de combustion. Pratique, en grotte, non ?
Et que dire du grand spéléo Norbert Casteret qui plongeait avec son fils Raoul dans les siphons des Pyrénées avec des lampes de poches à piles plates “4,5 v” enfermées dans des bocaux de verre à conserve ?
Beaucoup plus tard vinrent les “lampes étanches” à joint torique avec 3 piles rondes dont le modèle “phare” était sans conteste l’Aquaflash de la Spiro. Au Moyen-Age, nous plongions avec 2 de ces lampes jaunes de quelques watts fixées sur un casque de chantier ou de moto avec une autre lampe, sanglée sur l’avant-bras, “en redondance”. C’est ainsi que je suis revenu de la pointe de 9h30 à la grotte de Trou Madame dans le Lot avec une seule lampe, clignotante… Et que j’ai atteint -97m à l’air dans le grand Goul de Tourne, en Ardèche, avec deux lampes déchargées, rougeoyantes, du plus bel effet…
L’avènement des lampes halogènes fut pour nous comme l’arrivée du Messie. Mais non ! Il fallait alors ferrailler avec des batteries trop lourdes, des contacts foireux et tout un tas de complications douanières lors de vols internationaux.
Alors, aujourd’hui, les p’tits jeunes qui disposent de vraies centrales électriques (moi, çà me fait mal aux yeux…) ne connaissent pas leur bonheur !
Quant à la photo, ne riez pas, nous utilisions des lampes à ampoules magnésiques, à usage unique ! O tempora, o mores (c’est du lapin…)
Dessert
C’est en 1926 qu’Harold Edgerton, ingénieur électricien au MIT, commence une série d’expériences sur les lampes à décharge. Il peaufine un tube contenant du xénon, capable de produire des éclairs de forte intensité et de durée extrêmement brève, de l’ordre d’un millionième de seconde.
C’est ainsi que pendant la Seconde Guerre mondiale, des stroboscopes de sa fabrication permettent de photographier les mouvements des troupes ennemies pendant la nuit. Après la guerre, il est le photographe des essais nucléaires en ultra haute vitesse.
Puis, attiré par l’œuvre du commandant Cousteau, il met au point un équipement permettant de réaliser des photographies sous-marines à des profondeurs inégalées à l’époque. On sait quel fut l’essor des flashs électroniques par la suite. Merci qui ?
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
En avril 1952, Cousteau rencontre Harold E.Edgerton aux Etats Unis. Dans la piscine du MIT, il teste pour la toute première fois un caisson sous-marin et son flash au Xénon.
Et en 1953, mise au point d’un “traineau à images” avec Albert Falco, François Saout, Harold E. Edgerton, Jacques-Yves et Simone Cousteau