Plongée avec les poissons du lac Tanganyika : mission d’une vie !
Cet article vous emmène loin de tout, pour plonger avec les extraordinaires poissons du lac Tanganyika, dans l’un des plus grands lacs du monde, une mer d’eau douce qui est aussi l’un des écosystèmes les plus singuliers de notre planète. Il vous convie également, avec l’ichtyologue Patrick Louisy, à une aventure scientifique tout aussi singulière, parmi des poissons que l’on ne trouve nulle part ailleurs : une étude sans précédent sur les relations entre écologie et évolution.
Depuis sa première visite dans lac Tanganyika en 1981, Patrick a développé, muri, et conservé à l’esprit ce projet de recherche qu’il a finalement pu commencer à concrétiser un quart de siècle plus tard, en 2015, lorsqu’une opportunité lui a été donnée de plonger à Kipili, dans le sud du Lac. Etudier l’écologie des poissons du Tanganyika est pour lui la passion, la mission d’une vie.
Mais il est une autre manière de comprendre le titre de l’article. Car la nouvelle mission qu’organise notre persévérant scientifique en octobre 2019 vous est ouverte. C’est une opportunité unique de découvrir une vie aquatique à nulle autre pareille, de plonger dans l’un de ces coins secrets de la planète où personne ne vous emmène, en partageant, qui plus est, une stimulante aventure intellectuelle avec d’autres plongeurs passionnés. Cela pourrait fort bien être pour vous aussi le voyage, la mission, la découverte d’une vie…
Un laboratoire naturel de l’évolution !
Le lac Tanganyika est le plus ancien des trois grands lacs est-africains. C’est aussi l’un des plus grands du monde : près de 700 Km de long et une surface de 34 000 km2, soit plus que la Belgique ! C’est aussi un lac profond, le plus grand réservoir d’eau douce d’Afrique (18 % des réserves mondiales). Ce lac gigantesque a tout d’une mer intérieure, avec ses vents, ses vagues, ses tempêtes, mais c’est une mer d’eau douce…
Niché dans la faille du Rift Est-Africain, un vaste fossé creusé selon un axe nord-sud dont le prolongement constitue la Mer Rouge, le lac Tanganyika est né des processus de dérive des continents. Tout au long de ses 12 millions d’années d’histoire, les quelques espèces qui habitaient le lac à son origine se sont adaptées petit à petit aux nouvelles conditions de l’environnement. Elles se sont diversifiées en populations colonisant des habitats différents, qui ont progressivement évolué en espèces distinctes sous l’influence de la sélection naturelle. Le phénomène est particulièrement impressionnant chez les poissons. On en connaît plus de 400 espèces dans le lac, dont plus des trois quarts n’existent nulle part ailleurs : ce sont des poissons endémiques.
La seule famille des poissons Cichlidés comprend près de 250 espèces, presque toutes endémiques ! Et cette famille, démontre ici, par une multitude d’exemples, quels peuvent être les processus de spéciation qui président à la naissance des espèces : Le lac Tanganyika un véritable laboratoire naturel de l’évolution !
Lac Tanganyika: des poissons comme nulle part ailleurs.
Cette diversification se manifeste, notamment chez les Cichlidés, par l’apparition de types morphologiques très divers, évoquant de façon saisissante des poissons marins bien différents. Comment des cousins aussi proches ont-ils pu se différencier à ce point ?
L’une des explications est la diversité des habitats subaquatiques du Tanganyika, qui n’a rien à envier à la plupart des environnements marins. Les côtes rocheuses battues par les vagues sont souvent abruptes, accidentées, entrecoupées d’éboulis ou de champs de blocs. Selon leur nature et leur érosion, elles offrent de multiples cachettes aux poissons, des microfailles ou cailloutis jusqu’à de vastes surplombs ou grottes. Tandis que la roche superficielle est revêtue d’une fine couche d’algues qui nourrit nombre de végétariens, les secteurs plus profonds, plus ombragés, s’ornent d’éponges encroûtantes blanches, jaunes ou vertes selon les micro-organismes symbiotiques qui colonisent leurs tissus.
Dans les zones abritées, plus sédimentaires, on peut trouver des herbiers subaquatiques constitués de plantes variées et, au bord, des champs de roseaux. Citons enfin les amas ou champs de coquilles vides de Gastéropodes, qui constituent un habitat très caractéristique du Tanganyika auquel certains poissons se sont spécifiquement adaptés.
Ainsi, les conditions écologiques particulières de ce lac aux dimensions de mer intérieure ont entraîné, dans la famille des Cichlidés, une extraordinaire radiation adaptative. Une diversification morphologique, mais aussi écologique, que Patrick Louisy souhaite étudier in situ, par l’observation en plongée.
Une nouvelle mission lac Tanganyika en 2019 : avec vous ?
C’est pour s’atteler à cette tâche que Patrick a organisé en 2015, avec l’association Peau-Bleue, une première mission scientifique à Kipili (Tanzanie), dans le sud du lac Tanganyika. Ouvert aux plongeurs amateurs, ce voyage a offert à ses huit participants l’une des plus belles aventures de leur vie ! Un photo-reportage sur cette mission est disponible ici.
Une nouvelle mission, se déroulera, toujours à Kipili, l’automne prochain. Ce voyage est, comme le précédent, ouvert aux plongeurs amateurs. Si vous plongez (niveau 2 minimum), vous pouvez y prendre part ! D’une durée globale de 3 semaines, du 12 octobre au 2 novembre 2019, la mission sera cependant divisée en deux parties : vous pouvez choisir de participer à la première partie (12-25 oct.), à la deuxième (22 oct. – 2 nov.), ou bien à la totalité du séjour. Particularité logistique, il ne sera pas possible d’accueillir plus de 8 ou 10 plongeurs en même temps.
Vous trouverez plus de détails sur les conditions de ce voyage comme sur le contenu scientifique dans la fiche d’information téléchargeable ici , venez plonger parmi les poissons du lac Tanganyika!
Votre soutien peut faire la différence !
Cette mission avec Patrick Louisy et l’association Peau-Bleue est la concrétisation d’un projet de pointe, d’une approche scientifique inédite : on n’a jamais étudié l’écologie de toute une communauté de poissons de cette manière, que ce soit dans le lac Tanganyika ou ailleurs. Et qui plus est, c’est de la science citoyenne, participative !
Ainsi, les résultats scientifiques dépendent essentiellement des observations des participants. Pour atteindre les objectifs scientifiques sans imposer un travail trop intense à chacun, il faudrait que l’équipe compte 10 à 12 observateurs subaquatiques, soit 3 ou 4 personnes de plus que les inscrits actuels.
Et c’est là que votre aide peut faire la différence ! Même si vous ne pouvez pas participer à la mission à Kipili, vous pouvez partager l’information. Vous connaissez des plongeurs naturalistes, des photographes sous-marins, des plongeurs aquariophiles passionnés ? Parlez-en autour de vous, faites lire cet article, partagez les messages de la page Facebook de Peau-Bleue
Enfin, rien ne vous empêche de soutenir financièrement les actions de Peau-Bleue en adhérant à l’association, en faisant un don ou en trouvant un mécène donateur…
Récapitulation des liens utiles :
Apprenez en plus sur Patrick lisez l’article de décembre 2018
Article de bam bam chris
Photos de Patrick Louisy.