En 1930, c’est Wallace Hume Carothers qui invente les deux composants essentiels des combinaisons, le néoprène et le nylon. Au sein de la compagnie DuPont Chemicals aux Etats Unis, il élabore le premier élastomère synthétique. Mais son invention n’avait au départ rien à voir avec le sport. Le néoprène avait principalement des applications industrielles dans l’automobile, la construction et l’aviation..
Une histoire de surfeurs
Il n’est rentré dans la fabrication de combinaisons pour sports aquatiques qu’en 1952 quand Jack O’Neill, un surfeur de Californie du nord qui cherchait un moyen de surfer plus longtemps, en achète un stock sur les conseils d’un ami pour faire des essais.
Concept qu’il inventa, Jack ouvre un surf shop dans un garage proche de la plage, à San Francisco.. Avec son frère, il en avait assez de partir à l’eau avec des pulls en laine qu’ils imprégnaient d’huile pour se protéger de la température glaciale !
Son néoprène arrivé, il s’empresse de le recouvrir de PVC pour le solidifier et crée son premier gilet. Assez content du résultat, il fabrique ensuite des vestes qu’il commercialise dans son magasin.
Alors que son surf shop est florissant, Jack est victime d’un accident de leash en surfant à Santa Cruz. Il se mit alors à arborer un bandeau de pirate qui devint le logo de la marque O’Neill. Il continue ensuite à innover et à améliorer la qualité et le design de ses produits. C’est en 1956, à l’occasion d’une foire, que ses modèles, présentés sur ses enfants dans une piscine remplie de glaçons, vont commencer à avoir un réel succès.
Pendant ce temps, toujours en Californie, deux frères, Bob et Bill Meistrell, passionnés de plongée et de surf et ayant eu les échos des expériences de Bradner, découpaient eux aussi du néoprène derrière un frigidaire pour faire leur première combinaison. Eux aussi avaient un magasin, Dive N’ Surf, à Redondo Beach et ils commencent à vendre leurs combinaisons.
Au début, ils les appelaient des thermoclines, mais ils ne parvenaient pas à dépasser leur concurrent O’Neill. Avec l’aide du fondateur de Hang Ten, Duke Boyd, ils créent le nom et le logo Body Glove, car la combinaison «devait aller comme un gant».
Mais en vérité, le premier inventeur de la combinaison est un universitaire de Berkeley University en Californie, Hugh Bradner, qui travaille pour la Marine américaine. Il avait compris que le corps ne devait pas être complètement sec sous la combinaison et que le néoprène était la matière idéale. Par contre, la commercialisation ne l’intéressa pas.
2 prototypes de combinaisons de Bradner
A cette époque, les combinaisons sont en néoprène brut sans nylon, épaisses et raides. Elles irritent les surfeurs au niveau des bras. Sans fermetures éclairs, elles étaient très difficiles à enfiler et les surfeurs devaient utiliser du talc pour ne pas les déchirer. Devant tous ces inconvénients et leur prix élevé, beaucoup continuaient à surfer sans, et les surfeurs qui les utilisaient étaient traités de… fillettes!
Les frères Meistrell ont fabriqué des combinaisons pour des plongeurs professionnels, des militaires, des acteurs de cinéma et même quelques animaux…
Par la suite, du nylon fut collé à l’intérieur des combinaisons, ce qui les rendait beaucoup plus faciles à enfiler. L’apparition du nylon des deux côtés, dans les années 70, permit d’en diversifier grandement les couleurs, qui culminérent avec du fluo dans les années 80. Même si certains vrais surfeurs préféraient toujours le noir, des modes et des clans de couleurs firent alors leur apparition.
En 1970 les fondateurs de Rip Curl, Doug Warbrick et Brian Singer, décident avec une vieille machine à coudre et des amis, dont, notamment, Alan Green, le fondateur de Quicksilver, de confectionner à leur tour des combinaisons. Le surf explosait aux Etas-Unis et en Australie et ils voulaient avoir leur part du gâteau!
Et pendant ce temps à Marseille
En 1934, Georges Beuchat a 24 ans et décide de créer à Marseille la première société de matériel subaquatique au monde.
C’est une petite entreprise qui commence par fabriquer de petites lances inspirées par un chasseur polynésien de passage. Les calanques de Sormiou et de Morgiou deviennent le terrain de jeu du jeune inventeur.
En 1953, il invente le premier vêtement isothermique, qu’il confectionne avec de la toile de caoutchouc. La première série sera utilisée par des entreprises de travaux sous-marins et par l’équipe du Commandant Cousteau. Lorsque le caoutchouc mousse apparaît, George Beuchat fabrique des combinaisons plus extensibles, les premières « Tarzan », en 1963.
Mais ce nom était déposé à l’international par les studios hollywoodiens MGM, propriétaires des droits sur le personnage Tarzan, à l’origine une bande dessinée. Georges Beuchat fut assigné en justice par la MGM et contraint par les tribunaux à abandonner l’usage de ce nom. Dans le souci de préserver la notoriété liée à la marque déjà très réputée, les produits fabriqués à cette époque furent alors commercialisés sous le nom Espadon Tarzan et souvent simplement marqués Espadon, puis sous le nom définitif de Beuchat, à la fin des années 50.
Il fabriqua ensuite les célèbres combinaisons à bandes jaunes qui apparaissent si souvent dans les films de Cousteau. Enfin, en 1966, il crée la première combinaison pour femme.
Bonnes plongées… bien au chaud…