Plus de 40 espèces de requins, de la petite roussette au Grand Requin Blanc, vivent en Méditerranée ! Nous avons demandé à Nicolas Ziani, à la tête de l’association AILERONS, de faire le point pour nous sur des animaux mal connus, mais pourtant bien présents.
DES RENCONTRES RARES EN PLONGÉE
« Il est difficile, admet Nicolas Ziani, de croiser la route d’un requin dans nos eaux méditerranéennes françaises en plongée. Il est encore possible de rencontrer des petites roussettes embusquées dans des récifs côtiers, beaucoup plus rarement la grande roussette. Il est également possible de rencontrer des requins bleus, des cas ont été rapportés par des plongeurs en Corse ou du côté de Marseille. Quelques rares observations « imprévues » de grands requins blancs ont été recensées dans la région de Marseille et la dernière en date aurait eu lieu au large de Villefranche/Mer en 2002, un animal vraisemblablement de 4 m de long. On nous a également rapporté un rare cas d’observation d’un requin renard commun d’au moins 4 mètres par un chasseur sous-marin sur le site du château d’If à Marseille en août 2009. »
LES GRANDS BLANCS DE MÉDITERRANÉE
« Le grand requin blanc, précise Nicolas Ziani, Carcharodon carcharias, est bien présent dans la Grande Bleue, la première description de l’espèce a d’ailleurs été faite en 1758 par le naturaliste Carl von Linné en Méditerranée! Et mon confrère italien Alessandro De Maddalena a publié dernièrement un ouvrage (« Le grand requin blanc sur les côtes françaises. Editions Turtle Prod ») dans lequel il fait état de plus de 600 observations sur l’ensemble de la Méditerranée depuis le Moyen Age, dont 44 spécimens dans les eaux françaises ! » Il ne s’agit donc pas d’individus égarés. « Il y a encore une cinquantaine d’années, il existait une population de grands requins blancs résidents en Adriatique mais qui a été décimée par la pêche. Les grands requins blancs présents en Méditerranée ont une livrée brune cuivrée dorsale contrairement aux autres populations mondiales. Il existe une nurserie pour l’espèce localisée entre la Sicile, la Sardaigne et la Tunisie, lieu où les femelles donnent naissance à leur petits et où les jeunes requins se développent jusqu’à l’âge adulte. Des femelles pleines avec des embryons à terme ont été capturées à plusieurs reprises dans cette zone. »
DE GRANDS PRÉDATEURS EN DANGER
Les requins sont donc bien là, mais il est extrêmement difficile d’obtenir des données précises sur l’état des populations. Une récente étude de l’IUCN tire la sonnette d’alarme sur une quarantaine d’espèces méditerranées, et met les requins et les raies en première ligne : parmi les 15 espèces les plus menacées (en danger critique), 14 sont des requins et des raies. De même, parmi les 13 espèces considérées «en danger», 9 sont des requins et des raies. Et parmi les 15 espèces répertoriées comme «vulnérables», 8 sont des requins et 7 appartiennent à la famille des poissons osseux. Les requins possèdent en effet un cycle biologique qui les rend particulièrement vulnérables aux effets d’une menace extérieure comme la surpêche. Ils ont une maturité sexuelle tardive, un nombre limité de petits par portée, un âge avancé lors de la première procréation, de longs cycles de reproduction, et une longue durée de vie. La survie de ces espèces dépend de grands individus adultes vivant assez longtemps pour pouvoir se reproduire plusieurs fois et renouveler la population.
LA PASSION DES REQUINS
Passionné par les requins depuis son enfance, Nicolas Ziani, biologiste marin, formé à l’Université des Sciences Montpellier II, au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et de la Station Méditerranéenne d’Environnement Littoral de Sète, a depuis toujours multiplié les projets d’études en mer des requins des eaux méditerranéennes françaises pour leur conservation. Il crée finalement l’association A.I.L.E.R.O.N.S en mai 2006 pour développer avec d’autres volontaires des activités de recherche et de sensibilisation du grand public pour la conservation des requins et des raies dans le Monde.
LE PROJET GRAND LARGE
« Nous travaillons surtout sur le requin bleu (Prionace glauca), explique Nicolas Ziani, mais également sur le requin renard commun (Alopias vulpinus), deux grandes espèces pélagiques et migratrices de nos eaux méditerranéennes françaises. Depuis l’été 2010, en partenariat avec les pêcheurs de loisir de la Fédération Nationale des Pêcheurs Plaisanciers et Sportifs de France (FNPPSF), nous avons marqué 8 requins bleus de 70 cm (des nouveaux-nés) à 150 cm (marquage d’identification à l’aide de Tags) au large du Languedoc-Roussillon, nous avons déjà échantillonné quelques requins bleus vivants pour étudier les populations méditerranéennes de cette espèce, un projet en partenariat avec l’unité CNRS du CRIOBE à Perpignan. »
ADN ET BALISES
« Nous attendons cette nouvelle saison 2012, poursuit-il, pour développer notre travail d’échantillonnage afin de collecter un nombre plus conséquent d’échantillons ADN qui seront ensuite analysés par le CRIOBE. » Cet été doivent aussi débuter des opérations de pose de balises satellites sur des requins bleus dans les eaux languedociennes, une grande première dans les eaux méditerranéennes françaises, projet financé en partie par l’Espace Jeunesse de la Ville de Montpellier et également mené en partenariat avec le CRIOBE qui a financé les premières balises. Ces balises donnent en temps réel la localisation de l’animal, et devraient permettre de mieux connaître les migrations de l’espèce au sein de la Méditerranée et dans un contexte océanique plus global. L’Opération Shark-Trace 2012 est prévue le 28 et 29 juillet 2012 avec les pêcheurs du Cercle des Pêcheurs Cap Agathois (FNPPSF) et la collaboration de l’ADENA.
LIMITER LA PROFONDEUR
Si vous avez la chance d’observer des requins, ce sera donc sans doute plutôt en surface. Mais attention, l’aileron ne fait pas le requin ! Il peut s’agir d’un poisson lune, d’un espadon, voire d’un dauphin ou d’un autre cétacé pour des yeux non avertis. Et s’il s’agit d’un requin, il est difficile d’en reconnaître l’espèce. « «Par exemple, explique Nicolas, le requin pèlerin et le grand requin blanc ont tous deux des nageoires dorsales bien caractéristiques très grandes et triangulaires, on peut souvent les confondre d’autant plus que la silhouette du corps fuselée et massive ou leur façon de nager longuement en surface peuvent prêter à confusion. »
TRANSMETTEZ VOS OBSERVATIONS !
Mais si vous avez vu quelque chose, n’hésitez pas néanmoins à transmettre vos données à l’association (contact@ailerons.eu) en essayant d’être le plus précis possible compte tenu de vos connaissances. Toutes les informations comptent : caractéristiques morphologiques, sexe, taille, comportement, localisation géographique, date, heure, durée et conditions de l’observation, nombre d’individus. Idem pour les raies : l’association a lancé en 2007 une campagne de signalement pour une espèce de raie, le diable de mer Méditerranéen Mobula mobular, et 40 individus ont déjà été signalés.
L’an prochain, Nicolas Ziani aimerait mener une campagne en plongée, qui permettrait de commencer à photographier les requins de Méditerranée.
Texte : Isabelle Croizeau
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il ne manque pas grand chose a ton commentaire, c etait simplement genial…….. je suis content d avoirpu vivre avec toi cette merveilleuse croisiere. fais moi signe pour L34, je serais du voyage……..
dommage que ty n as ajouté le film de la seance karaoke totu pres de la pompe a bierre….
a bientot
Nicolas