L’humeur de Francis Le Guen
Parce que des fois, faut quand même pas déconner !
Crédits musique : Erwan & Eric Le Guen
La plongée… Quelle merveilleuse activité. École d’humilité et… d’humidité ! D’abord, un bon trajet en zodiac où on se fait copieusement rincer. Ensuite, la plongée en elle-même, où, par définition, on est plutôt mouillé. Ensuite, le retour, dans les embruns et les paquets de mer. Histoire de se rincer….
Mais ce n’est pas fini. Car ce qui distingue ce sport entre tous, c’est qu’une fois à terre, «au sec», il faut encore se mouiller. Il faut rin-cer !
Et oui. Alors qu’on aspirerait au repos, au chaud et à une certaine sécheresse, figurez-vous qu’il faut encore transbahuter le matériel, au mieux sur des pontons branlants, au pire sur des plages infestées, au choix, de vives, de corail tranchant ou de raies venimeuses, quand ce n’est pas sur un kilomètre de terrain découvert à marée basse, truffé de cailloux pointus, de trous d’eau piègeux et de tessons de bouteilles. Direction le bac de rinçage ! Où le tonneau, si on est sur un bateau. Entre nous soit dit, ce baril «d’eau douce» a tendance au fil de la croisière à ressembler à un bocal à cornichons, avec une teneur en sel proche voire supérieure à celle de l’eau de mer. Forcément, à force d’y faire macérer des Néoprènes pisseux…
Mais au fait pourquoi faut-il rincer son matériel ? C’est un peu comme si on demandait à des skieurs, à l’issue de leur descente, de se rouler dans la neige. Ou à des grimpeurs, de se frictionner avec des graviers…
Alors, on envoie des hommes dans l’espace qui affrontent les éruptions solaires, les rayons cosmiques, les micrométéorites, des changements de températures hallucinants sans parler des accélérations et des températures de four lors de la rentrée dans l’atmosphère et les plongeurs, après une misérable trempette de 20’ dans l’eau salée, devraient eux passer à la douche et aux bacs de décontamination comme s’il arrivaient de Fukushima ? Mais qu’est ce que c’est que cette couillonnade ?
C’est que voyez vous, l’eau salée est corrosive. Et le matériel de plongée craint l’eau de mer ! Les âmes chagrines prétendront qu’il est tout simplement mal conçu. Après tout, quand on y réfléchit, c’est un peu comme si on fabriquait des gouttières craignant l’eau de pluie ! Mais c’est ainsi. Passons sur les silicones, caoutchoucs et plastiques divers qui, en principe, résistent à l’eau de mer pour parler des métaux, encore présents dans de nombreuse pièces d’équipements.
Figurez-vous que ces pervers industriels s’y entendent à merveille pour associer dans leurs constructions des métaux dont on sait pourtant qu’il forment des piles très efficaces dans l’eau de mer. Qui électrolysent comme pas une, se corrodent, bourgeonnent, champignonnent, se grippent à qui mieux mieux. Toutes sortes de petits pistonnets, valvules, gicleurs et injecteurs usinés au dix millième mais qui se dégradent à vue d’œil en cas d’immersion prolongée.
Ne parlons même pas du matériel photo, des lampes et des flashs qui, non contents d’être de parfaits électrolytes au niveau des contacts, embarquent des batteries et des condensateurs explosifs aptes à couler une épave une deuxième fois en cas d’entrée d’eau. De mer.
Car bien sûr, en eau douce, on est plus tranquille. D’ailleurs je me soupçonne d’avoir longtemps préféré les plongées spéléo pour échapper à cette ignoble corvée du rinçage…
Et pourtant, nous avons construit un certain nombre de sous-marins nucléaires qui patrouillent pendant des mois dans les océans sans qu’il soit besoin de les rincer. Des bathyscaphes et autres Nautiles qui résistent plutôt bien aux abysses. Alors ? L’inox ? Quel inox ? Comment çà c’est trop cher ? Des contacts électriques dorés à l’or fin, inaltérables ? Mais, vous avez des gouts de luxe, mon cher… Je vais vous faire essayer un sandwich fer doux/cuivre/alu, chromé à la louche : vous allez m’en dire des nouvelles ! Allez… Ne me remerciez pas.
Alors, naturellement, si l’on veut protéger son investissement et survivre à la prochaine plongée, on rince ! Longuement, maniaquement. On asperge par tous les trous, on dissout, on récure…
Chez les rinceurs, il y a plusieurs écoles : ceux qui vont direct tout équipés sous la douche (à l’eau dessalinisée, c’est à dire saumâtre) et s’y déséquipent à la sauvage, s’y déshabillent en larges enjambées, foulant au pied le Néoprène récalcitrant, rinçant du même coup, homme et matos. C’est la technique du rince cochon.
Les méticuleux. Qui disposent soigneusement leur matériel au fond du bac comme s’ils y étaient seuls. Atterrés quand d’autres palanquées viennent déverser des tombereaux de stabs, vêtements, détendeurs et parfois ceintures de plombs, recouvrant totalement de précieux caissons photo, dômes en l’air… Sagouins !
Les indécis. Dois-je rincer le masque ? les palmes ? le tuba ? Inutile, c’est du caoutchouc ! Oui mais dans le sac, ils vont contaminer le reste. C’est sans fin !..
Parlons en des sacs, d’ailleurs. Ils sont souvent parfaitement étanches. Pour mieux garder l’eau de mer à l’intérieur, à mi-hauteur du matériel. Histoire aussi de faire autocuiseur pendant les transports, révélant à l’ouverture les riches odeurs des Néoprènes mouillés gorgés de plancton en décomposition. Dans le meilleur des cas…
Il faut aussi rincer les sacs ! Mais on oublie toujours leur tendon d’Achille : la fermeture éclair. Elle aussi soigneusement composée de deux métaux complémentaires. Histoire de retrouver le lendemain la glissière concrétionnée de sels blancs et impossible à bouger. Quand elle ne reste pas dans la main du furieux qui, les yeux injectés de sang, s’échine à l’ouvrir de force.
Alors oui, je rêve d’un matériel de plongée inusable, inerte à l’eau de mer, auto-séchant… En attendant, il faut rincer !
Mais le pompon c’est cette sourde impression que certains séjours plongée riment avec lessive, vaisselle et ménage… En milieu associatif, il est normal que chacun mette la main à la mouille mais en voyage ? Dans des structures commerciales ? Alors qu’on a payé le séjour ? Pas de çà Lisette ! Quand je vais au restaurant, je ne fais pas la vaisselle !
Marre de se faire rincer…
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Genial, en plus je suis sur qu’il y a un lien de parenté entre la mascotte de Scuba froggy et la mascotte de scuba people! 🙂
a bientot pour plus de photos et news!