Si on vous dit Port-Cros, vous répondez Gabinière ! Mais 50 ans après sa création, les eaux du plus ancien Parc National Marin d’Europe abritent bien d’autres richesses. Du sentier sous-marin à la dune hydraulique de Montrémian, des bataillons de corbs aux vols de raies aigles, la plus petite des îles d’Or reste une halte obligée dans les carnets du plongeur méditerranéen.
PREMIER ESPACE SOUS-MARIN PROTEGE EN EUROPE
A sa création en 1963, le Parc National de Port-Cros était le premier espace sous-marin protégé en Europe. Il compte 1288 hectares de surface marine, et 700 hectares de surface terrestre. A terre comme en mer, il abrite de nombreuses espèces protégées, et doit parvenir en permanence à un équilibre entre fréquentation touristique et protection maximale. Et le sentier sous-marin, le plus ancien de notre littoral, créé en 1979, illustre parfaitement ce propos : situé dans une petite baie peu profonde, la baie de la Palud, il a pour but de faire découvrir au public, adultes et enfants, un milieu marin méditerranéen parfaitement préservé.
RIEN N’A BOUGE
Le site n’a pas été choisi au hasard : protégée des vents dominants, bordée d’une plage de sable fin qui en facilite l’accès, délimitée par le rocher du Rascas, la baie de la Palud est une méditerranée miniature. On y trouve l’essentiel des biotopes, sans que rien n’ait été aménagé, ou déplacé : la diversité naturelle de la baie a suffi, regroupant sur quelques centaines de mètres carrés la quasi-totalité des milieux côtiers méditerranéens : un herbier de posidonie, des roches éclairées, des failles, des fonds sableux….Seule intervention humaine, les panneaux qui donnent au public toutes les informations nécessaires. Sous chaque bouée, des plaquettes immergées présentent les espèces les plus communes et donnent des informations au visiteur. Là, c’est un herbier de posidonie, où nichent labres verts, girelles et étoiles de mer. Un peu plus loin, c’est une faille dans la roche, où s’abritent anémones, petites éponges, gobies. Ailleurs, c’est un fond sableux, d’où n’émergent parfois qu’une paire d’yeux, périscopes immobiles d’un poisson lézard somnolent.
DES SITES UNIQUES EN EUROPE
Et outre sa richesse générale, et la présence des gros mérous médiatiques, le parc sous-marin rassemble, réunis dans un minuscule périmètre, trois particularités que l’on ne trouve nulle part ailleurs en Europe : un récif barrière, un trottoir coralligène, et une dune hydraulique. Il serait dommage d’aborder l’île sans le savoir, et si le trottoir et le récif ne sont pas des sites de plongée, vous pouvez en revanche demander au centre qui vous accueille d’organiser une sortie à Montrémian.
LA DUNE DE MONTREMIAN
Cette extraordinaire formation naturelle est une véritable dune de sable sous-marine, dont la pente dépasse allègrement les 45 degrés ! Il paraît complètement aberrant qu’elle parvienne à rester en place et ne s’effondre pas sur le fond, mais un jeu de courants ascendants lui permet de conserver toute sa hauteur. Adossée à l’île de Bagaud, elle se trouve à proximité d’un éperon rocheux à la richesse biologique extraordinaire : de fait, se trouvent rassemblés sur quelques dizaines de mètres carrés quantité de biotopes extrêmement variés, où l’on croise aussi bien éponges, langoustes, nudibranches, que poissons de roche, herbiers, gorgones et habitants du sable : si l’on prend la peine de remonter la dune à quelques centimètres du sol, le nez dans le sable, ce qui ressemble de loin à un désert clair s’anime. On y découvre des poissons plats comme l’étonnant platophrys, des vers, des coquillages, toutes sortes d’animaux qui vivent enfouis, ne laissant souvent dépasser qu’une paire d’yeux ou un panache.
LE RECIF BARRIERE
Le port de l’île, baptisée sans doute à cause de ce “port-creux”, anse profonde qui de tous temps a offert un abri aux marins, est marquée par une particularité que l’on trouve bien rarement en Méditerranée : un récif barrières de posidonie. L’herbier, partout, cherche à gagner du terrain vers la lumière. Il rampe, cherche à sortir de l’eau, s’appuyant en permanence sur la matte pour gagner de la hauteur. Et à Port-Cros, dans le port, un récif frangeant s’est formé, comme l’on a davantage l’habitude de le voir avec les constructions coralliennes. Côté terre, là où le renouvellement des eaux ne se fait plus, faute de mouvement suffisant, l’herbier meurt, et il se forme une sorte de lagon aux eaux tranquilles, plus chaudes qu’à l’extérieur du récif, mais aussi bien sûr plus pauvres car mal oxygénées. Le récif, faute de pouvoir ramper encore vers la côte, continue alors à se déployer vers le large. Et c’est à Port-Cros, dans les années cinquante, que le phénomène de formation des récifs-barrières de posidonie a été étudié pour la première fois.
LE TROTTOIR DE LA GABINIERE
L’une des autres particularités de l’île est le trottoir calcaire de la Gabinière. Constitué par une seule petite algue, microscopique, c’est un véritable trottoir de calcaire qui finit par se former à l’endroit exact où l’eau affleure. Large en certains endroits de plus d’un mètre, cette construction végétale solide comme de la pierre devient pour les scientifiques un lieu d’étude privilégié. Elle sert en effet d’abri à de nombreuses espèces qui profitent de son surplomb. Ces espèces, dites sciaphiles, préfèrent l’ombre à la lumière, mais doivent vivre très près de la surface. Mais cette construction, ce très fragile équilibre, malgré les mesures de protection, est menacé, et recule déjà en certains endroits. Il semblerait que la pollution générale des eaux en soit à l’origine. C’est du moins ce qui ressort des recherches menées pour tenter de comprendre ce qui fragilise le site.
A LA POINTE DU SANCTUAIRE PELAGOS
Et Port-Cros est aussi la pointe du sanctuaire Pélagos : en 1999, la France, Monaco et l’Italie signent un traité de protection des mammifères marins dans le triangle de la mer des Ligures. Pour la première fois, plusieurs pays parviennent à prendre ensemble des mesures de protection animalières. Par là ils s’engagent à assurer la conservation des cétacés et à gérer au mieux ce vaste espace maritime (84000 Km2). La mer des Ligures en est une composante essentielle : des conditions climatiques et hydrologiques très particulières en font une zone riche en plancton, ce qui explique qu’une multitude de dauphins et de baleines, attirés vers cet Eden sous-marin, viennent y séjourner. Et à Port-Cros, sur la côte qui s’ouvre vers le large, les cétacés sont nombreux, notamment à l’automne, lorsque le flot des plaisanciers se tarit et leur laisse libre accès aux eaux côtières : rorquals communs, dauphins bleus et blancs, dauphins de Risso, des troupes entières croisent alors parfois dans les eaux de l’île.
UN EQUILIBRE A PRESERVER
Cinquante ans après sa création, les gestionnaires du Parc parviennent toujours à préserver le fragile équilibre : allier fréquentation touristique massive et protection maximale. En informant, en éduquant, en légiférant parfois, en prenant des mesures de gestion. Comme nous l’évoquions dans un précédent numéro, les centres de plongée locaux signataires de la charte de fréquentation des eaux de Port-Cros travaillent dans la même optique. Montrer, et préserver. Et la recette fonctionne.
LE PARC DE PORT-CROS AU SALON DE LA PLONGEE -> Stand : C 31
Les gardes moniteurs de Port-Cros seront présents au salon de la plongée pour vous faire partager leur expérience, à travers une exposition permanente commentée. Ils vous feront découvrir la diversité de leur travail de terrain, et les différentes facettes des actions du Parc : « protéger et conserver, connaître et comprendre, sensibiliser et impliquer, pour un développement local et durable ».
RETOUR SUR LA GABINIERE AVEC VIRTUALDIVE
VirtualDive présentera au Salon sa toute nouvelle plateforme collaborative qui permet aux clubs de collaborer à l’édition de spots de plongée basée sur la géolocalisation d’informations et de données multimédia (photos, vidéos…) sur une zone de travail partagée, en se basant sur les cartographies de Google Map. Cette plateforme est issue du projet de recherche Européen Digital Ocean, initié par VirtualDive. Grâce à ce travail collaboratif, il sera possible de recréer dans un second temps, le spot en 3D afin de permettre aux plongeurs et internautes d’y effectuer une plongée virtuelle depuis internet.
Le premier spot choisi est justement le site de « La Gabinière » à Port-Cros : les visiteurs pourront voir le processus de création participative en direct et éventuellement s’amuser à tester le module d’édition. Les informations géo-positionnées et collectées via la plateforme serviront à enrichir la future visite virtuelle en 3D du spot que VirtualDive va réaliser pour le 50ème anniversaire du Parc Marin en 2013. Cette visite virtuelle sera accessible sur le site internet du Parc ainsi que dans des consoles Dolphyn (voir ci-dessous).
L’animation, permanente, sera assurée par Alain DINIS , sur le stand VirtualDive / SubOceana (B35).
ANIMATION EN BASSIN AVEC LA CONSOLE DOLPHYN
Comme chaque année depuis 4 ans, VirtualDive animera le bassin avec une console aquatique interactive, le Dolphyn. Les animations auront lieu 2 fois par jour, pendant des baptêmes de plongée. Le Dolphyn permet aux personnes effectuant leur baptême dans le bassin de découvrir les fonds marins grâce à une plongée multisensorielle associant l’immersion subaquatique avec l’immersion audiovisuelle. Le Dolphyn est issu du projet de recherche Européen Digital Ocean, initié par VirtualDive.
Cette année, le Dolphyn proposera aux visiteurs de plonger virtuellement sur le spot de « La Gabinière » à Port-Cros en partenariat avec le Parc Marin, GMF et le CG83. Pour ces partenaires, le Dolphyn constitue également un véritable outil d’accessibilité aux fonds marins de la région pour les personnes en situation de handicap. A l’occasion de son 50ème anniversaire, le Parc Marin s’équipera en 2013 de consoles qui seront utilisées dans les piscines de la région pour permettre aux personnes ne plongeant pas (scolaires, personnes à mobilité réduite…) de découvrir les fonds marins de « La Gabinière » de façon multimédia et multi-sensorielle (en immersion virtuelle et aquatique).
Alain DINIS assurera deux animations par jour (de 11h à12h et de 15 à 16h) dans la piscine du salon.
Photos : Hervé COLOMBINI