Cette saga des plus beaux sites de la plongée de la mer Rouge égyptienne se poursuit par la description d’un autre lieu emblématique de la côte sud de l’Égypte : Elphinstone. Sa faune pélagique, la beauté de ses coraux et son arche légendaire sont inoubliables… Mais le succès d’une belle plongée se mérite et bien qu’Elphinstone soit proche de la côte, le site est exposé à de violents courants…Focus sur ce récif mythique qui n’a pas fini d’émerveiller les plongeurs.
LOCALISATION
Abu Hamra, en Égyptien, signifie récif de type frangeant, c’est-à-dire un récif qui borde une terre émergée et finit souvent en platier récifal. Assez étroit et récent, il se distingue nettement du récif barrière par sa taille plus modeste et l’affleurement de la zone corallienne. Ephinstone est à 8 km environ de la côte et parallèle à elle, au niveau de l’hôtel Equinoxe. Légèrement plus au nord, se trouvent les récifs de Abu Dabbab, numérotés de 1 à 6, et, sur la côte, Marsa Abu Dabbab où nous plongions autrefois avec des Dugongs.
Elphinstone est accessible de la côte en speed-boat pour la journée, en daily dives. Pour les îles plus éloignées, il faut parfois compter une heure en semi-rigide. On peut également plonger sur ce site depuis des embarcations plus confortables, type bateaux en bois d’une vingtaine de mètres, toujours depuis de la côte. C’est aussi la dernière étape des croisières BDE (Brothers island, Daedalus reef, Elphinstone) Abu Fendira, St John’s reef et Fury Shoals qui remontent vers Port Galep.
HISTOIRE
Grâce à sa proximité de la côte, on peut aller plonger à Elphinstone pour la journée – daily – ou lors d’une croisière. Au début des année 2000, il était le centre d’intérêt des croisières appelées à l’époque « Sud ». En effet, il y a quelques décennies, seul le nord de la côte égyptienne était habité, aussi les expéditions sud depuis la côte nécessitaient-elles la logistique plus sophistiquée des croisières.
Aujourd’hui, en partie grâce à l’exode des touristes vers le sud de la côte égyptienne où les hôtels ont poussé comme des champignons, Elphinstone est devenue une source économique non négligeable pour les prestataires de plongée locaux qui facturent les immersions en extra.
Le récif se fait surtout connaître dans les années 2003-2006 par la fréquentation des requins océaniques (Carcharhinus longimanus), ainsi que pour son arche profonde. La clef de ce succès : requins et profondeurs agrémentées de myriades de poissons et de coraux mous. En outre, sauf dans les rares cas de mauvaise météo, on peut y plonger toute l’année.
TOPOGRAPHIE
Dans le jargon des marins égyptiens, Elphinstone est ce que l’on appelle un « Shaab Rurh », c’est à dire un récif longiforme orienté nord/sud avec des tombants qui surplombent le platier principal à fleur d’eau d’est en ouest. Sur les faces nord et sud, on retrouve un long plateau de corail qui tombe vers les abysses.
LES PLONGÉES
Le plateau Nord
La pointe nord du récif d’Elphinstone s’immerge progressivement vers 6 m sous la surface, un peu comme à Brothers Island. On y a accès en zodiac et parfois en bateau de croisière, si la météo est bonne et que votre capitaine est assez doué pour vous amarrer au-dessus du platier immergé. L’immersion doit être impérativement négative, quelles que soient les conditions en surface. En effet, le plateau nord est souvent confronté à des courants qui coupent le plateau en deux. Si vous ratez votre mise à l’eau, ce courant vous déporte à l’est ou à l’ouest et vous manquez le plateau.
Largués au-dessus du plateau, vous pourrez vous mettre à l’abri du courant d’arrachement 25 m plus bas. Ensuite, palmez en direction du nord en vous abritant soit à gauche soit à droite du plateau. Vers 38 m, au bout du plateau, vous trouverez un « crack » : une fissure qui coupe le fond en deux et détache littéralement du récif une « patate » qui remonte vers moins 35 m. En fonction de votre consommation et du courant, passez cette patate, et survolez le deuxième plateau que vous trouverez au-dessous de vous à moins 45 m. Celui-ci mesure sensiblement la même taille que le premier. Soyez attentifs, c’est dans cette zone que l’on croise du pélagique : requins gris, requins corails et surtout requins marteaux ! Vous aurez plus de chance d’en croiser vers la pointe, mais restez vigilants quant à la décompression et à votre consommation de gaz : demi-tour obligatoire à 120 bars ou dès l’affichage des premiers paliers. Survolez de nouveau le deuxième plateau, puis le premier à des profondeurs inférieures, avant de rejoindre le tombant récif à main droite. Ainsi, vous finirez votre plongée en dérivante le long de la paroi récifale. Les derniers mètres sont magnifiques! On y retrouve toute la diversité et la densité des récifs coralliens dans un bleu littéralement magique, inédit dans tous les autres sites de plongée. Si le courant est bon, vous aurez la possibilité de regagner le bateau, sinon sortie au parachute pour une récupération par zodiac.
Le plateau Sud
Il y a plusieurs manières de plonger, au sud d’Elphinstone. On ne va pas se mentir, on ne plonge plus actuellement sur le plateau sud d’Elphinstone que pour son arche ! Il y vivait autrefois une population non négligeable de requins océaniques qui enchantait les novices à la recherche du grand frisson. De nos jours, les ailerons sillonnant la surface de l’eau sont plus rares voire inexistants, bien que l’année 2014 ait vu le retour d’une communauté de longimanus sur bon nombre de récifs du large. Le plateau reste cependant moins recherché qu’auparavant.
L’immersion reste simple : départ bateau, balade sur la pointe, retour tombant, puis bateau. Plus petit et moins profond que le plateau nord, le plateau sud cache un mystérieux trésor au-delà des profondeurs autorisées par les législations égyptiennes… mais est-ce bien réel? En Egypte, la profondeur limite à l’air pour de la plongée loisir et sportive est de 40 m, quelles que soient les prérogatives des fédérations reconnues par le pays. En revanche, dans le cadre de la plongée technique, avec les gaz appropriés et les standards d’une fédération reconnue dans le pays, les procédures et les profondeurs appliquées suivent les textes et prérogatives de la fédération en question. Pour faire simple, vous pouvez descendre visiter l’arche en toute légalité si vous sortez du contexte plongée loisir et sportive à l’air.
L’arche a valu à Elphinstone une certaine notoriété. Entre mythe et légende autour de son sarcophage, elle enchante surtout les plongeurs à la recherche d’humour azoté ! Elle se situe au bout du plateau entre moins 48 m et moins 60 m.
À VOIR SUR ELPHINSTONE
Un bleu qu’on ne trouve que là-bas ! Denses et riches, le plateau nord et le tombant est regorgent de vie et de coraux. Vous verrez des pélagiques au nord parmi lesquels des thons, des carangues, des barracudas, des dauphins de temps en temps, des requins gris, corails, marteaux et océaniques, si vous avez de la chance et si vous vous écartez dans le bleu. Une fois ou deux par an… un requin tigre! En 2009, une population de sept requins tigres différents a colonisé le reef. Certains spécialistes les disent sédentaires, d’autres n’en ont aperçu que pendant la saison. La paroi est aussi tapissée de gorgones et d’alcyonnaires. La zone des moins 10 m est magnifique, une véritable mosaïque vivante de couleurs et de poissons récifaux.
INFOS PRATIQUESest
Accessibilité
En croisière, au départ de Safaga, de Port Galep et de Marsa alam sur les circuits croisière Sud, le Triangle d’Or (BDE) et d’Abu Fendira, St John’s et Fury Shoal. Sinon, soit de Marsa Alam et de Port Galep sur des bateaux rigides, ou des speed-boats qui partent de la côte depuis les hôtels et les clubs de plongées.
Niveau de plongée
Un niveau 2 confirmé encadré par un guide, fort d’une cinquantaine de plongées, ou PA40, ou Advanced Open water diver, spécialité Deep Dive. Il est en outre absolument nécessaire de savoir utiliser correctement son ordinateur de plongée, surtout pour les paliers et bien sûr de connaître aussi son équipement parfaitement.
Difficulté des plongées
La plongée au nord requiert une totale autonomie, même en étant encadrés par des guides qui connaissent le site. Il est nécessaire de connaître parfaitement son équipement et judicieux d’avoir un binôme de confiance. Il faudra prendre en compte trois facteurs très importants primordiaux pour la sécurité de la plongée, son autonomie en air, l’orientation et la décompression. Attention aux violents courants et d’arrachement et descendants, surtout si vous tentez une petite excursion dans le bleu. Il est parfois judicieux d’annuler les plongées pour la sécurité des plongeurs en cas de conditions météorologiques trop mauvaises. Un parachute de plongée avec dévidoir est conseillé, au cas où vous dériveriez au large, ce qui est toujours possible compte tenu de la profondeur.
Meilleures périodes
On plonge à Elphinstone toute l’année. Les saisons sont plutôt définies en fonction de ce que l’on pourra croiser sous l’eau. À l’époque où il y avait encore beaucoup de requins océaniques (Carcharhinus longimanus), la période optimale était en octobre et novembre, mais depuis quelques années, ces derniers se font toujours plus rares. Les requins marteaux quant à eux sont observables à des profondeurs plus faibles en été.
Steven Surina
Steven Surina est moniteur de plongée en mer Rouge. À ce titre, depuis une décennie, il accompagne les croisières le long des côtes égyptiennes, soudanaises et érythréennes. Il a travaillé en partenariat avec la maison d’édition italienne “Magenes Editoriale” sur le projet d’un recueil de sites de plongées sur toute la mer Rouge égyptienne en tant qu’auteur et illustrateur. Il rédige un mémoire sur le comportement des requins océaniques en 2008 et fait distribuer dans les écoles égyptiennes des fascicules interactifs sur la protection et la préservation des requins.
Il participe en compagnie du Dr Erich Ritter à une série de séminaires. A l’issue de ces mois de travaux et d’expérience communes avec la Shark School d’Eric Ritter, il lance ses propres conférences en 2009. C’est ainsi qu’il crée, en 2010, Shark Education qui propose des séjours plongée requin dont l’objectif est d’aider à mieux les connaître et les comprendre.
0 commentaire
Ecoute mets toi dans la peau du plongeur club fédéral à qui on on enseigné que ça, la plongée à l’air…et à 60m on lui a dit et répété que ce n’était pas dangereux….
Et le top du top quand la fédé ne veut pas accepter les nomes internationales ISO, car elle juge que elle la fédé est plus sécuritaire….on n’est pas mort de rire ? là quand même ?