Que l’on débute ou que l’on soit un plongeur chevronné, palmer, c’est apprendre à bouger de façon à ne pas gaspiller son énergie, son air, et à respecter au maximum son environnement. Aspect essentiel de l’aquaticité, le palmage doit ainsi s’adapter aux conditions. Nous avons demandé à Wouter Cools, Docteur en Sciences de l’Education et du Mouvement et consultant auprès du gouvernement flamand en ce qui concerne le sport de haut niveau, de décomposer pour nous, pour chaque technique, les mouvements à maîtriser.
LE PALMAGE « CISEAUX » TRADITIONNEL (FLUTTER KICK)
C’est la technique de base, celle que tout le monde apprend en découvrant la plongée. Les jambes se déplacent alternativement vers le bas et le haut, en directions opposées, la poussée de chaque palme assurant une propulsion vers l’avant. Simple ? Oui, à condition de respecter quelques règles. La condition préalable est de trouver un bon équilibre dans l’eau et de s’aligner. Il est essentiel de bien étirer son corps (position horizontale), et les jambes (pieds inclus) doivent être bien étendus pour éviter toute résistance. De même, la tête doit rester alignée avec le corps (et non pas levée).
PRIVILEGIER DES MOUVEMENTS AMPLES ET LENTS
N’oubliez pas que le battement des jambes doit se faire beaucoup plus lentement que lorsque vous nagez le crawl, et que votre mouvement passe par plusieurs phases. La première phase commence au niveau des hanches, légèrement en extension, et continue par les genoux, très légèrement fléchis (>45°). Enfin, les talons sont doucement tirés vers l’arrière. Dans la phase suivante, la jambe est poussée vers le bas et suivie par un coup de pied. Misez sur l’amplitude du mouvement !
UN ALIGNEMENT PARFAIT
La troisième phase est caractérisée par la pause qui permet de profiter de la propulsion donnée afin de glisser à travers l’eau : mais attention, pour utiliser pleinement l’impulsion donnée, la tête, le corps, les hanches et les jambes doivent rester bien alignés. Ensuite le cycle se répète. Mais le palmage ciseaux n’est pas forcément le plus efficace ni le plus respectueux de l’environnement. Les déplacements verticaux de l’eau peuvent remuer les sédiments ou le sable et diminuer ainsi la visibilité. Dans certaines situations, il est alors préférable d’opter pour le palmage « grenouille ».
LE PALMAGE « GRENOUILLE » (FROG KICK)
Opposé au palmage «ciseaux» dans lequel la propulsion agit dans un axe vertical, le palmage «grenouille» se pilote dans l’axe horizontal. L’avantage de ce mouvement horizontal est que l’eau ne se déplace pas vers le bas et que les sédiments du fond ne sont pas remués. Et cette technique, avec la même énergie donnée lors des coups de palmes, offre une propulsion plus importante. Le plongeur gagne en confort, parce que le corps n’oscille pas vers les côtés. Enfin, cette technique charge moins les jambes, les genoux et les chevilles que d’autres techniques de palmage.
– PHASE 1 : LA POSITION DE DEMARRAGE
Le plongeur doit se positionner à l’horizontale, les genoux fléchis à 90°, les jambes dirigées vers le haut. Les palmes doivent rester parallèles au fond. Les genoux et les chevilles sont bien serrés. Pour maintenir une position stable, le plongeur pourra regarder vers l’avant, sa colonne vertébrale légèrement inclinée, ses hanches poussées vers l’avant et les bras devant le corps.
– PHASE 2 : OUVERTURE DES PALMES
Dans la phase suivante, les palmes s’ouvrent sur les côtés par un mouvement qui part principalement des pieds, le plongeur doit utiliser simplement ses chevilles pour tourner les palmes vers l’extérieur en gardant sa position horizontale. Quand la technique est bien maîtrisée, les bords de la voilure « cisaillent » l’eau sans résistance considérable.
Petit conseil: Les genoux du plongeur peuvent être légèrement écartés, afin qu’il y ait une légère rotation des hanches, et que le mouvement soit plus souple. Mais il vaut mieux éviter de trop écarter les genoux et les jambes, puisque ça ne contribue pas à la propulsion et peut causer une perte d’énergie. En plus, des palmes trop éloignées du corps augmentent le risque de heurter les massifs de corail.
– PHASE 3 : LA PROPULSION
Dans la troisième phase, le plongeur redresse ses pointes de pieds de façon à ce que ses palmes se touchent à nouveau, les chevilles se tournent et les jambes se redressent doucement en poussant les palmes légèrement vers le bas. Le mouvement est bon quand les pieds du plongeur passent d’une position “fléchie” (phase 2) vers une position “en flèche”, en conservant un léger angle du pied par rapport à la jambe. Le plongeur doit se concentrer à pousser l’eau vers l’arrière et non pas vers le bas en utilisant la force de ses jambes et ses chevilles.
La difficulté de la phase de propulsion est de réaliser un mouvement lent mais puissant. Des coups de palmes rapides et désordonnés ne donnent pas assez de force, créent un contre-courant pour les jambes, et donnent un sentiment d’inconfort. Le plongeur doit éviter de raidir ses jambes et ses chevilles, et la flexion des palmes doit être une extension naturelle de la poussée. Là encore, il est essentiel que le plongeur reste en position horizontale. Le dos courbé, les hanches poussées vers l’avant, les bras devant le corps et le regard fixé en avant.
– PHASE 4 : LA GLISSADE OU VOL PLANE
La phase la plus satisfaisante du palmage grenouille, est celle du vol plané. Après la propulsion, les jambes du plongeur sont presque tendues et les genoux sont légèrement remis droits. Les pieds et les palmes sont serrés et la position est aérodynamique pour glisser à travers l’eau. La position doit être maintenue quelques instants afin de profiter au maximum de la propulsion donnée par la poussée. Si les jambes bougent, le glissage est freiné, il faut laisser à la poussée quelques secondes pour qu’elle fonctionne. Ensuite, profitez-en ! Avant de ramener les talons vers le haut, de fléchir les chevilles pour vous retrouver à la position de départ, et de recommencer…
A noter, la technique du palmage grenouille n’est pas aussi efficace avec des palmes à voilure divisée qu’avec des palmes à voilure classique ou à voilure tortue.
Les variations suivantes peuvent être utiles dans des situations spécifiques :
LE PALMAGE “PETITE GRENOUILLE”
Cette technique est une adaptation du palmage grenouille. Pour l’effectuer le plongeur n’écarte pas autant ses jambes. Ainsi les cuisses et les genoux bougent moins pendant que les mollets et les chevilles dirigent la rotation. Cette technique se fait très lentement, et elle est surtout utilisée dans des endroits très exigus.
LE PALMAGE DE RECUL
Cette technique est presque un mouvement contraire au palmage grenouille et elle est utilisée pour s’éloigner d’un objet ou pour reculer. C’est une technique qui n’est ni facile ni élégante, mais elle est pratique dans plusieurs situations. Les palmes créent leur propulsion pendant la première partie du mouvement, quand les jambes écartées et étendues sont regroupées vers le corps. Les pieds sont poussés en flexion et le mouvement s’arrête au milieu à fin de ne pas avancer à nouveau. Finalement, les jambes retournent délicatement à la position de départ.
LE PALMAGE OPPOSE
Une technique pour reculer plus subtilement, est celle du palmage opposé. Le mouvement n’est pas gracieux, mais elle peut être de grande utilité. La position-clé est de pousser l’eau vers l’avant en utilisant les côtés supérieurs des palmes et de les retourner sans créer beaucoup de résistance. Le mouvement est effectué au niveau des chevilles.
En résumé, savoir palmer, c’est savoir s’adapter à la situation, à son environnement, pour, au final, gagner en efficacité mais surtout en confort : économiser son énergie, et du même coup, rappelons le, son air ! Et si décomposer ses mouvements peut sembler rébarbatif au moment de l’apprentissage, correctement maîtrisés ils deviennent bien vite des automatismes.
Texte : Wouter Cools
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Suis retourné samedi matin aussi, après t’avoir croisé au magasin. J’ai vu une limace assez rare, une Berthelle ocelée !!!
Et la tienne c’est quoi ?