On ne peut pas dire que le sujet ait donné lieu à une multitude d’ouvrages. Alors quand Franck Vasseur publie en janvier dernier son Manuel technique de plongée souterraine, il nous semble pertinent d’en faire écho et de faire connaissance avec cet expert de plongée “sout”… comme ils disent.
COMMENT ET QUAND AS-TU DÉBUTÉ ?
Né en 1968, année des contestataires s’il en est. Sensibilisé tout jeune aux choses de la nature et au système D par le scoutisme – laïque et mixte tout de même.
Débuts téméraires en spéléologie en 1984 avec du matériel récupéré et bricolé – sans normes CE – puis plus sérieusement au contact de plusieurs clubs montpelliérains (C.L.P.A., S.C.A.L.) à partir de 1986. Des arcanes aux canyons, il n’y a qu’un pas, franchi à la même époque avec feu le Groupe Montpelliérain de Spéléo-Plongée.
Fibre pédagogique ? L’Initiateur fédéral de Spéléologie est décroché en 1988.
Par frustration – de voir les ébats hypogés abrégés par l’eau dans la caverne – et appel de l’apesanteur, apprentissage des techniques de plongée en 1987. Uniquement pour prolonger l’aventure cavernicole, débutée dans la foulée, en 1988, par apprentissage sur le tas et mutuel au contact d’autres aventureux de la même trempe.
Engrenage de l’implication au sein des fédérations délégataires (façon O’hara et O’timmins de Lucky Luke) dans des niveaux (départemental, régional, national) et domaines (enseignement, publication, secours, relations internationales) divers. Mais plus à l’aise au sein des chevilles ouvrières (commissions) que des salons fédéraux et autres carrés VIP.
1991 : création de l’association Céladon, consacrée à l’étude, l’exploration et la communication sur le milieu souterrain.
En découle une implication littéraire (publications), et théâtrale (conférences) afin de partager et diffuser les résultats, les impressions et les observations.
PLONGÉE ET PLONGÉE SOUTERRAINE : GROSSE DIFFERENCE?
“La plongée souterraine n’est pas assimilable à la plongée au sens usuel et maritime du terme, ni à la spéléologie. Cette discipline à part entière, encore jeune, fut initiée après-guerre. Elle mobilisa des explorateurs mus par le désir d’étudier et d’explorer un milieu naturel. Avant eux, d’autres avaient gravi des sommets : aujourd’hui, tous sont gravis par toutes les faces. D’autres étaient partis vers les zones blanches des cartes : la surface du globe est entièrement cartographiée. D’autres ont défié l’apesanteur : on a marché sur la Lune, nos robots taquinent Mars. Pourtant notre planète recèle des espaces encore méconnus : les abysses et les cavernes. L’exploration est toujours d’actualité. C’est le moteur de l’activité.”
Combien de pratiquants pour cette activité?
Difficile à dire, car il y a aujourd’hui beaucoup de pratiquants épisodiques. Pour le seul département du Lot, le conseil Général a estimé la fréquentation à 10 000 plongées par an, tous sites confondus.
Le Lot est un des temples européens de la plongée sout, est-ce le seul endroit pour s’initier?
Non, pratiquement tous les massifs calcaires présentent des sites, mais pas toujours compatibles avec l’écolage. La problématique consiste à trouver des centres de gonflage pour les bouteilles. Seul le Lot est équipé.
Tu estimes à combien le nombre de structures proposant des initiations?
Pas énormément. Il y a les deux fédés françaises, quelques associations, quelques moniteurs indépendants ou gérants de structure, mais pas plus de 5 ou 6.
Quels sont tes conseils pour bien démarrer?
Définir le cadre de sa pratique (quels types de cavités), ses limites, son approche (solo ou équipe) et surtout rester humble et y aller progressivement. Toutes les procédures de réchappe et de sécurité pratiquées en plongée mer deviennent caduques sous terre, de par la présence d’un plafond.
– maîtriser les bases de la plongée en eau libre,
– définir son approche,
– éviter le mélange des genres et les adaptations partielles de techniques,
– configurations éprouvées dans un cadre donné,
– définir ses limites,
– avancer en douceur : progressivité ne signifie pas s’engager de plus en plus loin, rapidement, dans quelques trous à la mode,
– ne pas céder aux mirages des récits virtuels et à l’émulation malsaine,
– se méfier des mercantis déguisés en moniteurs, prosélytes de techniques et de configurations élaborées pour la vente de “produits”, plutôt que motivés par la sécurité,
– s’équiper avec le matériel adéquat sans superflu.
UNE FOIS ENCORE DES VISIONS DIVERGENTES
Option historique des plongeurs européens, le plongeur solo est autonome. Il prévoit les solutions palliatives, emporte du matériel redondant, construit son expérience et acquiert les connaissances nécessaires pour devenir autosuffisant. Les spéléologues ont favorisé la plongée en solitaire, en autonomie totale. Dans certaines conditions, plonger seul est un gage de sécurité. Le plongeur solo s’assume et s’organise seul, sans vecteur du risque supplémentaire que constituerait un équipier. L’autonomie se traduit, sur le plan matériel, par l’application du principe de redondance. La multiplication des solutions palliatives à toute panne affectant une pièce vitale de l’équipement est obtenue par le doublage (au minimum) des éléments techniques vitaux, des techniques de gestion adaptées aux circonstances et aux particularités du milieu.
Les programmes des agences et écoles d’influence outre-Atlantique sont basés sur la notion d’équipe. “Never dive alone”, “ne jamais plonger seul”, le groupe formant un tout indissociable. Il élabore les objectifs, planifie l’immersion, organise son matériel, reste soudé toute la plongée. Les plongeurs apprennent à se connaître afin d’atteindre un niveau d’efficacité maximale. Les plongées entreprises dans cette optique sont planifiées en majorant les marges de sécurité en gaz et en engagement. Une équipe compte 2 ou 3 plongeurs maximum.
MANUEL TECHNIQUE DE PLONGÉE SOUTERRAINE
Je dois vous avouer qu’hormis quelques incursions dans les eaux limpides et chaudes des cénotes du Yucatan, mon expérience en plongée souterraine est inexistante. Personne n’est parfait. Alors quand il a fallu plonger dans ce bouquin de 300 pages…
La mise en page et l’iconographie rendent cet ouvrage passionnant. C’est rempli de photos pleines pages, de schémas et de croquis qui donnent envie de continuer la lecture. Je vous ai dit en préambule que je n’ai jamais rencontré Franck mais le ton et la façon d’envisager cette activité sont des plus “terriennes”. Le coté cheville ouvrière du gars qui met toujours les palmes et qui réfléchit. Saupoudrez le tout d’une bonne dose d’humour, par exemple, l’esquisse sociologique, page 35, est du pur bonheur… Franck y dépeint à la façon de Prévert certains stéréotypes de plongeurs spéléos. Le “newbie”, le “chiantifique”, le “consumériste”, le “fédéraste”, le “disciple” ne sont que quelques portraits croqués pour notre plus grand plaisir.
N’allez pas croire non plus que c’est un roman humoristique. Dès les premières pages, on est tout de suite happé par ce livre truffé d’infos pouvant intéresser aussi bien les novices que les experts, Au final, j’y ai appris énormément en passant un agréable moment.
Clairement, à posséder dans toute bonne bibliothèque de plongeur.
Franck fait souvent le parallèle entre la plongée souterraine et la montagne et notamment les expéditions himalayennes. N’oubliez pas que tout le monde ne s’appelle pas Maurice Herzog et que faire de la montagne ne veut pas obligatoirement dire faire des 8000 m… “Faites-vous plaisir, sans vous faire peur”.
SOMMAIRE
Avant-propos
Environnements souterrains
Historique de la plongée souterraine
Configurations et matériel
Formations et cursus
Fondamentaux de la discipline
Fil d’Ariane
Communications souterraines
Organisation et planification
Navigation complexe
Techniques de décompression
Techniques et configurations spécifiques
Procédures de réchappe
Accidents
Photographier et filmer en plongée souterraine
Bibliographie
Formation
Index
160 illustrations – 288 pages
ISBN : 9782841386031
Année d’édition : 2013
Prix : 39.90€
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C’est sûr, des gardes qui ferment les yeux, pour certain peut être á la solde des braconniers, des autorités qui bayonnenr les responsables de centre en leur faisant miroiter la supression de leur permis de travail !!! Oui c’est pas simple, je ne sais pas trop quoi faire, non plus, derrière mon écran á des milliers de kilomètres de Sipadan …
Que doit on faire ??? Que peut on faire ???
Si l’on ne fait rien, il n’y aura plus de raison de plongée làbas, donc plus de clients pour les centres, et du fait, plus de centre !!! Mais au delà de la pensée bassemennt économique, on aura laisser disparaitre des espèces, et mourrir encore un peu plus notre planète .