Texte : Christopher Bartlett
Bon, si tu as bien suivi les conseils d’achat en photo sous-marine du dernier Le Mag, tu as donc ton nouvel appareil photo, ton caisson et des flashs. Les enfants iront au ski dans deux ans seulement. De toutes façons, c’est dangereux, le ski. Mais avant de te jeter à l’eau pour paraître en couverture de Nat Géo, il faut quand même te préparer, sinon Jean-Louis et Jeanne-Louise vont devoir travailler toutes leurs vacances pour pouvoir aller à la fac, si tu noies ton matos après 20 secondes d’immersion.
Bien que nous ayions besoin de lubrifiant, les préliminaires du photographe-plongeur ou plongeuse sont moins marrants que dans d’autres situations de la vie. En leur faveur, ils sont simples et rapides et se font mieux tout seul sans aucune autre distraction. Ci-dessous, ma liste des points à suivre. Beaucoup sont tellement logiques que tu vas te demander « quel naze oublierait ça ? ». C’est la question que je me suis posée, en termes plus crus, chaque fois que j’étais à la bourre, que je ne vérifiais pas tout… et qu’ il m’arrivait une couille! Parfois c’était anodin et ça ne m’a coûté qu’une plongée sans photos — car ôter le cache-objectif sous l’eau, c’est pas facile — quelquefois ça m’a quand même coûté entre 500 et 1000 euros…..
1. Avant de placer l’appareil dans le boitier, vérifie que la pile est suffisamment chargée
2. La carte SD n’est pas restée dans ton ordi et a assez de place pour la journée?
3. Protège- lentille enlevé?
4. Si tu utilises les fils en fibre optique, le flash de l’appareil est en position de fonctionnement? tes câbles syncros sont bien vissés?
5. Avant de fermer le flash, vérifie que les piles sont toutes dans le bon sens.
6. Fais gaffe que les joints à l’arrière du caisson, du hublot, et des flashs externes soient propres, lubrifiés, sans grains de sable, cheveux, fil de coton, ou poils du cul ? (On verra les histoires de lub’ tout à l’heure).
7. Regarde si le joint que tu graisses tous les jours et qui t’a fait 200 jours de plongée sans être changé n’est pas un peu détendu? Si oui, ça risque de se pincer à la fermeture, créant ainsi une faille fatale….
8. Est-ce que des éventuels sachets de silice à l’intérieur du caisson ne vont pas se coincer un tout petit peu sur le joint quand je le ferme, créant une fuite minime mais potentiellement fatale ?
(Je sais, cette liste a l’air faite pour un débile. Mais ça doit être les bulles d’azote, car jusque- là, chaque connerie mentionnée ci-dessus, c’ est du vécu perso. Et pourtant je m’estime légèrement plus con que la moyenne seulement.)
9. Avant de quitter ta chambre, allume tout le bordel et prend une photo flash de n’importe quoi afin de vérifier que tout marche, que les boutons et les leviers ont un bon contact. 99 fois sur 100, tout marchera impec. Une fois sur deux, si tu le fais pas et que tu attends d’être à 20 mètres, ça merde. Parole de scout.
10. Dans le bateau ou même avant, règle l’appareil sur ta configuration « type ». C’est-à-dire prêt à prendre une photo dès que tu es dans l’eau. Ça ne va pas bousiller ton matos si tu ne le fais pas, mais ça peut gâcher ta matinée. Un petit exemple. C’est arrivé au voisin d’un copain de mon cousin, promis! Je, euh, je veux dire le mec en question, Bob, était à Zanzibar en avril et lors de la plongée précédente, il prenait des photos grand angle sans flash à 15 mètres avec la balance des blancs en mode manuel. Arrivé sur le deuxième site de la matinée, le skipper du bateau voit une vingtaine de dauphins avec leurs dauphineaux qui avancent joyeusement, cap direct sur le bateau et le site. Bob se précipite pour se jeter à l’eau et ne pas manquer les belles bêtes qui arrivent en bande pile sur lui… C’est la couverture de Scuba-People quasi-assurée! Il vérifie ses réglages rapidement : flashs éteints, Mode M, ISO 200, F8, 1/250eme. Nickel. Ca devrait aller. Y’a plus qu’à. Il tire en rafale, la seule et unique fois où passent les dauphins. Ca sent bon. Il appuie sur la petite flèche bleue pour voir son bon boulot. !!#@ #@?#! Tout est rouge, plus rouge que le Kremlin en 1950. Sa balance des blancs est restée sur le paramétrage de la dernière prise à 15 mètres.
Il faut être comme Lucky Luke, toujours prêt à dégainer.
Les joints et le lubrifiant
T’as tout déballé sur la table du salon, et entre les deux flashs, la caméra, les ports éventuels et le boitier, tu te retrouves avec quatre ou cinq tubes de graisse silicone de trois marques différentes au moins. Et parce que tu n’as pas trois tubes de dentifrice ouverts dans ta salle de bain, tu penses n’en utiliser qu’un, et puis ça te fera un truc de moins à trimbaler à l’autre bout du monde. Sauf que là, il faut. Les joints Canon ont besoin de la graisse Canon, les joints Inon leur graisse à eux. Pourquoi ? Car les joints eux-mêmes sont faits avec des matières légèrement différentes, et si tu mélanges graisse A avec joint B, tu peux finir avec une grosse C….. A force, le joint va se détendre, et un jour il va t’arriver ça (voir photo ci-dessous). A défaut d’avoir la bonne graisse, la salive marche bien. La tienne ou celle de ton binôme, peu importe.
Et puis le lubrifiant, ça s’applique en douceur à la lumière, pour repérer d’éventuels poils de pull, cheveux, ou grains de sable. A quelle fréquence graisse-t-on ? C’est très perso. Il y en a — des fadas à mon avis — qui lavent et graissent tous les jours quand ils sont en voyage. Personnellement, je le fais une fois par semaine, à peu près. J’enlève le joint, je le nettoie avec un peu de savon, puis je le rince avant de le regraisser avec un petit peu de la graisse appropriée. Si tu en mets trop, ça a tendance à attraper les poils et les fils.
Les réglages de l’appareil.
On verra les réglages de l’appareil (mise au point, ISO etc.) dans un article ultérieur car le choix dépend du type de photo qu’on veut prendre. Mais d’office il convient d’aller dans le menu principal et d’arrêter les fonctions « intelligentes » de la caméra, telles qu’auto-détection des visages, et de configurer l’enregistrement des images dans le mode qui donne la meilleure qualité d’image. Avec les cartes de capacité gigantesques, il n’y a pas de raison de tirer en moyenne qualité. Si tu enregistres en JPEG (les autres options étant RAW, ou RAW + JPEG ; un autre débat pour un autre article) choisis le mode avec le moins de compression, généralement L pour large, ou F pour Fine.
Quelques astuces anti-inondation
S’il y a de la place dans ton caisson, en plus d’un sachet de silice pour empêcher l’humidité de se développer, mets un tampax dedans. En cas de petite fuite, le tampax peut absorber une quantité d’eau assez conséquente.
Pour les proprios de flash Inon, c’est possible de trouver un joint mince en caoutchouc qui va à l’intérieur du couvercle et qui empêche une inondation en cas de pincement du joint jaune.
Malheureusement, j’ai appris ça une semaine après ma dernière couille au palmarès, un flash S2000 inondé il y a trois mois. Comme dans 95% des cas, c’était une erreur humaine, un humain qui l’a refermé précipitamment, à la bourre pour une plongée et qui jactait avec son voisin de palier en même temps.
Dans le prochain numéro, le B-A-BA de l’exposition.
Bonnes bulles ! (mais pas celles qui sortent du caisson) CB