Rentrés très récemment d’une croisière plongée au Soudan à bord du NO STRESS, l’envie est trop forte de vous faire immédiatement découvrir l’épave extraordinaire de l’Umbria qui sombra à quelques encablures de Port-Soudan seize mois avant le célèbre Thistlegorm et que la situation politique du pays a contribué à préserver.
Plongée Umbria
Il n’est pas fréquent qu’un navire coule à pic, absolument intact, sans explosion ni brèche, avec sa cargaison complète. Plus de soixante dix ans après le naufrage, les dégâts sont encore modérés et principalement limités au château central. Les mâts ont cédé, s’abattant sur le fond avec les grues de chargement et la cheminée, aujourd’hui couchée en travers. Les parois du château ne sont pas intactes, mais dans l’ensemble, on a encore une bonne idée de cette section de l’épave, avec les quatre paires de bossoirs des chaloupes de chaque côté, et le large trou cylindrique d’où sortait la cheminée.
Nous vous proposons donc de partir explorer cette épave gigantesque en compagnie de Steven SURINA qui la connait comme sa poche puisqu’il est directeur de plongée dans les eaux soudanaises quatre mois par an à bord du NO STRESS.
Histoire du BAHIA BLANCA devenu UMBRIA
Le navire fut construit par les chantiers Rieherst Schiffswerks à Hambourg et fut lancé sous le nom de Bahia Blanca le 30 décembre 1911. Déplaçant 10.076 tonnes brutes, c’était un navire mixte capable de transporter 2.000 passagers hébergés en deux classes et 9.000 tonnes de cargaison. Propulsé par cinq chaudières qui alimentaient deux machines alternatives à triple expansion pour un total de 4300 chevaux à une vitesse supérieure de 12 noeuds, la longueur du Bahia Bianca était de 153 m pour 18 de large et un tirant d’eau de 10.8 m. En 1912, il entra en service sur la ligne Hambourg-Amériques. Il effectua plusieurs traversées sur plusieurs itinéraires entre l’Europe et l’Argentine jusqu’au début de la première guerre mondiale, puis le navire devint la propriété du gouvernement argentin.
En 1935, il fut racheté par le gouvernement italien qui le désarma, le rebaptisa Umbria et le ré-équipa en transporteur de troupe. Il fit seize rotations vers les colonies italiennes de l’Afrique de l’Est pendant deux ans et transporta des milliers de soldats, avant d’être finalement vendu à la compagnie Lloyd Triestino en 1937. L’Umbria fut alors utilisé
entre l’Italie et les divers ports du bassin méditerranéen.
Pour son dernier voyage, le capitaine Lorenzo Muiesan dirigea personnellement le chargement de fournitures militaires dans les ports de Gênes, de Livorne et de Naples. La cargaison était impressionnante : 360.000 bombes, équivalant à 6000 tonnes, 60 boîtes de détonateurs, sacs de ciment, matériaux de constructions divers et autres marchandises pour un total de 8.600 tonnes. Après un ultime ravitaillement à Messine, le bateau prit la route pour Massaoua et Aden, les deux ports de la Mer Rouge auxquels était destiné le plus gros de la cargaison, avant de poursuivre sa route vers Calcutta, destination finale du voyage.
Le 3 juin 1940, 1000 tonnes de charbon et 130 tonnes d’eau furent encore chargés à bord. Vingt-trois marins embarquèrent le lendemain… et la traversée du canal de Suez fut d’une lenteur exaspérante…
Bien que l’entrée en guerre fût imminente, l’Italie était encore neutre. Le 9 juin, le HMS Grimsby força l’Umbria à jeter l’ancre à l’abri du récif de Wingate. Le croiseur néo-zélandais HMS Leander arriva alors à Port Soudan. Le lieutenant de vaisseau Stevens et vingt-deux hommes montèrent à bord du navire et firent des contrôle toute la nuit. La date fatidique du 10 juin 1940 arriva. Les premières heures s’écoulèrent sans faits marquants. On tuait seulement le temps. Le Capitaine donna alors l’ordre de laver le pont de l’Umbria souillé de charbon. De retour dans sa cabine, il écouta le canal radiophonique “Radio-Addis-Abeba” : A 19 heures, la guerre allait être déclarée et les hostilités débuteraient à minuit! Muiesan resta stupéfait. Seul homme à bord à connaitre la vérité, il ordonna de brûler tous les documents secrets à son ordonnance et fit convoquer les premiers officiers Zarli et Costa ainsi que le responsable des machines, leur donnant l’ordre de saborder le navire. Cependant Muiesan se devait de trouver un stratagème pour épargner ses hommes. Il demanda à Stevens l’autorisation d’effectuer un exercice de sauvetage qui lui fut accordé. A l’aide d’une masse, deux saboteurs brisèrent les deux plaques de fonte obturant les prises d’eau de mer, ainsi que la plaque auxiliaire et la porte étanche du compartiment du porte-arbre d’hélice, créant des voies d’eau d’environ 50 cm de diamètre.
Epave de l’Umbria : Situation Géographique
Voilà, c’était l’histoire de l’Umbria… Nous vous présenterons la plongée au Soudan plus en détail dans un prochain Mag, mais nous ne pouvons nous empêcher de vous dire d’ores et déjà : “Allez-y ! Allez-y ! Allez-y !”, c’est une expérience exceptionnelle.
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Merci Anne-Violaine pour cette belle promenade…