Texte & images : Patrick Masse
Lîle de Vava’u est très célèbre dans le monde anglo-saxon pour abriter de juillet à novembre les fameuses baleines à bosse – Megaptera novaeangliae – Celles-ci viennent s’abriter dans les eaux chaudes et protégées de l’archipel et les femelles ayant mis bas en juillet – août maternent leur nouveau né, alors que les mâles qui les ont suivies luttent pour obtenir les faveurs des femelles de nouveau disponibles. Quand les petits seront suffisamment grands pour entreprendre le voyage, en octobre ou novembre, tout ce petit monde migrera vers l’antarctique où les baleines passeront l’hiver à se nourrir principalement de krill – Euphausia superba.
TONGA : L’AUTRE BOUT DU MONDE
Tonga est pratiquement aux antipodes de la France et le voyage en soi est déjà une performance. Plus de 3 jours, 3 compagnies aériennes, 5 escales, près de 32 heures de vol au total, une nuit d’hôtel, un atterrissage avorté en raison de la météo… ont été nécessaires pour rejoindre l’archipel de Vava’u, la deuxième île en terme d’importance et la plus au nord du royaume de Tonga.
L’archipel d’origine volcanique est composé d’une myriade d’îles couvertes de végétation primaire, où alternent roches noires tranchantes et plages de sable corallien. A l’intérieur de la barrière corallienne, l’eau est claire, peu profonde et sa température avoisine les 24°c. Sa couleur parfois un peu laiteuse varie du bleu le plus profond au turquoise le plus étincelant.
RENDEZ-VOUS AVEC LES CETACES : DES REGLES A RESPECTER
C’est à l’extérieur de la barrière, dans l’océan, qu’on trouve les eaux les plus claires et les meilleures conditions de prises de vue. C’est donc cet endroit que nous avons privilégié comme secteur de recherches…
“Whale Watch Vava’u” est le prestataire que nous avons retenu pour nous guider dans la rencontre avec ces animaux. Connu pour avoir été le pionnier du whale watching à Tonga, cet opérateur possède 2 bateaux en aluminium, chacun motorisé avec 2 hors-bords de 100 ou 150 CV. Le règlement local ne permet qu’un bateau à la fois par groupe de baleine, pendant un temps limité à 1h30 et avec une période d’interruption d’une heure entre les mises à l’eau. Ces consignes paraissent limitatives. Elles sont en fait extrêmement favorables aux opérateurs qui ont plusieurs bateaux. Nous avons pu ainsi optimiser les recherches et bénéficier de l’observation des animaux les plus interactifs en fin de créneau de chaque bateau.
DES SAUTS MAJESTUEUX
A Vava’u, le spectacle est d’abord sur l’eau. On repère les baleines d’assez loin grâce à leur souffle mais surtout quand elles sautent hors de l’eau et retombent lourdement, créant des gerbes d’eau s’élevant à plusieurs mètres de hauteur. C’est le “breach” ou “breaching” qu’on voit à plusieurs centaines de mètres…
LE HEAT RUN
C’est la course d’un groupe de mâles qui se disputent les faveurs d’une femelle de nouveau disponible et redoublent de démonstrations de puissance pour la séduire. Cela se traduit par beaucoup d’agitation dans et sur l’eau, des bousculades, des sauts – breaching -, des battement de queue – tail flapping -, et autres sorties de têtes qui crèvent la surface – sky hoping. Quand des animaux de 40 tonnes jouent à celui qui sera le plus puissant, ça déménage… Ce jour-là, 6 mâles étaient en compétition.
… Quelques photos en surface
… Et quelques photos sous-marines
LA RECHERCHE DES MERES ET DES PETITS
Il faut aussi rechercher une maman et son bébé, de préférence une femelle calme et sereine. Au moment de l’expédition, fin août, les nouveau-nés avaient entre 2 et 6 semaines et mesuraient un peu plus de 4 à 5 mètres de long, soit 3 fois moins que leurs mamans de 15 mètres.
Les baleines les plus calmes se reposent à une vingtaine de mètres de profondeur où elles font des apnées d’une douzaine de minutes. Pendant ce temps, le baleineau qui a besoin de respirer toutes les 3 à 4 minutes, fait le yo-yo entre sa mère et la surface. Les mises à l’eau doivent être faites dans le plus grand calme et l’approche des animaux la plus lente et douce possible. Si ces précautions sont respectées et à condition que la mère soit confiante, on peut assister à ce spectacle, inoubliable. Les opportunités de rencontres, de photos et de vidéos sont alors maximales comme en témoignent les images qui suivent.
UNE HEURE D’INTERACTION…
Au rythme de ses propres apnées, la mère remonte, accompagnée de son bébé, pour reprendre sa respiration en surface. Si elle est toujours en confiance, elle replonge presque aussitôt sans se déplacer et se repositionne à la verticale du bébé qui continue ses aller retours. Si elle a été échaudée par des nageurs trop bruyants ou trop exubérants, elle se déplace de plusieurs centaines de mètres et toute l’approche est à refaire.
La discipline du groupe et le respect envers ces animaux nous ont permis de passer presqu’une heure avec cette maman et son bébé sans avoir à remonter sur le bateau. Seule la limitation de temps prévue par le règlement du whale watch à mis fin à la rencontre… mais il est nécessaire pour respecter la tranquillité de ces animaux!
UNE BARRIERE DE MALES PROTECTEURS
Si vous jouez de malchance, vous tomberez sur une maman et son bébé accompagnés d’une escorte. L’escorte se sent toujours le devoir de protéger la mère et son petit et de les isoler de tout autre prétendant mais également de tout danger. Elle crée, notamment, des rideaux de bulles entre la femelle convoitée et les nageurs. Les bulles sont soufflées par les évents ou générées par des battements de queue à la surface, comme ici…
L’APPEL LANGOUREUX DES MALES…
Autre chose à voir, ou plutôt à entendre, c’est le chant des “singers”, les chanteurs, comme les appellent les anglo-saxons. Seules les baleines mâles chantent. Ils se positionnent verticalement, tête en bas, queue en l’air, entre deux eaux et entament une plainte langoureuse. Nous avons vu sonder celui-ci et avons entendu ses chants dans la structure du bateau en aluminium qui faisait caisse de résonance. Les sons qu’il émettait étaient puissants et mélodieux et nous avons passé quelques minutes dans l’eau juste pour le plaisir d’écouter ce mastodonte chanter…
DE L’IMPORTANCE DU GUIDE
La qualité des rencontres a été largement favorisée par notre guide, Kirsty, fille d’Allan Bow qui a créé Whale Watch Vava’u il y a plus de 20 ans. Avec 11 saisons dédiées aux baleines, Kirsty a acquis une connaissance intime du comportement des baleines à bosse. Elle nous a fait profiter de toute son expérience et de sa connaissance de l’approche en douceur des animaux.
ÉCHAPPÉE DOMINICALE EN KAYAKS MOTORISES
Le dimanche, le royaume de Tonga s’endort. La loi y interdit tout travail, aussi toutes les structures touristiques sont-elles à l’arrêt, y compris les lignes aériennes. Pas question donc d’aller faire du tourisme, d’autant que louer une voiture à Tonga relève du casse-tête… à moins que votre accompagnateur ne connaisse un couple d’amis prêt à vous accompagner en Kayaks motorisés, pour une balade dont je vous laisse découvrir quelques images… magiques, non ?
NOS PROCHAINES DATES AVEC H2O VOYAGE
Du 16 au 30 aout 2014 et du 30 aout au 13 septembre 2014
En savoir plus : cliquez ici
GLOSSAIRE ANGLAIS / FRANCAIS : - Blow : Souffle, respiration - Breach, breaching : Sauts hors de l'eau - Calf : Veau, le bébé - Cow : Baleine femelle - Escort : Il est généralement admis que les escortes sont des mâles qui accompagnent et protègent maman et bébé - Foot print : Trace laissée en surface par la baleine qui a sondé - Fluke : Caudale - Heat run: Littéralement charge chaude ou course sexuelle quand plusieurs mâles sont en compétition pour les faveurs d'une femelle - Juvenile : Juvénile - Male : Mâle - Pec : Nageoire pectorale - Sky Hopping : Quand la baleine sort la tête de l'eau à la verticale - Tail / pec slapping : Battements répétés de la queue ou des pectorales sur l'eau
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Sur le site c’est écrit “rendez-vous en 2011”..